Comment les droits du travail transforment les militants (syndicaux) en féministes

L’implication d’un changement de perspective dans l’approche des droits humains est l’intégration de la dimension de l’égalité entre les femmes et les hommes. À travers la Convention de l’OIT nous analyserons les violences que les femmes subissent dans un contexte de travail (agricole et domestique), nous identifierons les mécanismes et les problèmes de violences qui ont un effet sur leurs droits humains tel que le droit à l’alimentation, le droit à la santé et sécurité, les droits sexuels et reproductifs. Nous présenterons les combats, les acquis mis en place par des figures féministes, par des collectifs et des syndicats afin de combattre ses mécanismes.

 

Co-organisée par FOS, Le Monde selon les femmes et Solidagro

Modérée par Pascale Maquestiau du Monde selon les femmes et Fairouz Gazdallah de Solidagro 

Nous avons pensé cet atelier en 3 chemins :

  1. Rencontrer des féministes en action
  2. Comment lutter contre toutes les formes de violences… et donc faire apparaître le continuum des violences
  3. L’approche des droits humains est liée à égalité entre les F/H 

 

À travers ces 3 chemins nous avons essayé de comprendre comment soutenir des femmes défenseuses des droits humains non identifiées comme telles et quelle stratégie était développée par ces différentes initiatives.

Nous avons commencé par comprendre quelles sont les luttes en place ; comment elles se sont mises en place et  comment s’est créé l’espace de revendications. Nous l’avons vu à partir des droits des travailleuses de nettoyage et la revendication à l’accès à la terre, c’est-à-dire l’accès et le contrôle des ressources agricoles.

 

Le choix n’est pas anodin : puisque il s’est porté sur les questions des tâches reproductives non valorisées et les agricultrices femmes.

 

Dans la notion de travail décent : il reste difficile d’aborder la marchandisation du corps des femmes ; marchandisation des soins car au niveau du Care : prendre soins des autres et de de son environnement, les employeurs /comme les employées ne sont pas souvent organisés donc la première tâche est de développer l’organisation.

 

Les féministes posent la question « Qu’est-ce qu’un travail décent? » :

Y a-t-il une volonté de passer d’un statut informel à un travail formel ? Ce sont des activités fortement genrées  qui maintiennent une image du XXe siècle « les femmes nourrissent le monde » : les mères nourricières et les femmes qui soignent.

La notion de travail décent : dérives ancrées dans la construction patriarcale du travail :

Dans une société machiste, dans une société capitaliste où tout est achetable ; dans une société raciste et néocolonialiste : quelle nationalité, ethnie sera corvéable à merci et considérée comme non « évoluée » ?

Témoignages vidéos de Leddy Mozombite, Présidente d’un syndicat péruvien qui réunit les travailleuses domestiques et défend leurs droits (du travail). Leurs campagnes mettent notamment l’accent sur divers droits du travail liés au genre, tels que le congé de maternité et la lutte contre la violence et le harcèlement au travail.

1. FENTTRAHOP

2. Nouvelle Loi et maternité

3. Mobilisation 

4. Emancipation

5 Convention 189

6. Défis

7. C190 comme nouvelle lutte

Vidéos commentées par Magali Verdier, animatrice en éducation populaire au Mouvement Ouvrier Chrétien de Bruxelles accompagnant des travailleuses domestiques sans papiers dans leur lutte syndicale (CSC Bruxelles) pour leurs droits sociaux économiques (obtention d’un statut légal)

J’accompagne les travailleuses domestiques sans-papiers dans leur lutte syndicale pour leurs droits sociaux et économiques (pour obtenir un statut légal). Mon rôle est de soutenir le syndicat, le syndicat est un mécanisme de défense collective pour les travailleurs sans-papiers.

 

La continuité de la violence est une réalité. Si les sans-papiers travaillent ensemble, leurs droits peuvent être mieux défendus et leurs salaires peuvent être plus élevés. Les travailleuses domestiques sont en effet très invisibles car elles ne travaillent pas dans des lieux publics, les champs ou les grandes entreprises privées, mais derrière des portes closes, enfermées dans des maisons. Nous devons trouver un moyen de mettre ces femmes en contact les unes avec les autres, elles sont souvent toutes migrantes, et ainsi elles peuvent former une communauté. Actuellement, il y a 150 000 sans-papiers. L’objectif de la lutte collective est donc de rendre visibles les femmes qui sont enfermées dans les maisons. Il existe différentes classes et nous devons en tenir compte. Elles n’ont pas accès à la sécurité sociale et il y a aussi le problème du genre (intersectionnalité). Outre le fait qu’elles ont souvent migré seules (souvent des femmes séparées), elles ont souvent l’expérience commune d’être victimes de violences. Les femmes migrantes sans papiers n’ont pas beaucoup de droits, simplement parce qu’elles n’ont pas de papiers. Nous devrions les payer comme des personnes ayant des papiers, en leur donnant les mêmes droits, assurance maladie, droit aux vacances, etc. Nous devrions sensibiliser ces femmes pour qu’elles se plaignent si elles n’obtiennent pas ces droits, car elles pensent souvent qu’elles ne peuvent pas le faire parce qu’elles n’ont pas de papiers. L’analyse experte et féministe de l’expérience vécue a également besoin d’une analyse politique et c’est pourquoi il est important de se rappeler qu’il ne s’agit pas d’une histoire individuelle, mais collective. Nous constatons que de plus en plus de femmes prennent leur place dans le mouvement des devoirs. Un réseau de solidarité informel a émergé, qui a servi de soutien pendant la période corona.

 

Souvent, les femmes n’ont pas la possibilité de se reposer, elles travaillent de très longues heures et ont une vie très dure sans rien en retour. Il existe des droits qui les protègent, mais ils ne sont tout simplement pas appliqués. Avec l’aide de la société civile et par le biais du plaidoyer, nous voulons les faire appliquer.

 

Nous faisons des recherches et des enquêtes et les présentons aux politiciens.

Certaines finissent par obtenir des papiers (après 5 à 20 ans), mais alors leur pension, par exemple, n’est pas reconnue parce qu’elles ont travaillé sans papiers pendant une grande partie du temps. Il n’y a pas non plus de formalisation des droits, de sorte que les femmes travaillent souvent de 50 à 60 heures par semaine pour un salaire de 3 euros ; pour survivre, elles doivent donc travailler plus que la normale. Sans formalisation des droits, il n’y a pas de réalisation. Toutefois, une approche juridique ne suffit pas, car il faut que les employeurs s’engagent à légaliser les questions salariales.

En raison des politiques d’austérité, la classe moyenne ne peut pas s’occuper de ses personnes âgées, à tel point qu’elle doit recourir de plus en plus à l’aide domestique.

 

Discussion : Position d’amélioration qui pourrait être bénéfique pour les employeurs ? Il y a aussi une bonne volonté chez certains employeurs, nous devrions avoir une stratégie pour sensibiliser les employeurs. Il y a parfois un paradoxe lorsque les employeurs veulent employer les sans-papiers, mais ne veulent pas le faire parce qu’ils n’obtiennent pas les mêmes droits de la part de l’État.

Témoignage vidéo de Victorine Nzyavake Vasianirya, Agricultrice, agro-écologiste et directrice nationale de l’Académie Nationale des Paysans de la RD Congo (ANPC).

Vidéo commentée par Marie Caraj, experte en protection des défenseur.se.s des droits humains. Elle a travaillé avec Peace Brigades International (PBI) et Protection International (PI).

Publications  gratuites:

Il y a toujours eu des femmes et des hommes dans la défense des droits humains en général mais lorsqu’il s’agit des droits humains spécifiques à la condition féminine, les hommes sont beaucoup moins présents à leur côté car la discrimination sexiste existe même dans les organisations de défense des droits humains. Quand les femmes parviennent à être plus visibles, elles ont non seulement à affronter les mêmes risques de sécurité que leurs collègues masculins propres à la défense des droits humains en général mais aussi ceux liés au fait qu’elles sont des femmes. Même au sein des organisations de défense des droits humains, trop souvent l’égalité entre les femmes et les hommes continue à être remise à plus tard, comme une option des temps meilleurs alors qu’elle est la trame de l’humanité même et, au-moins, une stratégie pour garantir le respect des droits humains universels.

 

Les défenseuses des droits humains, comme Victorine, ont donc à affronter tant les résistances des acteurs politiques, sociaux, économiques, etc. que les résistances de leurs propres collègues. Ces défenseuses des droits humains remettent en question l’ordre établi, les injonctions sexistes patriarcales, les rapports de force à l’extérieur et à l’intérieur de leur propre organisation.  Si leur organisation est mixte, elles sont trop souvent reléguées à des fonctions subalternes indépendamment de leurs compétences, uniquement parce qu’elles sont des femmes. Elles sont également exposées aux reproches et pressions de leur propre communauté et famille car ces défenseuses consacrent leur temps aux droits humains universels plutôt qu’uniquement aux tâches familiales… On exige d’elles qu’elles assument seules la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle. Les acteurs politiques, sociaux, économiques qui ne respectent pas les droits humains utilisent non seulement ces mêmes leviers pour arrêter le travail des défenseuses des droits humains mais en plus, les menaces générales et spécifiques au patriarcat, au sexisme. Le harcèlement sexuel, les violations sont des armes utilisées par les acteurs dont les intérêts sont questionnés par les défenseuses des droits humains. Cela continue de se produire dans des pays, comme la RDC, où l’impunité persiste même lorsque les autorités gouvernementales expriment une certaine reconnaissance à l’égard des activités des défenseuses des droits humains pour autant que leurs revendications ne dépassent pas la limite fixée par les autorités.

 

Les défenseurs et défenseuses des droits humains (DDH) mettent en place des stratégies et protocoles de sécurité, en collaborant également avec des ONG internationales. Cela dit, comme complément de ces mesures de sécurité, il est essentiel de travailler l’impact psychosocial de la violence politique afin de comprendre l’emprise des agresseurs potentiels, renforcer les capacités des DDH, dégager des pistes pour l’action communautaire et occuper le plus d’espace possible dans la lutte pour la justice et protection des droits humains.

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