Les semences paysannes, pourtant riches en diversité et facilement disponibles, sont mises à rude épreuve face aux semences conventionnelles plébiscitées par l’Etat du Sénégal. Solidagro et ses partenaires font la lumière sur les lois qui encadrent ces semences pour faciliter le plaidoyer pour la promotion des semences paysannes.
Soutenu par l’Etat, le système semencier conventionnel qui ne représente que moins de 25% de la totalité des semences utilisées par les exploitations agricoles tous types confondus, considère que toute production de semences à des fins de diffusion et de commercialisation doit être certifiée conformément aux normes et aux règles définies par les règlements techniques.
Par conséquent, pour être qualifié de semence, le matériel végétal doit satisfaire aux critères DHS (Distinction-Homogénéité-Stabilité), être suffisamment distinct des variétés précédemment inscrites, suffisamment homogène, et présenté une stabilité de caractéristiques de génération en génération.
Le système semencier paysan, quant à lui, promeut la souveraineté semencière comme un des principes essentiels qui le sous-tend. En effet, les exploitations familiales satisfont majoritairement leurs besoins en semences en puisant dans leurs propres stocks et, grâce aux échanges (trocs, ventes, dons), ils obtiennent les compléments nécessaires.
La diversité variétale étant un des objectifs visés par ce système, outre la conservation in situ qui accroît les possibilités de disposer de nouvelles variétés, les paysans enrichissent leur système semencier par les échanges de semences, l’intégration de variétés issues de la recherche et répondant à leurs besoins, etc.
Cependant, le système semencier paysan demeure limité par l’érosion variétale qui se traduit par la disparition progressive de plusieurs variétés à cause des chocs climatiques ainsi que le cycle long de plusieurs variétés traditionnelles qui ne sont plus adaptées au raccourcissement de la saison des pluies.
A cela s’ajoute l’invasion et la promotion de semences venant de tous les horizons, la perte de certains savoirs et savoir-faire qui constituent des bonnes pratiques pour obtenir des semences de qualité, les pertes post-récoltes très élevées liées au manque de moyens d’entreposage souvent inappropriés et le recours aux produits chimiques pour la conservation de certaines semences.
Il est important de procéder à l’analyse de la sécurité semencière dans l’intérêt de préserver la diversité variétale dans les systèmes de production paysanne.
Plusieurs outils ont déjà montré leurs preuves tels que :
– l’analyse de l’agro-biodiversité d’une communauté,
– l’identification de variétés en voie de disparition et les causes de cette disparition,
– l’analyse du degré d’autonomie en semences en années,
– et l’analyse de la sécurité semencière.
Mais il est aussi et surtout important de bien comprendre les textes et lois semenciers en vigueur au Sénégal et à l’international pour mieux porter le plaidoyer pour des politiques favorables à la souveraineté alimentaire et aux droits des agriculteurs.
C’est ainsi que les acteurs de la société civile au Sénégal se sont mobilisés afin de prendre en charge la dimension juridique du combat qui doit se mener avec pour principal objectif la reconnaissance des semences paysannes par l’Etat du Sénégal.