Des campagnes plus fortes grâce au Comité de coordination des campagnes aux Philippines

Le Comité de coordination des campagnes (CCC) est composé des membres des 3 organisations belges Viva Salud, KIYO et Solidagro, qui sont actives au sein d’un même programme aux Philippines. Le CCC a pour objectif d’assurer le succès de campagnes basées sur la défense des droits. Il se compose de membres des partenaires et de deux représentant.e.s par organisation belge. Il fonctionne comme un groupe libre qui prend en charge le défi de coordonner les plans communs et les activités des campagnes des partenaires. La tâche principale du CCC est de faciliter l’implémentation de campagnes communes sur le droit à la santé, le droit à l’alimentation et les droits des enfants.

Les partenaires ont chacun leur propre expertise et des niveaux différents de capacités et d’aptitudes en ce qui concerne les campagnes de défense des droits et la gestion de ces campagnes. Certains parmi eux travaillent déjà ensemble, plus particulièrement pour mettre sur pied les campagnes et la mobilisation des masses. Mais cela ne se passe pas de façon systématique et ne concerne pas toujours tou.te.s les act.rice.eur.s pertinent.e.s. Pourtant, maximaliser et rendre complémentaires les capacités des partenaires, avec leur objectif commun en ligne de mire, augmenterait fortement les résultats et l’impact de leur travail.

 

Le CCC a permis une bonne collaboration tout au long des campagnes. La collaboration entre certains partenaires existait déjà avant la création du CCC, mais grâce à ce dernier, la systématisation et l’institutionnalisation des liens mutuels et la collaboration sont devenues possibles. La communication entre les partenaires a également pu s’intensifier pour ce qui est de sujets sensibles sur le plan des droits et des priorités politico-sociales. Cela a amélioré les possibilités de réaction aux changements de contexte ou à des menaces inattendues ou des violations des droits. Le CCC est un groupe au sein duquel tous les partenaires occupent une même position. Le but du groupe est de discuter des priorités et des stratégies de défense et d’améliorer la mise sur pied des campagnes menées par les partenaires. A l’intérieur de ce programme, le CCC fournit un forum pour la discussion, orienté vers l’échange d’informations, d’idées et d’analyses du contexte, tout en faisant abstraction des budgets des partenaires et du suivi de certains sujets.

 

Le CCC peut améliorer la communication et la compréhension mutuelle entre des partenaires dont le contexte diffère, qui ont une approche différente des choses, surtout entre des organisations nationales et régionales/locales. Le CCC demande un engagement actif de tous les partenaires par rapport à des défis et sujets spécifiques et/ou partagés. La coordination des partenaires est d’une importance cruciale pour le succès du travail des partenaires de Viva Salud, KIYO et Solidagro aux Philippines, et le CCC a un rôle à y jouer.

 

Certains sujets ou études peuvent être traitées par le CCC ou être confiés à des instances ou experts externes. Cela concerne principalement l’analyse institutionnelle de certaines affaires sociales ou de leur caractère légal, la mise en place d’une certaine façon d’agir et la défense de certaines opportunités ou défis. Ceux-ci peuvent contribuer à améliorer la compréhension mutuelle entre organisations de la société civile et les autorités locales ou nationales. De cette façon, il y a plus de chances d’échanger les informations et de mener à bien les négociations. Une meilleure analyse des possibilités institutionnelles et légales contribuerait également à approcher les instances gouvernementales de façon plus directe, tout particulièrement les instances qui ne sont pas comprises actuellement dans les organisations sociales.

Les militant.e.s des droits humains aux Philippines s’opposent à la loi anti-terrorisme

Le vote d’une loi anti-terrorisme en juillet 2020 a rendu encore plus vulnérables les militant.e.s des droits humains qui se battent justement pour une loi qui les protège, particulièrement dans le climat d’impunité qui règne aujourd’hui aux Philippines.

En 2019, avec d’autres organisations de la société civile, Karapatan a remporté une victoire importante lorsqu’un projet de loi protégeant les défenseur.e.s des droits humains a été approuvé à l’unanimité par les membres de la Chambre des Représentants. Ce projet de loi des Défenseur .e.s des Droits Humains (DDH) a pour objectif d’obliger l’État à protéger ces personnes et à constituer des recours légaux en cas de violation de leurs droits.

 

Ce projet de loi cherche aussi à proposer des mesures de réparation pour les femmes militantes des droits humains et les activistes de la communauté LGBTQIA++, victimes d’attaques sexuelles basées sur le genre. Cette loi est passée dans une ambiance de harcèlement croissant et de campagnes de dénigrement du gouvernement philippin contre les défenseur.e.s des droits humains.

 

L’assassinat récent de Zara Alvarez, membre de Karapatan et personnalité connue pour la défense des droits humains, a mis en lumière la situation difficile des défenseur.e.s des droits humains sous le gouvernement actuel. Alvarez est la 13e collaboratrice de Karapatan tuée sous l’administration Duterte.

 

Obstacle au projet de loi
Le projet de loi homologue au Sénat reste cependant en attente depuis son introduction en 2018 par la sénatrice Leila De Lima, elle-même militante des droits humains et voix critique contre le président Duterte. De Lima est en détention depuis trois ans déjà sur base d’accusations montées de toutes pièces selon les défenseur.e.s des droits. Aux Philippines, les projets de loi deviennent des lois après approbation de la Chambre des Représentants comme du Sénat.

 

Malgré cet obstacle, Karapatan a poursuivi ses efforts de lobbying auprès des législateurs pour faire passer cette loi et a porté cette cause dans la rue pour attirer l’attention du public sur la situation difficile des défenseur.e.s des droits humains. Dans le cadre de son engagement au sein des mécanismes des droits humains des Nations Unies, comme l’Examen Périodique Universel, Karapatan a constamment souligné l’urgence à faire pression sur le gouvernement philippin pour qu’il acte la loi DDH, étant donné la dégradation des droits humains dans le pays.

 

« Cette loi met en évidence de façon globale les besoins et les menaces qui pèsent sur le travail de défense des droits face à des attaques menées par l’État, et elle représente une mesure vitale pour la population, les communautés et les défenseur.e.s des droits pour pouvoir poursuivre notre travail. Nous sommes criminalisés et stigmatisés comme « ennemis de l’État », « terroristes », « déstabilisateurs » et autres étiquettes pour justifier les attaques contre nous, menées sous couvert de programmes anti-insurrectionnels et d’autres politiques répressives. Il s’agit d’un effort orchestré et systématique en vue de discréditer les DDH et tout cela est fait méthodiquement pour nous enlever nos voix », a déclaré Tinay Palabay, Karapatan.

 

Loi anti-terroriste
En juillet 2020, alors que le pays luttait contre la pandémie de COVID-19 et que les violations des droits augmentaient en raison de la réponse militarisée du gouvernement à la crise sanitaire, le président Duterte a signé la loi anti-terrorisme. Les groupes de défense craignaient que le gouvernement n’utilise cette loi pour poursuivre les opposants et museler la contestation. Tandis qu’ils continuent à revendiquer le passage de la loi DDH, les défenseur.e.s des droits sont devenus plus vulnérables suite au passage de la loi anti-terrorisme, particulièrement dans le climat d’impunité qui règne actuellement dans le pays.

 

Impact sur les défenseur.e.s des droits
Jigs Clamor, secrétaire général adjoint de Karapatan, a expliqué en détails la façon dont cette loi impacterait les défenseur.e.s des droits humains et leurs revendications :

  • Sous la définition très large et vague du terrorisme, le gouvernement peut tout simplement ignorer les droits garantis par la loi DDH et ses obligations de protéger les défenseur.e.s des droits dès qu’un.e militant.e ou une organisation est qualifié de terroriste.
  • Une fois qualifié de terroriste, un.e militant.e des droits humains peut être soumis à de la surveillance, victime d’arrestation non fondée et de détention sans accusation pour une durée de plus de 14 jours.
  • Le gouvernement peut geler les comptes bancaires d’individus ou d’organisations qu’il qualifie de terroristes et bloquer les sources de leurs fonds, tant de l’étranger que locales.

 

A cet égard, la loi anti-terrorisme rendra plus facile les atteintes du gouvernement aux revendications des droits humains et à la protestation. Même avant l’introduction de cette loi, Karapatan et d’autres organisations progressistes ont eu à faire face à différentes accusations du gouvernement, alors que la Cour continue à ignorer leur demande d’introduire des recours contre le harcèlement incessant des militant.e.s des droits humains par les forces de la sécurité d’état.

 

Opposition croissante
S’il y a quelque chose que le gouvernement n’a pas anticipé, c’est à quel point la loi anti-terrorisme a soulevé l’indignation de la population et rassemblé différents secteurs de la société dans l’opposition et la critique de cette loi : depuis les grands groupes industriels jusqu’aux petits fermiers et pêcheurs, étudiants, ecclésiastiques, populations indigènes, communautés urbaines pauvres, communautés musulmanes, avocats, enseignants, employés, des personnalités connues et beaucoup d’autres encore. Dans l’histoire récente, aucune autre mesure législative n’a rencontré une opposition publique aussi forte.

 

Des pétitions ont afflué à la Cour Suprême pour que l’on stoppe la mise en œuvre de la loi. Les plateformes des médias sociaux sont pleines de posts détaillant les impacts de la loi et les dangers qu’elle représente pour les droits humains et la liberté. Des activistes ont défié les restrictions dues au COVID-19 quant aux rassemblements sociaux pour organiser des protestations de masse contre la loi.

 

“Malgré les efforts du pouvoir pour diaboliser les défenseur.e.s des droits, finalement, nous sommes des Philippins ordinaires – enseignant.e.s, prêtres, syndicalistes, artistes, travailleuses et travailleurs de la santé, leaders indigènes, fermières et fermiers, entre autres. Nous ne sommes pas des ennemis mais nous sommes des acteurs d’un développement constant en faveur d’une vie digne pour tou.te.s. Nous rendons publiques les violations des droits humains et exigeons que les porteu.se.rs de devoirs assument leur responsabilité. Nous sommes témoins de violations plus nombreuses des droits humains, de politiques répressives et du rétrécissement de ce qu’on appelle l’espace civique, et ce sont là des signes révélateurs de la nécessité de lutter pour les droits de base et les libertés fondamentales de la population, dans toutes les tribunes possibles, y compris sur la scène législative », déclare Palabay.

 

Philippines : l’art dans la lutte pour les droits humains
Aux Philippines, Viva Salud soutient des mouvements sociaux qui défendent les droits humains. Karapatan, l’organisation des droits humains la plus importante du pays, est un de ces partenaires. Dans cette vidéo, la directrice Cristina Palabay explique le rôle de la culture et de toutes sortes de formes d’art dans leur lutte pour les droits de l’homme aux Philippines.

Des droits pour les enfants sans identité au Maroc

La société civile et le gouvernement marocain en dialogue pour assurer les droits des enfants nés de mères célibataires.

Au Maroc, les enfants nés de mères célibataires, sont souvent des enfants issus de grossesses non désirées et qui subissent une discrimination sociale grave, spécifique au statut de leur mère célibataire dans un environnement de prescription religieuse (dans laquelle la sexualité s’exerce exclusivement dans le cadre recommandé du mariage en dehors duquel la chasteté s’impose) et d’ordre social et culturel bien spécifique.  

 

Les mères célibataires et leurs enfants sont les proies de toutes les formes de violence et de discrimination. Les enfants sont voués à l’abandon social, par leurs familles et parfois leurs mères, et en tous les cas, n’échappent pas au bruit infernal de son origine « hrami », sur le chemin les destinant à la révolte, la violence et la délinquance. En outre, nombreux de ses enfants ne seront pas en ordre d’actes de naissance et ou de nom de familles et n’accèdent pas aux services de base comme les soins de santé ou l’éducation. Cette discrimination constitue une atteinte manifeste aux droits de l’enfant, portant notamment préjudice à leur droit d’exister, d’être protégé et de porter un nom.

 

De la base, l’organisation partenaire de KIYO, KARAMA pour le Développement de la Femme (KPDF), répond aux besoins de base des mères célibataires et de leurs enfants à travers un service d’accueil intégral (renforcement de capacités, accompagnement social, juridique, etc).  Egalement, à travers une approche davantage holistique de droits avec des activités de plaidoyer et de sensibilisation, l’organisation plaide en faveur des droits de la filiation parentale des enfants nés de mères célibataires. 

 

Ainsi, en réponse au récent procès susceptible de faire jurisprudence en matière de droits d’un enfant né de mère célibataire, KPDF a organisé un séminaire consacré à la discussion du droit de l’enfant né d’une mère célibataire à avoir une identité et bénéficier de tous ses droits fondamentaux.  Afin de catalyser la réflexion participative et la prise de décision, les titulaires d’obligation du Ministère de la Justice et du Ministère de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement Social et des acteurs de la société civile ont également activement participé.

Protéger les enfants sans identité et leur garantir tous leurs droits est une responsabilité que nous devons tous assumer. Dans ce sens, l’Etat, les organisations gouvernementales et non gouvernementales, les acteurs de la société civile sont tous chargés de veiller à rendre justice à cette catégorie d’enfant.

Des enfants malentendants au Maroc qui s’expriment sur leurs droits

Une approche interactive qui permet en même temps l’empowerment des enfants malentendants et la sensibilisation de leur pairs entendants.

Les enfants victimes de handicaps sont davantage vulnérables que les autre aux risques de non-respect de leurs droits. Parmi eux, les enfants malentendants au Maroc, ne bénéficient pas des mêmes « chances » pour se développer que les autres enfants. Cette discrimination constitue une atteinte manifeste aux droits de l’enfant, portant notamment préjudice à leur développement socioéconomique.

 

Les enfants sourds et muets éprouvent des difficultés de perception de soi notamment en raison de leurs grandes difficultés à communiquer, à faire valoir leurs qualités, à se faire accepter, à assumer leur différence et à occuper un rôle actif dans la société. Ils restent très dépendants de leurs proches. Ils sont également victimes de préjugés sociaux. La surdité est un handicap invisible sur lequel très peu d’informations sont disponibles. En outre, il existe encore très peu de services adaptés aux enfants malentendants.

 

L’association ATTAWASOL pour les enfants malentendants, partenaire de KIYO, organise des séances de sensibilisation d’autres enfants entendants au sein de leurs écoles par des enfants malentendants. Des outils interactifs sont utilisés pour favoriser l’échange entre les enfants. L’objectif est de sensibiliser les élèves entendants à la surdité (partielle et totale) pour d’une part lutter contre les stéréotypes et la discrimination et, d’autre part leur faire intégrer implicitement la notion de la cohésion sociale et le respect de la dignité humaine de tous les individus quel que soit leur statut, leur état ou leur niveau scolaire.

 

La notion de handicap et de différence sont discutés à travers un dessin animé sur un enfant sourd qui se trouve dans une situation reconnaissable et les enfants en discutent ensemble. Après, ils échangent sur leurs aspirations et souhaits pour le futur et découvrent qu’ils ont parfois les mêmes rêves, qu’ils veulent exercer la même profession. Ensuite, un enfant sourd et un enfant entendant essaie de dialoguer pour comprendre qu’il est important de connaître la langue des signes pour pouvoir vraiment communiquer. Ensuite, ils sont initiés à la langue des signes pour permettre un petit échange. Les enfants malentendants animent en partie la séance. Ils sont amenés à s’exprimer et à témoigner auprès des enfants n’ayant pas ce handicap, ce qui leur permet de renforcer leur confiance en leurs capacités. 

Ces échanges rapprochent les enfants les uns des autres dissipant les différences et les a priori et renforcent leur confiance et leur ouverture d’esprit tout en développant une prise de conscience sur le notions d’égalité créant un terreau favorable au développement basé sur les droits.

La plateforme sur la protection de l’enfance crée sa propre base de données pour faire le plaidoyer d’une approche droit

Pour pouvoir faire un plaidoyer basé sur des preuves et des faits probants, la Plateforme Convention Droits de l’Enfant Maroc (PCDE) a créé sa propre base de données sur la situation de l’enfance au Maroc.  

La Plateforme Convention Droits de l’Enfant Maroc (PCDE) est un réseau d’organisations de la société civile œuvrant au Maroc dans le domaine de la protection de l’enfance. Amane, partenaire de KIYO est un membre très actif de cette plateforme. Ses membres se sont également réunis pour suivre et appuyer la mise en œuvre de la Politique Publique Intégrée de Protection de l’Enfance au Maroc, en accord avec les principes énoncés dans la Convention internationale des droits de l’enfant. La plateforme et ses membres visent à améliorer les conditions des enfants en situation de vulnérabilité (enfants sans protection familiale, en situation de handicap, en détresse, exploités, sans papier, migrants, victimes de violence, et tout autre type de vulnérabilité) et de leurs éventuelles familles.

 

Des données fiables, cohérentes et actualisées sur la situation des enfants sont très peu disponibles au Maroc. Pour combler ce vide, la PCDE a construit une base de données « Atal Data » pour pouvoir ressortir des données sur la situation de l’enfance au Maroc. Les membres de la Plateforme fournissent des données dans les différentes thématiques (libertés et droits civils, violences à l’égard des enfants, milieu familial et protection de remplacement, mesures spéciales de protection, santé et handicap et éducation, loisirs et activités culturelles). Ces informations se trouvent dans la réalité de leurs interventions.

 

L’analyse des données récoltées sert de base pour la rédaction d’un Rapport Alternatif pour le rapportage périodique du Maroc au Comité de droits de l’enfant à Genève. Chaque association peut également utiliser les données qu’elle aura saisies pour son propre plaidoyer afin de rendre celui-ci plus solide et plus efficace. Amane, en concertation avec ses partenaires, a aussi élaboré un guide plaidoyer, y inclus un cahier pour les jeunes, afin de faciliter ce travail de plaidoyer.

 

Cette base de données permet à la plateforme et aux organisations de la société civile de faire un plaidoyer sur la base de données qui reflètent la réalité et qui aide à analyser les causes structurelles des injustices et des violations des droits. Les droits des enfants sont la base de leur analyse de l’inégalité et de l’injustice. Ce modèle permet d’identifier des détenteurs de droits dont les droits sont violés et des titulaires d’obligations responsables et de ce qui est nécessaire pour initier un changement. Le cadre normatif de la Convention internationale des droits de l’enfant leur permet d’analyser la situation de l’enfance d’un point de vue des droits non respectés plutôt que d’un point de vue de besoins à satisfaire. 

Inès, actrice de changement au sein de la jeunesse palestinienne

Voici le témoignage d’Inès qui démontre combien devenir acteur de changement, s’investir au sein d’un mouvement et être reconnue au sein du mouvement social est important pour la jeunesse palestinienne.

Je m’appelle Inès et j’ai 19 ans. Je suis étudiante à l’université de Birzeit en économie et je suis également membre d’un mouvement d’étudiants de mon université.

 

Je viens d’une famille engagée, ma grande sœur Lama par exemple est animatrice de « Radio No Frequency » qui fait des satyres politiques radiophonique sur la Palestine. Elle a déjà voyagé plusieurs fois en Europe dont en Belgique pour sensibiliser le public européen aux réalités de l’occupation. Avec elle comme exemple, j’ai décidé de m’engager et d’œuvrer pour la libération nationale.

 

J’ai suivi plusieurs formations et participé à plusieurs activités de volontariat organisées par l’ONG Bisan. J’ai ainsi appris à mieux m’exprimer en public, à tenir des réunions, à faire une cartographie des problèmes auxquels les jeunes sont confrontés dans mon environnement proche et à les mobiliser pour trouver des solutions.

 

En novembre 2018, Yasmine de Bisan m’a proposé de participer à l’Assemblée générale du Mouvement Populaire pour la Santé à Dakha, au Bangladesh. C’est une formidable opportunité pour une jeune étudiante comme moi mais cela m’a aussi rendu fière de moi.

 

Yasmine m’a demandé de présenter un atelier sur les conditions de santé des prisonniers politiques palestiniens. Ce thème est important pour moi car je connais beaucoup de jeunes qui sont détenus en prison administrative, certains depuis plusieurs années. Pendant l’atelier, je me suis rendue compte que beaucoup de personnes sont solidaires avec la Palestine et qu’ils veulent savoir comment soutenir notre droit à l’auto-détermination depuis chez eux.

 

Au final, mon engagement dans mon mouvement et ma présentation à Dakha m’ont fait réaliser qu’en tant que jeunes, nous avons un énorme potentiel pour amener le changement en Palestine. Pour ma part, je me sens prête !

Palestine : lutte pour une assurance santé pour tous

La situation sanitaire des Palestiniens est fortement impactée par l’occupation militaire israélienne. Il existe cependant des choix que l’Autorité Palestinienne peut faire pour améliorer le système sanitaire.

Dépendant des soins de santé israéliens

L’accès aux services de santé est limité à cause de problèmes aux checkpoints, ou parce qu’il est interdit de construire des hôpitaux dans certaines régions. L’accès aux médicaments de base et à l’équipement médical est limité parce qu’Israël en complique ou en retient l’importation.

De ce fait, de nombreux Palestiniens dépendent des soins de santé israéliens pour certains traitements mais ne reçoivent pas toujours les autorisations de déplacement nécessaires (à Gaza, 39% des demandes ont été refusées en 2018, 18% l’ont été en Cisjordanie).

 

Enquêtes nationales

Il existe cependant des choix que l’Autorité Palestinienne peut faire pour améliorer le système sanitaire. C’est pour cela que les partenaires palestiniens de Viva Salud ont organisé en 2019 une vaste enquête sur l’assurance santé nationale pour déterminer si celle-ci répond aux standards internationaux et dans quelle mesure les Palestiniens en bénéficient et sont satisfaits des soins de santé publics.

Bisan, qui soutient les mouvements de jeunes, a participé à l’enquête. Ils ont organisé des discussions en groupes avec des jeunes dans cinq villes.

 

Travailler à des soins de santé publics accessibles et de qualité

Les résultats de l’enquête ont montré que plus de 60% des Palestiniens ont une assurance santé nationale mais que la moitié d’entre eux ne veulent pas la prolonger en raison de son coût. Plus de la moitié des Palestiniens bénéficiant de ce genre d’assurance vont dans des hôpitaux privés et trois quarts chez des médecins privés, même si ceux-ci sont plus chers. Cela montre qu’il y a encore du pain sur la planche pour ce qui est d’améliorer l’accessibilité et la qualité des soins de santé publics.

La Loi d’Orientation Agricole au Mali, connaitre les responsables pour mieux les interpeller

Au Mali, les partenaires de Solidagro ont fait connaitre la loi qui régit le travail des organisations communautaires de base, la Loi d’Orientation Agricole. Cela a permis aux membres de ces organisations de dialoguer avec les responsables des obstacles qu’ils rencontrent et à trouver ensemble des solutions.

La Loi d’Orientation Agricole

Au Mali, le droit à l’alimentation est loin d’être réalisé. Pour bien adresser les raisons fondamentales de cette non-réalisation et de sa violation, les partenaires de Solidagro (GAAS/Mali et ARAFD) ont organisé des ateliers pour d’une part faire connaitre aux membres des organisations communautaires de base (OCB) la Loi d’Orientation Agricole (LOA) et d’autre part identifier les obstacles qui empêchent sa bonne mise en œuvre.

La LOA constitue le document de référence des politiques et stratégies à long terme du pays dans le domaine de l’agriculture. Parmi ses objectifs, il y a la promotion économique et sociale des populations en milieu rural, la souveraineté alimentaire du pays et la réduction de la pauvreté rurale.  Les membres des OCB, à travers l’appropriation de cette loi, se sont rendus compte que ce cadre leur permet d’être reconnus comme des interlocuteurs légitimes de l’Etat ainsi que dans le dispositif de suivi-évaluation des politiques agricoles. Mais cette responsabilisation n’a pas suffisamment été accompagnée par l’Etat.

 

Titulaires d’obligation responsables

Les ateliers d’échange autour de cette Loi ont été le tremplin pour analyser les raisons de sa non-application. La responsabilité des titulaires d’obligations par rapport au non-respect de l’implication des OCB paysannes et au droit à l’alimentation des communautés a été mise en exergue. Des actions de plaidoyer ont ensuite été organisées par les détenteurs de droits en direction des responsables communaux et des services techniques locaux qui ont été identifiés comme les premiers titulaires d’obligations, responsables de la non-application de la LOA.

 

Cadres de concertation

Suite à ce plaidoyer, des cadres de concertation entre les autorités communales, les services techniques déconcentrés et les OCB ont été organisés. Ces cadres ont permis aux OCB de montrer leur travail actuel, de faire le point sur les difficultés rencontrées et de préciser ce qui est attendu de l’Etat et des collectivités dans la résolution de ces problèmes. Les acteurs même ont poussé à mettre en place les instruments de la LOA, ce que l’Etat n’a pas fait.

 

OCB et réseautage

Pour contribuer à améliorer les capacités des détenteurs de droits à connaitre leurs droits, à être à même de les exiger et de les voir se réaliser, les partenaires maliens ont organisé des rencontres entre les OCB sur le travail en réseau. Des OCB avec lesquelles Solidagro travaille ont ainsi rejoint divers réseaux existants et/ou se sont regroupées en unions.

Travailler à l’inclusion des femmes dans le monde agricole au Mali

Les partenaires de Solidagro au Mali veulent promouvoir la parité homme femme par tous les moyens et à tous les niveaux de façon inclusive. Fatouma témoigne des conséquences de ces actions sur la vie de sa famille et de sa communauté.

Je m’appelle Fatouma et j’habite dans un petit village du Mali. Je suis âgée de 42 ans, mariée et mère de 7 enfants. Je vis dans une famille polygame. Je suis membre de l’organisation communautaire de base (OCB) Molibémo.

Grâce aux actions entreprises par les partenaires de Solidagro, j’ai compris la nécessité d’appartenir à une organisation pour s’épanouir, la nécessité d’établir un dialogue permanent entre l’homme et la femme pour assurer le bien-être du ménage. Aussi, j’ai pu me rendre compte de l’existence d’une politique agricole au Mali, son fonctionnement et ses champs d’applications.

Depuis le démarrage de ce projet, un changement considérable s’est fait sentir dans ma vie de façon spécifique et dans la vie de ma communauté en général. Grâce à l’allègement de mes tâches domestiques, je peux participer plus activement aux débats sur les problèmes et projets de société qui nous concernent.

 Les partenaires de Solidagro au Mali mettent l’accent sur l’amélioration de la condition des femmes par des actions positives visant à promouvoir la parité homme et femme à tous les niveaux et de façon inclusive. Une attention particulière est accordée à la participation des femmes aux activités (adaptation des heures) et aux débats (distribution de la parole) mais aussi au fait que les femmes aient un accès égal aux appuis prévus, ainsi qu’aux retombées du projet mené par les partenaires de Solidagro. Aussi, les formations données aux femmes sur le genre, le leadership féminin, le plaidoyer et les différentes séances de sensibilisation des propriétaires terriens ont permis aux femmes, non seulement d’accéder aux terres, mais également de renforcer leur confiance en soi, leur représentativité dans les comités de gestions et les instances de prises de décision mais aussi d’augmenter leurs capacités de négociation avec les hommes.

La question de l’accès des femmes à la terre a été dénoncée par les deux partenaires maliens dans leur zone d’intervention auprès des propriétaires terriens. Le plaidoyer a permis d’obtenir des prêts de terre aux femmes pour les cultures pluviales et pour ce qui concerne les sites maraichers, la commune elle-même s’est engagée à céder des terres aux femmes.

La prise en compte du genre : Un défi à relever au Burundi

De nos jours les femmes et filles sont encouragées à se battre pour prendre leurs places dans les sociétés où la culture, coutumes et religion sont placés sur un piédestal. Mais quels sont les leviers permettant de booster leurs initiatives ? 

Au Burundi, l’égalité de genre est mitigée car on rencontre une association d’opportunités et de défis tant au niveau du cadre légal qu’au niveau du cadre culturel et socio-normatif.

Au niveau des droits des femmes en général, le Burundi abrite un arsenal juridique diversifié, en l’occurrence la Constitution et les conventions internationales. Toutefois, au cœur des défis du moment, se trouve la méconnaissance de la loi, probablement du fait des lacunes en ce qui concerne sa diffusion et sa vulgarisation, elles-mêmes inhérentes à une carence des ressources nécessaires, aussi bien humaines que financières conformément à la taille de l’enjeu[1].

 

Au niveau de la culture, les mentalités sont relativement réfractaires sur les questions de genre. Dans la société, la place de l’homme, chef de ménage et de celle de la femme, davantage au service de son ménage, sont ancrées dans toutes les sphères de la société.  Dans ce contexte aux normes sociales rigides, les partenaires opérationnels de KIYO s’attèlent à réfléchir sur la question, sur leur position et cela permet de faire évoluer les points de vue, les mœurs et les mentalités de manière durable.

 

En collaboration avec les associations locales partenaires, KIYO met en place des stratégies pour inverser la balance et promouvoir l’égalité homme-femme dans les zones d’intervention. Au niveau des activités, l’attention est portée sur les besoins spécifiques des jeunes filles – parties prenantes au programme.  L’attention est mise aussi sur la promotion de l’égalité homme-femme dans les structures communautaires avec lesquelles le programme collabore notamment en assurant la parité dans les groupes de solidarité, les clubs de jeunes, les comités de protections de l’enfance, etc.

 

Parlant des groupes de solidarité (GS) d’épargne et de crédits, ils constituent un moyen favorisant le respect des femmes dans le contexte rural au Burundi. En effet, le projet qui met en place ces groupes de solidarité revêt une dimension inclusive en matière de genre car grâce à lui, les femmes rurales qui étaient exclues du système économique par la tradition ont pu trouver une place de choix en adhérant aux groupes de solidarité : maintenant ces femmes sont le moteur de développement des ménages et leur contribution est énorme dans la prise en charge communautaire des Orphelins et autres enfants vulnérables (OEV).

 

De plus, KIYO offre aux enfants et jeunes l’occasion de parler à haute voix des comportements d’inégalité de genre qu’ont manifesté leurs parents et leurs ainés et qui est même la cause des violences basées sur le genre observé dans certains ménages.

Ce changement de mentalité – à travers des actions de conscientisation et diverses autres stratégies – est donc le levier utilisé par le travail de KIYO au Burundi pour que les filles et femmes burundaises jouissent pleinement de leurs droits et aient accès aux mêmes opportunités que les garçons et les hommes.

[1] http://french.xinhuanet.com/2017-05/22/c_136305252.htm