Des droits pour les enfants sans identité au Maroc

La société civile et le gouvernement marocain en dialogue pour assurer les droits des enfants nés de mères célibataires.

Au Maroc, les enfants nés de mères célibataires, sont souvent des enfants issus de grossesses non désirées et qui subissent une discrimination sociale grave, spécifique au statut de leur mère célibataire dans un environnement de prescription religieuse (dans laquelle la sexualité s’exerce exclusivement dans le cadre recommandé du mariage en dehors duquel la chasteté s’impose) et d’ordre social et culturel bien spécifique.  

 

Les mères célibataires et leurs enfants sont les proies de toutes les formes de violence et de discrimination. Les enfants sont voués à l’abandon social, par leurs familles et parfois leurs mères, et en tous les cas, n’échappent pas au bruit infernal de son origine « hrami », sur le chemin les destinant à la révolte, la violence et la délinquance. En outre, nombreux de ses enfants ne seront pas en ordre d’actes de naissance et ou de nom de familles et n’accèdent pas aux services de base comme les soins de santé ou l’éducation. Cette discrimination constitue une atteinte manifeste aux droits de l’enfant, portant notamment préjudice à leur droit d’exister, d’être protégé et de porter un nom.

 

De la base, l’organisation partenaire de KIYO, KARAMA pour le Développement de la Femme (KPDF), répond aux besoins de base des mères célibataires et de leurs enfants à travers un service d’accueil intégral (renforcement de capacités, accompagnement social, juridique, etc).  Egalement, à travers une approche davantage holistique de droits avec des activités de plaidoyer et de sensibilisation, l’organisation plaide en faveur des droits de la filiation parentale des enfants nés de mères célibataires. 

 

Ainsi, en réponse au récent procès susceptible de faire jurisprudence en matière de droits d’un enfant né de mère célibataire, KPDF a organisé un séminaire consacré à la discussion du droit de l’enfant né d’une mère célibataire à avoir une identité et bénéficier de tous ses droits fondamentaux.  Afin de catalyser la réflexion participative et la prise de décision, les titulaires d’obligation du Ministère de la Justice et du Ministère de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement Social et des acteurs de la société civile ont également activement participé.

Protéger les enfants sans identité et leur garantir tous leurs droits est une responsabilité que nous devons tous assumer. Dans ce sens, l’Etat, les organisations gouvernementales et non gouvernementales, les acteurs de la société civile sont tous chargés de veiller à rendre justice à cette catégorie d’enfant.

Des enfants malentendants au Maroc qui s’expriment sur leurs droits

Une approche interactive qui permet en même temps l’empowerment des enfants malentendants et la sensibilisation de leur pairs entendants.

Les enfants victimes de handicaps sont davantage vulnérables que les autre aux risques de non-respect de leurs droits. Parmi eux, les enfants malentendants au Maroc, ne bénéficient pas des mêmes « chances » pour se développer que les autres enfants. Cette discrimination constitue une atteinte manifeste aux droits de l’enfant, portant notamment préjudice à leur développement socioéconomique.

 

Les enfants sourds et muets éprouvent des difficultés de perception de soi notamment en raison de leurs grandes difficultés à communiquer, à faire valoir leurs qualités, à se faire accepter, à assumer leur différence et à occuper un rôle actif dans la société. Ils restent très dépendants de leurs proches. Ils sont également victimes de préjugés sociaux. La surdité est un handicap invisible sur lequel très peu d’informations sont disponibles. En outre, il existe encore très peu de services adaptés aux enfants malentendants.

 

L’association ATTAWASOL pour les enfants malentendants, partenaire de KIYO, organise des séances de sensibilisation d’autres enfants entendants au sein de leurs écoles par des enfants malentendants. Des outils interactifs sont utilisés pour favoriser l’échange entre les enfants. L’objectif est de sensibiliser les élèves entendants à la surdité (partielle et totale) pour d’une part lutter contre les stéréotypes et la discrimination et, d’autre part leur faire intégrer implicitement la notion de la cohésion sociale et le respect de la dignité humaine de tous les individus quel que soit leur statut, leur état ou leur niveau scolaire.

 

La notion de handicap et de différence sont discutés à travers un dessin animé sur un enfant sourd qui se trouve dans une situation reconnaissable et les enfants en discutent ensemble. Après, ils échangent sur leurs aspirations et souhaits pour le futur et découvrent qu’ils ont parfois les mêmes rêves, qu’ils veulent exercer la même profession. Ensuite, un enfant sourd et un enfant entendant essaie de dialoguer pour comprendre qu’il est important de connaître la langue des signes pour pouvoir vraiment communiquer. Ensuite, ils sont initiés à la langue des signes pour permettre un petit échange. Les enfants malentendants animent en partie la séance. Ils sont amenés à s’exprimer et à témoigner auprès des enfants n’ayant pas ce handicap, ce qui leur permet de renforcer leur confiance en leurs capacités. 

Ces échanges rapprochent les enfants les uns des autres dissipant les différences et les a priori et renforcent leur confiance et leur ouverture d’esprit tout en développant une prise de conscience sur le notions d’égalité créant un terreau favorable au développement basé sur les droits.

La plateforme sur la protection de l’enfance crée sa propre base de données pour faire le plaidoyer d’une approche droit

Pour pouvoir faire un plaidoyer basé sur des preuves et des faits probants, la Plateforme Convention Droits de l’Enfant Maroc (PCDE) a créé sa propre base de données sur la situation de l’enfance au Maroc.  

La Plateforme Convention Droits de l’Enfant Maroc (PCDE) est un réseau d’organisations de la société civile œuvrant au Maroc dans le domaine de la protection de l’enfance. Amane, partenaire de KIYO est un membre très actif de cette plateforme. Ses membres se sont également réunis pour suivre et appuyer la mise en œuvre de la Politique Publique Intégrée de Protection de l’Enfance au Maroc, en accord avec les principes énoncés dans la Convention internationale des droits de l’enfant. La plateforme et ses membres visent à améliorer les conditions des enfants en situation de vulnérabilité (enfants sans protection familiale, en situation de handicap, en détresse, exploités, sans papier, migrants, victimes de violence, et tout autre type de vulnérabilité) et de leurs éventuelles familles.

 

Des données fiables, cohérentes et actualisées sur la situation des enfants sont très peu disponibles au Maroc. Pour combler ce vide, la PCDE a construit une base de données « Atal Data » pour pouvoir ressortir des données sur la situation de l’enfance au Maroc. Les membres de la Plateforme fournissent des données dans les différentes thématiques (libertés et droits civils, violences à l’égard des enfants, milieu familial et protection de remplacement, mesures spéciales de protection, santé et handicap et éducation, loisirs et activités culturelles). Ces informations se trouvent dans la réalité de leurs interventions.

 

L’analyse des données récoltées sert de base pour la rédaction d’un Rapport Alternatif pour le rapportage périodique du Maroc au Comité de droits de l’enfant à Genève. Chaque association peut également utiliser les données qu’elle aura saisies pour son propre plaidoyer afin de rendre celui-ci plus solide et plus efficace. Amane, en concertation avec ses partenaires, a aussi élaboré un guide plaidoyer, y inclus un cahier pour les jeunes, afin de faciliter ce travail de plaidoyer.

 

Cette base de données permet à la plateforme et aux organisations de la société civile de faire un plaidoyer sur la base de données qui reflètent la réalité et qui aide à analyser les causes structurelles des injustices et des violations des droits. Les droits des enfants sont la base de leur analyse de l’inégalité et de l’injustice. Ce modèle permet d’identifier des détenteurs de droits dont les droits sont violés et des titulaires d’obligations responsables et de ce qui est nécessaire pour initier un changement. Le cadre normatif de la Convention internationale des droits de l’enfant leur permet d’analyser la situation de l’enfance d’un point de vue des droits non respectés plutôt que d’un point de vue de besoins à satisfaire.