Au Sénégal, la force de la fédération

La Fédération des femmes de Toubacouta qui regroupe plusieurs groupements villageois de femmes est devenue un acteur politique qui peut négocier directement avec le pouvoir communal afin de faire valoir les droits des femmes.

Au Sénégal, Solidagro promeut une approche basée sur le droit à l’alimentation plutôt que sur les stricts besoins alimentaires de la population. Il y a quelques années, les partenaires de Solidagro ont  appuyé la création de la Fédération des femmes de Toubacouta. Elle est l’émanation d’une demande des femmes et d’une bonne compréhension du contexte institutionnel, culturel et économique de la région.

 

« Chaque jour, je travaille dans notre potager et j’ai plus d’énergie que jamais. Les pesticides chimiques sont hors de question ici. Je vois le sol s’enrichir et j’ai appris que cette façon de travailler augmente également la valeur nutritive des aliments que nous cultivons. Le travail en groupe dans le potager a changé ma vie. Je ne suis pas seule, tout le monde raconte des histoires et nous rions tous les jours. Travailler ensemble, c’est mieux, l’unité fait la force ! Et tout cela dans un bel environnement vert. C’est bon pour la santé de tous ! »

Lucie, actrice de changement selon Solidagro, est la présidente d’un des groupements qui fait partie de la Fédération. Après une campagne régionale de grande envergure sur la propriété foncière des femmes, Lucie, avec 45 autres femmes, a acquis 3,5 ha de terres.

En faisant partie de ces groupements et surtout de la Fédération, la conscience de soi et la confiance en soi des femmes augmentent. Les femmes se réunissent à travers différents villages et découvrent le pouvoir du nombre.

 

La Fédération reçoit un appui organisationnel et institutionnel des partenaires de Solidagro et a ainsi pu structurer les services octroyés à ses membres. Les services sont très nombreux et permettent aux groupements villageois de femmes de s’organiser administrativement et financièrement dans les principes de bonne gouvernance, d’avoir accès à des terres, d’augmenter leur production d’aliments de qualité, d’améliorer l’alimentation de leurs familles, d’alléger leur travail et de mettre leurs enfants à l’école.

 

A Toubacouta, la commune a été associée et a soutenu le développement de la Fédération. Elle a attribué plusieurs terres aux groupements de femmes de la commune et a favorisé toutes les activités allant dans le sens de la sensibilisation des bénéficiaires.

Avec 2.300 membres sur 40.000 habitants (enfants compris), la Fédération est devenue un acteur politique qui peut négocier avec le pouvoir communal afin d’obtenir plus pour les femmes. La commune de Toubacouta est devenue un exemple dans toute la région et les partenaires de Solidagro ont organisé des activités avec les autres communes d’intervention afin de favoriser un transfert des bonnes pratiques d’une commune à l’autre.

Villages de genre au Congo : Un village dans la ville

En 2016, les militants d’Etoile du Sud (EDS), un des partenaires congolais de Viva Salud à Lubumbashi, se sont posé de plus en plus de questions sur l’inégalité entre femmes et hommes. Au sein de leurs comités populaires de santé et dans le fonctionnement des groupes de jeunes et de femmes, ces dernières ne participaient pas aux débats politiques. Et ils ont estimé qu’il était plus que temps de faire de l’empowerment des femmes dans leur communauté. Une rétrospective de plus de trois ans d’expérience avec les villages du genre. 

Lubumbashi, d’une ville minière à une ville agricole

Lubumbashi est connue pour avoir abrité la Gécamines, la plus ancienne et la plus importante entreprise minière de la République démocratique du Congo. Jusqu’en 1990, la Gécamines assurait un tiers des revenus de la ville. Mais suite aux conflits civils à la fin des années 90 – début des années 2000, l’industrie minière s’est écroulée. La vente d’une bonne partie des concessions minières à des tiers a conduit la Gécamines au bord de la faillite. Le déclin des activités de l’entreprise minière a eu un énorme impact sur la vie économique, et surtout sur le rôle des femmes. Un taux de chômage élevé chez les mineurs, des hommes en majorité, a poussé de plus en plus de femmes vers des activités informelles d’agriculture, le deuxième plus grand atout de Lubumbashi. Dans les quartiers populaires, c’étaient de plus en plus souvent les femmes qui gagnaient l’argent du ménage. La position subalterne des femmes a eu un impact négatif sur les relations sociales entre hommes et femmes.

 

Premier village de genre en 2015

Les militants de la section d’Etoile du Sud au Katanga ont posé un regard critique sur le rôle de la femme dans la famille congolaise. Dans un premier temps, ce sont les militantes féminines qui se sont posé ces questions. Elles se demandaient par exemple pour quelle raison les femmes ont moins le droit à la parole que les hommes. Elles ont constaté que l’inégalité entre hommes et femmes était une constante dans leur environnement immédiat, aussi bien à la maison qu’au travail, et ont décidé de s’attaquer au problème. Cette mise en question collective de l’inégalité de genre dans l’anonymat de la ville a été un immense défi.

 

Les militants du Katanga ont entamé dès lors une première réflexion sur leur propre situation à la maison et au travail. Avec l’experte de genre Kat Françoise, de l’Université de Lubumbashi, ils ont cherché à identifier le lieu où l’inégalité entre les hommes et les femmes s’était manifestée pour la première fois et la façon dont ils pourraient créer un endroit sûr pour les habitants des quartiers populaires de Lubumbashi pour aborder l’inégalité des genres au sein de la communauté. Il n’a pas fallu longtemps avant qu’apparaisse le premier village de genre. Mami Meta, du premier village de genre, se souvient encore des paroles du responsable de la formation, « Commencez maintenant à créer une nation de citoyens du genre ». Cette blague les faisait rire mais elle a aussi créé une idée inspirante pour cette initiative. Tout le monde était enthousiaste à l’idée de développer des villages de genre pour défendre l’égalité des genres et l’empowerment des femmes ».

Après cette première étape de réflexion, la section locale au Katanga a lancé une campagne « Villages de genre » à grande échelle pour sensibiliser toutes les structures existantes d’Etoile du Sud, à commencer par les comités populaires de santé, les groupes de jeunes et de femmes, et jusqu’aux organisations membres qui participaient aux activités d’Etoile du Sud au sein des quartiers populaires.

 

L’engagement est essentiel

Le premier défi pour convaincre les habitants des quartiers populaires à rejoindre le combat a été de les impliquer. En septembre 2016, les militants au Katanga ont entamé, via des enquêtes sociales, une analyse des causes profondes et des manifestations de l’inégalité des genres dans les quartiers populaires. Ils ont interrogé 1175 personnes, dont 629 femmes et 546 hommes, dans cinq des sept communes de Lubumbashi.

 

Ce travail a permis d’analyser l’inégalité des genres à Lubumbashi et de mettre en lumière des exemples concrets de discrimination dans les quartiers populaires. Les constatations suivantes ont pu être faites :

                 les garçons ont souvent priorité au sein de la famille pour l’accès à la scolarité

                 on enseigne moins de compétences aux femmes au sein de la famille

                 les femmes sont chargées principalement des tâches ménagères

                 les femmes ont moins droit à la parole que les hommes

                 les femmes ont moins droit de décision au travail

                 peu de femmes ont des fonctions de responsabilité ou exercent des métiers impliquant une prise de décisions

 

Une des constatations les plus révélatrices a été que les femmes comme les hommes sont convaincues du rôle inférieur des femmes. Nombre d’entre elles se sous-estiment et croient que les hommes ont plus de droits parce qu’ils auraient plus de capacités. A la base de toutes les pratiques discriminantes, on trouve essentiellement des croyances et des préjugés culturels et religieux issus des usages traditionnels au sein des communautés. On a pu constater qu’une interprétation littérale de la bible, présentant la femme comme inféodée à l’homme, a un effet néfaste sur la conscience de soi des femmes et des hommes. Des dizaines de citations bibliques teintées de misogynie sont reprises telles quelles dans la conscience collective de la communauté. Ainsi, les femmes sont perçues comme appartenant aux hommes, le fait de partir ailleurs est socialement acceptable pour un homme mais pas pour une femme, les mères seules sont considérées comme égoïstes, et on sort encore des dizaines d’exemples pour affirmer que la soumission de la femme est une condition essentielle pour un mariage réussi.

 

En janvier 2017, Etoile du Sud a organisé une série d’ateliers pour former des membres de la communauté à devenir initiateurs de villages de genre. Le 13 juillet 2017, le moment était venu pour un atelier placé sous le signe d’un engagement officiel en vue de la création de villages de genre dans les quartiers populaires de Lubumbashi. Une fois les enquêtes réalisées, il était temps d’en partager les résultats. Le défi était de créer le plus de villages de genre possible, où tous les membres se sentent impliqués à égalité et s’entraident dans la dénonciation des préjugés et tabous et la discussion autour des croyances culturelles et religieuses. Les initiateurs ont révélé les résultats des enquêtes au cours d’une opération porte à porte et à travers des actions théâtrales ludiques.

 

Mama Wa Usafi

Pour impliquer davantage les femmes souffrant d’un sentiment d’infériorité, Etoile du Sud a intégré une campagne de partage dans le cadre d’une campagne plus large autour du droit à la santé. Via des actions collectives de balayage des rues, l’objectif était de donner un rôle actif et une tâche aux femmes au sein de leur communauté afin de booster leur confiance en soi, de donner de la visibilité aux villages de genre et de mobiliser les gens autour du droit à la santé et de l’égalité de genre.

 

Les actions de balayage des rues se sont vite révélées des stimulants pour les villages de genre parce que les forces motrices derrière ces actions étaient les « mamans » des ménages. D’où le nom de « Maman Wa Usafi » donné à cette campagne, ce qui signifie littéralement « mère de la propreté ». Avec ce slogan, Etoile du Sud voulait mettre la femme au centre de cette campagne et valoriser le rôle des mères au sein de la communauté. La campagne fait référence en premier lieu à la famille et à la force des femmes au sein de la famille, mais elle veut aussi donner aux femmes davantage voix au chapitre et mettre en évidence l’importance des femmes dans les quartiers populaires, dans les villes et les campagnes. Les femmes sont des moteurs de changement, prennent position et prennent des décisions cruciales pour et avec la communauté. Les actions de balayage des rues restent un atout important pour l’implication à un niveau local, d’abord au sein de la famille, ensuite dans les quartiers populaires, pour développer les villages de genres dans et autour de Lubumbashi.

 

D’autres initiatives encore ont été prises dans le cadre de la campagne « Mama wa Usafi ». Dans le village de Maendeleo Hewa-bora, les initiateurs du village de genre ont développé un projet pour générer des revenus pour les femmes à travers l’élevage et l’agriculture. Ainsi, ils achètent régulièrement des poussins pour les revendre quelques semaines plus tard quand on peut les consommer. Ces premiers revenus ont permis de louer un terrain à cultiver. Ce projet a aussi pour but de soutenir et de développer les actions du village de genre. Ainsi, leur souhait est d’acquérir un bâtiment et des infrastructures adaptées pour des activités comme des formations pour les femmes autour de l’alphabétisation, le leadership, la confiance en soi, la prise d’initiatives, en bref autour de tout ce qu’ils estiment nécessaire pour un vrai combat pour l’égalité des genres dans leur quartier.

 

Le changement vient d’en bas

Le résultat est visible sur le terrain : les hommes défendent les femmes qui se battent pour leurs idées et les femmes disposent de plus de liberté au sein de leur famille grâce au soutien des hommes et des garçons. La coopération et la cohésion sociale sont plus fortes parce que chacun fait partie des villages. Femmes, hommes, enfants, jeunes, tous, grands et petits, peuvent contribuer à une plus grande égalité des genres. Lors des actions de sensibilisation, les rôles sont aussi inversés, à l’exemple des écoles de genre de Kinshasa, où les filles jouent au foot pendant que les garçons les encouragent. Une manière ludique de briser certains stéréotypes. Le Ministère du Genre et de la Famille du Katanga soutient la campagne et souhaite l’étendre à des régions plus éloignées au sein de la province. Le défi est maintenant de recevoir le soutien structurel des pouvoirs supra-locaux pour les villages de genre au Congo.

Le combat de Gabriela pour les droits des femmes aux Philippines

Cela fait plus de trente ans déjà que le mouvement de femmes Gabriela se bat pour les droits des femmes aux Philippines, en organisant et mobilisant les femmes à travers tout le pays. Dans cette vidéo, Obeth Montes, secrétaire adjointe de Gabriela, explique quel impact l’action du mouvement a eu au cours des dernières années sur les femmes de deux communautés indigènes dans le Sud-Cotabato.

Gabriela mène campagne autour de la violence à l’encontre des femmes ainsi que sur d’autres domaines qui impactent la vie des femmes et de leur communauté ; qu’il s’agisse de l’accès aux soins de santé, à un travail digne, un logement décent ou des conséquences de la militarisation.

 

Privés de soins de santé 

Les T’boli et Dulangan Manobo sont deux peuples indigènes du Sud-Cotabato, privés depuis longtemps de services sociaux. Les communautés indigènes vivent souvent dans des régions éloignées, qui ne disposent que très rarement de structures sanitaires. La plupart n’ont pas l’argent nécessaire pour se rendre chez un médecin ou un centre médical des environs. Et cela mène souvent à des situations critiques. Par manque de soins, l’état de santé s’aggrave. Dans cette vidéo, Lita Danvan raconte comment elle a perdu son enfant en raison de cette situation.

 

Des femmes en action pour leur communauté

C’est pourquoi Gabriela a élaboré un programme pour renforcer la capacité des femmes à revendiquer leurs droits. Il comprend des formations, des programmes de santé mais aussi des services comme une clinique spécialisée en gynécologie. Grâce au travail d’organisation de Gabriela, les femmes peuvent agir lorsqu’un problème se présente. Par exemple, lorsqu’une entreprise de volaille dégageant de fortes odeurs s’est installée à proximité de la communauté, les femmes sont allées parler aux dirigeants de l’entreprise et leur pétition pour la fermeture de l’usine a obtenu gain de cause.

 

Militarisation

La région subit également les effets de la militarisation. L’armée veille à ce que les grands propriétaires terriens et les entreprises étrangères puissent agir sans entraves. En 2017, au Lake Sebu, un chef de tribu et sept autres membres de celle-ci ont été assassinés en raison de la résistance de leur communauté contre l’implantation d’une plantation de café sur leurs terres ancestrales. Les autorités ne s’arrêtent devant rien mais les communautés organisées ne se laissent pas intimider.

Des droits pour les enfants sans identité au Maroc

La société civile et le gouvernement marocain en dialogue pour assurer les droits des enfants nés de mères célibataires.

Au Maroc, les enfants nés de mères célibataires, sont souvent des enfants issus de grossesses non désirées et qui subissent une discrimination sociale grave, spécifique au statut de leur mère célibataire dans un environnement de prescription religieuse (dans laquelle la sexualité s’exerce exclusivement dans le cadre recommandé du mariage en dehors duquel la chasteté s’impose) et d’ordre social et culturel bien spécifique.  

 

Les mères célibataires et leurs enfants sont les proies de toutes les formes de violence et de discrimination. Les enfants sont voués à l’abandon social, par leurs familles et parfois leurs mères, et en tous les cas, n’échappent pas au bruit infernal de son origine « hrami », sur le chemin les destinant à la révolte, la violence et la délinquance. En outre, nombreux de ses enfants ne seront pas en ordre d’actes de naissance et ou de nom de familles et n’accèdent pas aux services de base comme les soins de santé ou l’éducation. Cette discrimination constitue une atteinte manifeste aux droits de l’enfant, portant notamment préjudice à leur droit d’exister, d’être protégé et de porter un nom.

 

De la base, l’organisation partenaire de KIYO, KARAMA pour le Développement de la Femme (KPDF), répond aux besoins de base des mères célibataires et de leurs enfants à travers un service d’accueil intégral (renforcement de capacités, accompagnement social, juridique, etc).  Egalement, à travers une approche davantage holistique de droits avec des activités de plaidoyer et de sensibilisation, l’organisation plaide en faveur des droits de la filiation parentale des enfants nés de mères célibataires. 

 

Ainsi, en réponse au récent procès susceptible de faire jurisprudence en matière de droits d’un enfant né de mère célibataire, KPDF a organisé un séminaire consacré à la discussion du droit de l’enfant né d’une mère célibataire à avoir une identité et bénéficier de tous ses droits fondamentaux.  Afin de catalyser la réflexion participative et la prise de décision, les titulaires d’obligation du Ministère de la Justice et du Ministère de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement Social et des acteurs de la société civile ont également activement participé.

Protéger les enfants sans identité et leur garantir tous leurs droits est une responsabilité que nous devons tous assumer. Dans ce sens, l’Etat, les organisations gouvernementales et non gouvernementales, les acteurs de la société civile sont tous chargés de veiller à rendre justice à cette catégorie d’enfant.

La prise en compte du genre : Un défi à relever au Burundi

De nos jours les femmes et filles sont encouragées à se battre pour prendre leurs places dans les sociétés où la culture, coutumes et religion sont placés sur un piédestal. Mais quels sont les leviers permettant de booster leurs initiatives ? 

Au Burundi, l’égalité de genre est mitigée car on rencontre une association d’opportunités et de défis tant au niveau du cadre légal qu’au niveau du cadre culturel et socio-normatif.

Au niveau des droits des femmes en général, le Burundi abrite un arsenal juridique diversifié, en l’occurrence la Constitution et les conventions internationales. Toutefois, au cœur des défis du moment, se trouve la méconnaissance de la loi, probablement du fait des lacunes en ce qui concerne sa diffusion et sa vulgarisation, elles-mêmes inhérentes à une carence des ressources nécessaires, aussi bien humaines que financières conformément à la taille de l’enjeu[1].

 

Au niveau de la culture, les mentalités sont relativement réfractaires sur les questions de genre. Dans la société, la place de l’homme, chef de ménage et de celle de la femme, davantage au service de son ménage, sont ancrées dans toutes les sphères de la société.  Dans ce contexte aux normes sociales rigides, les partenaires opérationnels de KIYO s’attèlent à réfléchir sur la question, sur leur position et cela permet de faire évoluer les points de vue, les mœurs et les mentalités de manière durable.

 

En collaboration avec les associations locales partenaires, KIYO met en place des stratégies pour inverser la balance et promouvoir l’égalité homme-femme dans les zones d’intervention. Au niveau des activités, l’attention est portée sur les besoins spécifiques des jeunes filles – parties prenantes au programme.  L’attention est mise aussi sur la promotion de l’égalité homme-femme dans les structures communautaires avec lesquelles le programme collabore notamment en assurant la parité dans les groupes de solidarité, les clubs de jeunes, les comités de protections de l’enfance, etc.

 

Parlant des groupes de solidarité (GS) d’épargne et de crédits, ils constituent un moyen favorisant le respect des femmes dans le contexte rural au Burundi. En effet, le projet qui met en place ces groupes de solidarité revêt une dimension inclusive en matière de genre car grâce à lui, les femmes rurales qui étaient exclues du système économique par la tradition ont pu trouver une place de choix en adhérant aux groupes de solidarité : maintenant ces femmes sont le moteur de développement des ménages et leur contribution est énorme dans la prise en charge communautaire des Orphelins et autres enfants vulnérables (OEV).

 

De plus, KIYO offre aux enfants et jeunes l’occasion de parler à haute voix des comportements d’inégalité de genre qu’ont manifesté leurs parents et leurs ainés et qui est même la cause des violences basées sur le genre observé dans certains ménages.

Ce changement de mentalité – à travers des actions de conscientisation et diverses autres stratégies – est donc le levier utilisé par le travail de KIYO au Burundi pour que les filles et femmes burundaises jouissent pleinement de leurs droits et aient accès aux mêmes opportunités que les garçons et les hommes.

[1] http://french.xinhuanet.com/2017-05/22/c_136305252.htm

Travailler à l’inclusion des femmes dans le monde agricole au Mali

Les partenaires de Solidagro au Mali veulent promouvoir la parité homme femme par tous les moyens et à tous les niveaux de façon inclusive. Fatouma témoigne des conséquences de ces actions sur la vie de sa famille et de sa communauté.

Je m’appelle Fatouma et j’habite dans un petit village du Mali. Je suis âgée de 42 ans, mariée et mère de 7 enfants. Je vis dans une famille polygame. Je suis membre de l’organisation communautaire de base (OCB) Molibémo.

Grâce aux actions entreprises par les partenaires de Solidagro, j’ai compris la nécessité d’appartenir à une organisation pour s’épanouir, la nécessité d’établir un dialogue permanent entre l’homme et la femme pour assurer le bien-être du ménage. Aussi, j’ai pu me rendre compte de l’existence d’une politique agricole au Mali, son fonctionnement et ses champs d’applications.

Depuis le démarrage de ce projet, un changement considérable s’est fait sentir dans ma vie de façon spécifique et dans la vie de ma communauté en général. Grâce à l’allègement de mes tâches domestiques, je peux participer plus activement aux débats sur les problèmes et projets de société qui nous concernent.

 Les partenaires de Solidagro au Mali mettent l’accent sur l’amélioration de la condition des femmes par des actions positives visant à promouvoir la parité homme et femme à tous les niveaux et de façon inclusive. Une attention particulière est accordée à la participation des femmes aux activités (adaptation des heures) et aux débats (distribution de la parole) mais aussi au fait que les femmes aient un accès égal aux appuis prévus, ainsi qu’aux retombées du projet mené par les partenaires de Solidagro. Aussi, les formations données aux femmes sur le genre, le leadership féminin, le plaidoyer et les différentes séances de sensibilisation des propriétaires terriens ont permis aux femmes, non seulement d’accéder aux terres, mais également de renforcer leur confiance en soi, leur représentativité dans les comités de gestions et les instances de prises de décision mais aussi d’augmenter leurs capacités de négociation avec les hommes.

La question de l’accès des femmes à la terre a été dénoncée par les deux partenaires maliens dans leur zone d’intervention auprès des propriétaires terriens. Le plaidoyer a permis d’obtenir des prêts de terre aux femmes pour les cultures pluviales et pour ce qui concerne les sites maraichers, la commune elle-même s’est engagée à céder des terres aux femmes.

Colette, agricultrice au Burkina Faso et fière de l’être

Colette est membre d’un groupement communautaire au Burkina Faso soutenu par Solidagro et nous raconte comment cela lui a permis de se faire confiance et de maintenant oser prendre la parole en public pour exprimer son opinion, en tant qu’agricultrice, mais aussi en tant que femme.

Je m’appelle Colette, j’ai 51 ans, 6 enfants et j’habite à Zitougou, un village situé dans la commune de Zabré au Burkina Faso. Je suis membre du groupement « Koudawouré Aminga », il s’agit d’une organisation communautaire de base (OCB) dont le but est le développement local et l’amélioration de nos conditions de vie.

Avant que Solidagro ne soit présent dans la zone, on travaillait sur le site sans appui technique d’aucune structure. Pour fertiliser les sols, on achetait de l’engrais chimique et pour le traitement de nos plants, on utilisait des pesticides chimiques. Nos puits tarissaient vite car on n’avait aucune notion sur la gestion de l’eau pour notre parcelle. Depuis lors, je suis mieux outillée pour la production maraichère : j’ai changé mon mode de production et j’ai abandonné les engrais et pesticides chimiques grâce à l’adoption de techniques qui étaient totalement méconnues de tout le groupement. Maintenant, j’ai plus de pouvoir économique, car au lieu d’acheter les intrants chimiques, j’en produis moi-même et je peux ainsi économiser mon argent pour les dépenses sur l’éducation de mes enfants, ce que je n’arrivais pas à faire auparavant. Mon état de santé s’est amélioré car je travaille moins, je suis donc moins fatiguée. J’ai maintenant également accès à une alimentation diversifiée et je consomme ce que je produis avec ma famille, alors qu’avant, tout était destiné à la vente. Un dernier changement dont je peux témoigner, c’est le fait que j’ose prendre la parole au sein de notre organisation communautaire de base, c’est quelque chose que je n’osais pas faire avant. Je me fais maintenant plus confiance.

 

Ce dernier point mérite plus d’informations. Les partenaires de Solidagro ont été formés à intégrer le genre dans leurs activités. Lors de sessions de formation, par exemple, le choix des lieux de formation et des heures sont déterminés avec la participation de tous les membres (homme comme femme). Aussi, lors des formations, les femmes sont encouragées à prendre la parole et à participer activement. Les renforcements de capacités techniques, en alphabétisation et en leadership ont permis aux femmes d’avoir plus d’ouverture d’esprit et de s’affirmer. Nous notons de plus en plus de femmes qui n’hésitent pas à prendre la parole en public et s’exprimer clairement. Dans les OCB mixtes, les femmes accèdent aux postes de responsabilité. Selon les témoignages, les sensibilisations sur la gestion concertée des ressources du ménage et la communication au sein des couples ont permis une meilleure entente au sein des couples. Les femmes témoignent qu’elles ont acquis des capacités de négociation (ouverture d’esprit, connaissances, revenus) qui font que les hommes tiennent compte d’elles dans les prises de décision. Le profil d’empowerment utilisé par les partenaires de Solidagro est composé de 4 éléments : femme alphabétisée, femme qui contrôle ses ressources, femme ayant accès aux facteurs de production et femme ayant accès aux crédit. Ces indicateurs ont évolué de manière exponentielle au sein de la population avec laquelle travaillent les partenaires de Solidagro.

Des femmes émancipées à Vila Vila

Aynisuyu, une organisation partenaire de Solidagro en Bolivie, travaille au développement local et à la diffusion des modèles agro-écologiques dans le cadre du droit à une alimentation saine et à l’eau. Elle travaille avec des act.rice.eur.s public.que.s et privé.e.s, avec une attention particulière pour les paysan.ne.s pauvres et les groupes vulnérables, comme les femmes, les enfants et les jeunes.

Depuis 2017, à Vila Vila, une commune rurale dans la région du Cono Sur, département du Cochabamba, Aynisuyu a lancé un processus de sensibilisation et de renforcement des capacités des autorités et des organisations de base autour de l’application de la Loi sur les Compléments alimentaires dans les écoles, un règlement entré en vigueur en 2018. L’organisation de paysannes Bartolina Sisa, de Vila Vila, est le grand fournisseur de produits alimentaires locaux pour le petit-déjeuner scolaire. Santusa Romero Crespo est la secrétaire de cette organisation au niveau subcentral.

« L’organisation des femmes était très faible faute de moyens pour participer aux réunions de Bartolina Sisa à des niveaux supérieurs. Nous avons beaucoup réfléchi à la façon de générer nos propres ressources. Avec l’aide d’Aynisuyu, nous cultivons depuis trois ans des graines et des légumineuses produites localement et transformées en boissons nutritives pour les enfants dans les écoles. Après trois ans, nous sommes devenues davantage une entité, en tant qu’organisation de femmes, et une direction spécifique a été instituée spécialement pour le fonctionnement de cette organisation de product.rice.eur.s. Grâce aux revenus, la direction de l’organisation coupole peut mieux se mobiliser. L’initiative a attiré l’attention de davantage de paysannes, intéressées de livrer leurs produits à cette organisation ou de travailler pour un salaire journalier. Le nombre de membres est passé au cours de l’année écoulée de 71 à 99 femmes, issues de six villages différents ». L’organisation de femmes et l’organisation de product.rice.eur.s se renforcent donc mutuellement. Le développement économique des femmes est une étape importante dans le processus de leur émancipation. Les paysannes achètent les produits localement, ce qui fournit un nouveau marché pour les familles paysannes. Et en même temps, cette initiative améliore l’alimentation des enfants.