Comment le Centro Felix Varela met en oeuvre le plan climat de Cuba

Cuba, pays insulaire des Caraïbes, est plus qu’un autre sujet aux conséquences du réchauffement climatique. L’état cubain l’a bien compris et a mis en place une politique environnementale forte à travers un plan d’action ambitieux sur 100 ans. Le Centro Felix Varela, partenaire de Viva Salud et Cubanismo.be, participe activement au programme.

Un plan climat ambitieux

L’état cubain a amorcé un programme de lutte contre le changement climatique, connu sur le nom de « Tarea Vida »- qu’on peut traduire par « Plan pour la vie »-. Ce plan est basé sur des recherches à propos du changement climatique initiées par l’Académie de Sciences de Cuba en 1991. Les résultats et les recommandations de ce projet majeur sur la dangerosité et la vulnérabilité des côtes cubaines a mené à la création d’un plan qui repose sur des actions stratégiques, mises en place à travers 11 tâches spécifiques.

Le Centro Felix Varela participe activement au programme. Son rôle consiste à développer des moyens d’actions qui permettent d’augmenter la perception des risques environnementaux des habitants cubains et leur niveau de connaissance générale sur le changement climatique. Il travaille également à renforcer le degré de participation de la population pour la lutte contre le changement climatique et à favoriser une culture qui encourage l’économie de l’utilisation d’eau.

Pour faire face au changement climatique, l’éducation environnementale et la conscientisation publique sont primordiaux. C’est pour cela que le Centro Felix Varela développe des actions d’éducation en utilisant, notamment, la méthode du « Green Mapping ».

 

Qu’est-ce que le « Green Mapping »

C’est une méthode unique, par laquelle les habitants cartographient eux-mêmes leurs ressources environnementales locales. Et ce, au sens littéral du terme ! Armés d’un plan et de symboles en papier découpés, ils partent à la reconnaissance de leur environnement immédiat. A chaque site ayant une valeur écologique, sociale ou culturelle correspond un symbole. Les gens apprennent ainsi à mieux connaître leur milieu de vie, à détecter les problèmes et à en chercher les solutions avec les autorités locales.

Concrètement : un puits dont l’eau est polluée, une plaine de jeu qui doit être rénovée, la découverte d’un lopin de bois oublié et pourtant d’une grande richesse, un centre communautaire avec un terrain adjacent pouvant faire office de terrain de football… Leur slogan : ‘si mapea con amor, tu barrio sera mejor‘, qui en français peut être traduit par : ‘si tu fais le mapping de ton quartier avec cœur, il n’en sera que meilleur’. Le « Green Mapping » à Cuba est organisé en réseau national et coordonné par le Centro Felix Varela.

 

Des actions et résultats concrets

La formation aux problèmes liés aux changement climatique et à leur influence sur la vie est un objectif de l’ensemble du réseau. Cette formation a mené à la création de cartes de risques écologiques, qui ont permis de sensibiliser et d’informer les communautés et les autorités locales sur la vulnérabilité des territoires.

Un des risques principaux est celui de sécheresse. 71 % du territoire cubain souffre de sécheresse et 33 % de ce dernier, de sécheresse moyenne à extrème. Les réservoirs d’eau potable de la capitale La Havane ne sont en ce moment remplis qu’à 19 % de leur capacité.

Le Centro Felix Varela a favorisé la diffusion d’informations à un plus large publique au travers de supports audiovisuels, d’expositions et de conférences. De plus, des diagnostics ont pu être réalisés sur les infrastructures hydrauliques de différentes communautés. Ces diagnostics ont mené à des actions de réhabilitation concrètes. Comme par exemple, dans la municipalité de Venezuela fortement touché par la sécheresse, ils ont mis en place des réservoirs et distribué des filtres à eau pour pouvoir assurer un accès à l’eau à la population la plus vulnérable. L’autorité locale a également approuvé l’installation d’une station de traitement d’eau.

Grâce aux diagnostics, à la diffusion des connaissances et aux cartes, des actions concrètes ont pu être réalisées :

  • la formation de promoteurs de l’environnement ;
  • la promotion du recyclage et de l’utilisation rationnelle de l’eau;
  • la promotion de l’agroécologie ;
  • la mise en place d’ateliers sur la conservation de la nourriture ;
  • la non-utilisation de pesticides ;
  • la plantation de cultures résistantes aux situations environnementales défavorables ;
  • le nettoyage des plages, rivières & côtes et le reboisement, notamment des mangroves  ;
  • la réalisation d’une brochure sur les cyclones à destination des étudiants cubains.

Les RECOPE et les Parlements d’enfants en RD Congo

Les enfants et jeunes – les détenteurs des droits, prennent la responsabilité de sensibiliser les communautés sur leurs droits et gagnent en capacité de les réclamer auprès des autorités locales.

Journée de l’Enfant africain

Le 16 juin de chaque année, KIYO organise en collaboration avec son partenaire local AVREO la commémoration de la journée internationale de l’Enfant africain. C’est un événement caractérisé par une ambiance de chansons éducatives, de théâtres et de poèmes présentés par les enfants.

 

Les enfants membres de Parlements d’enfants s’expriment à travers la presse et devant le représentant du chef de l’Etat congolais, demandant la mise en application des lois qui contribuent au respect des droits de l’enfant en RDC. Le « Parlement d’enfants » est une structure communautaire constituée de 10 enfants qui travaillent pour leur protection et celle des autres enfants. Cette structure a été mise en place par AVREO en collaboration avec la division « Genre, famille, enfant » de la province. AVREO renforce les capacités techniques et opérationnelles des Parlements d’enfants à travers diverses formations et appuis matériels pour l’exécution de leurs activités. 

Voici l’extrait du discours d’un enfant :

« L’enfant doit jouir d’une protection spéciale face à toute forme de menace pouvant compromettre sérieusement sa santé physique et morale ou affectant son sens de jugement et de responsabilité envers la société. C’est en vertu de cet idéal que moi, Jean-Marie, représentant le comité d’enfant demande à l’Etat congolais de mettre fin au fait que les enfants continuent à être déscolarisés et les filles sont poussées à la prostitution pour subvenir à leurs besoins. »

Les autorités ont ensuite l’occasion de répondre à ces demandes et promettent bien souvent de faire leur maximum pour accéder à toutes les revendications.

 

Plaidoyer envers les autorités locales

De plus, KIYO et AVREO appuient les RECOPE dans l’élaboration de plans d’action pour leurs activités de plaidoyer et sensibilisation auprès des autorités locales pour assurer la prise en charge des enfants vulnérables au sein de la communauté. Les RECOPE (Réseaux Communautaires de Protection de l’Enfant) sont des structures communautaires constituées de 25 membres venant d’horizons différents et qui travaillent pour la protection des enfants. Ces structures ont également été mises en place par AVREO avec, cette fois, la division des affaires sociales de la province. Les RECOPE accompagnent les Parlements d’enfants afin de trouver des solutions durables et communautaires aux problèmes rencontrés par les enfants identifiés. 

 

Ainsi, le travail de plaidoyer mené par les RECOPE permet que les autorités locales contribuent à mobiliser les responsables des groupes armés et les responsables de carrières des mines et de maisons de commerces de sexe à libérer les enfants. Et cela fonctionne, certains enfants sont ainsi libérés.

Un autre exemple plus particulier vise la détention provisoire de jeunes garçons (entre 13 et 14 ans). Ils étaient soupçonnés d’avoir volé et il était prévu de les transférer dans une prison qui ne disposait pas de cellules pour enfants. Grâce au plaidoyer mené par AVREO et des membres des RECOPE et des Parlements d’enfants, les enfants ont été libérés. Pour faciliter leur réinsertion dans leur communauté, ces mêmes acteurs ont sensibilisé les communautés sur la nécessaire réinsertion de ces jeunes et ils ont également sensibilisé les jeunes en les aidant à adopter un changement de comportement et des attitudes positives pour favoriser leur réinsertion.

Le réseau Agroecology X aux Philippines, pour l’avenir des systèmes alimentaires

Agroecology X (AEX) est un réseau d’organisations, d’associations, d’agricult.rice.eurs durables, d’avocat.e.s, d’entrepreneu.se.r.s socia.les.ux, de consommat.rice.eur.s et de plusieurs autres qui croient en l’agroécologie et la mettent en pratique. Le réseau souligne la nécessité de discuter de la situation actuelle et de l’avenir des systèmes alimentaires dans le pays. Ceci parce que la faim augmente au niveau national, suite à des confinements prolongés. C’est une plateforme pour des échanges de connaissances, d’expériences, de victoires et de solidarité.

Cela a débuté en décembre 2019, lorsque Solidagro a organisé une bourse de l’agroécologie avec ses partenaires aux Philippines. Agroecology X en est issu. L’AEX organise un sommet qui se déroulera parallèlement au Sommet des Nations Unies sur le Système alimentaire en 2021, afin de stimuler la prise de conscience publique et de soutenir l’agroécologie et la souveraineté alimentaire.

Le Sommet fera prendre conscience au monde entier du fait que nous devons tou.te.s collaborer afin de modifier la façon dont la nourriture est produite, consommée et perçue à travers le monde. C’est un sommet pour chacun.e, partout – un sommet pour les êtres humains. C’est aussi un sommet qui devra trouver des solutions, où l’on attend de chacun.e d’agir pour modifier le système alimentaire mondial.

Dirigé par 5 cadres d’action, le Sommet réunira les principa.les.ux act.rice.eur.s du monde de la science, de l’économie, de la politique, des soins de santé et des universités, ainsi que des paysan.ne.s, des peuples indigènes, des organisations de jeunes, des groupes de consommat.rice.eur.s, des activistes de l’environnement et d’autres groupes importants. Avant, pendant et après le Sommet, ces participant.e.s se réuniront pour apporter et discuter des changements sensibles et positifs du système alimentaire mondial.

(source : https://www.un.org/en/food-systems-summit/about).

 

L’AEX est critique face au Sommet des Nations Unies sur le Système alimentaire parce que celui-ci est dirigé par des personnalités juridiques. Et ceci après que l’ONU ait écarté des organisations de la société civile au profit d’organisations ayant une personnalité juridique, comme par exemple le Forum Economique Mondial, une organisation internationale composé de grandes entreprises. L’AEX a deux sujets de préoccupation : la désignation du Forum Economique Mondial, représentant de géants économiques, en tant que partenaire stratégique de l’ONU pour l’organisation de ce sommet, et la désignation du docteur Agnès Kalibata, présidente de l’Alliance pour une Révolution verte en Afrique. Il s’agit d’un groupe sponsorisé par la Fondation Gates. Les organisations sociales craignent qu’avec ces deux instances aux commandes, le sommet ne soit qu’un instrument pour continuer à protéger les intérêts des grandes entreprises. Ce qui se ferait au détriment de nos paysan.ne.s, des peuples indigènes et de la planète. Ce serait une catastrophe pour la souveraineté alimentaire et la biodiversité.

Les défenseur.e.s de l’alimentation chez AEX ont organisé une bourse de l’alimentation sous le nom de Salu-Salo. Le nom provient de l’usage philippin de se réunir pour manger et de célébrer ainsi les systèmes alimentaires efficaces, adaptés et locaux.

Soins de santé à Cuba et aux Philippines: quelles sont les différences?

Cuba et les Philippines : deux pays en voie de développement et quand même un grand contraste dans leurs systèmes de santé. Comment expliquer cela? Découvre cela en regardant cette vidéo.

Trouves-tu les 10 différences? Dans cette vidéo, nous comparons la situation dans deux pays en développement:

  • Cuba est célèbre pour ses excellents soins de santé publics gratuits pour la population.
  • Aux Philippines, l’accès aux soins de santé n’est pas si évident et il existe de grandes inégalités.

Découverte étape par étape
D’où vient cette si grande différence? Nous avançons petit à petit avec les travailleurs de la santé dans les banlieues de La Havane et Manille, les capitales respectives des pays traités.

Tout au long de la vidéo, il apparaît clairement que la santé est déterminée par différents facteurs. La politique de santé tient un rôle essentiel. Si le gouvernement échoue, les communautés sont prêtes à aider la population.

Gaza : Des jeunes en action pour de l’eau propre dans leur communauté

La combinaison des inondations hivernales et des pénuries chroniques d’eau potable tout au long de l’année pousse les jeunes de Gaza en action. Ils ne se laissent pas décourager et se mobilisent aux côtés de la population de leur quartier.

En hiver, il y a souvent de fortes précipitations dans la bande de Gaza ce qui conduit souvent à des inondations dans les rues de certains quartiers. A cela s’ajoute une pénurie d’eau potable en raison de la haute pollution des eaux souterraines et du manque d’infrastructures fonctionnelles pour produire de l’eau potable. Dans les deux cas, le blocus qu’Israël impose à la bande de Gaza (avec la complicité de l’Egypte) depuis 12 ans est en grande partie responsable.

 

Des jeunes de Gaza mènent une campagne dans leur quartier avec la devise « Une citerne propre pour une eau propre »

 

Après les fortes pluies de 2018, des jeunes engagés auprès du partenaire de Viva Salud Union of Health Work Committees se sont mobilisés afin de demander aux autorités de nettoyer les rues et mettre en place des solutions durables et ainsi éviter de futures inondations. Grâce à leur motivation et les dialogues qu’ils ont mené avec les autorités compétentes, les jeunes ont réussi à faire bouger les choses ! Les autorités ont drainé l’eau avec le soutien des jeunes et des habitants du quartier. Ils ont ensuite mis en place un système de récupération de l’eau de pluie afin que celle-ci soit redirigée vers les terres agricoles et puissent servir aux fermiers en période de sécheresse.

Ce n’est pas tout. Les jeunes ont mené une campagne de sensibilisation « Une citerne propre pour une eau propre » qui avait pour but de pousser les familles à bien nettoyer leurs citernes pour que l’eau qui y est stockée ne devienne pas sale et dangereuse pour la santé. Pour s’assurer du suivi de la campagne et de la qualité de l’eau dans le quartier, les jeunes ont créé une page Facebook avec les habitants des communautés. Cette page est très active et leur permet d’échanger sur les problèmes rencontrés dans le quartier et de trouver des solutions tous ensemble.

Les militant.e.s des droits humains aux Philippines s’opposent à la loi anti-terrorisme

Le vote d’une loi anti-terrorisme en juillet 2020 a rendu encore plus vulnérables les militant.e.s des droits humains qui se battent justement pour une loi qui les protège, particulièrement dans le climat d’impunité qui règne aujourd’hui aux Philippines.

En 2019, avec d’autres organisations de la société civile, Karapatan a remporté une victoire importante lorsqu’un projet de loi protégeant les défenseur.e.s des droits humains a été approuvé à l’unanimité par les membres de la Chambre des Représentants. Ce projet de loi des Défenseur .e.s des Droits Humains (DDH) a pour objectif d’obliger l’État à protéger ces personnes et à constituer des recours légaux en cas de violation de leurs droits.

 

Ce projet de loi cherche aussi à proposer des mesures de réparation pour les femmes militantes des droits humains et les activistes de la communauté LGBTQIA++, victimes d’attaques sexuelles basées sur le genre. Cette loi est passée dans une ambiance de harcèlement croissant et de campagnes de dénigrement du gouvernement philippin contre les défenseur.e.s des droits humains.

 

L’assassinat récent de Zara Alvarez, membre de Karapatan et personnalité connue pour la défense des droits humains, a mis en lumière la situation difficile des défenseur.e.s des droits humains sous le gouvernement actuel. Alvarez est la 13e collaboratrice de Karapatan tuée sous l’administration Duterte.

 

Obstacle au projet de loi
Le projet de loi homologue au Sénat reste cependant en attente depuis son introduction en 2018 par la sénatrice Leila De Lima, elle-même militante des droits humains et voix critique contre le président Duterte. De Lima est en détention depuis trois ans déjà sur base d’accusations montées de toutes pièces selon les défenseur.e.s des droits. Aux Philippines, les projets de loi deviennent des lois après approbation de la Chambre des Représentants comme du Sénat.

 

Malgré cet obstacle, Karapatan a poursuivi ses efforts de lobbying auprès des législateurs pour faire passer cette loi et a porté cette cause dans la rue pour attirer l’attention du public sur la situation difficile des défenseur.e.s des droits humains. Dans le cadre de son engagement au sein des mécanismes des droits humains des Nations Unies, comme l’Examen Périodique Universel, Karapatan a constamment souligné l’urgence à faire pression sur le gouvernement philippin pour qu’il acte la loi DDH, étant donné la dégradation des droits humains dans le pays.

 

« Cette loi met en évidence de façon globale les besoins et les menaces qui pèsent sur le travail de défense des droits face à des attaques menées par l’État, et elle représente une mesure vitale pour la population, les communautés et les défenseur.e.s des droits pour pouvoir poursuivre notre travail. Nous sommes criminalisés et stigmatisés comme « ennemis de l’État », « terroristes », « déstabilisateurs » et autres étiquettes pour justifier les attaques contre nous, menées sous couvert de programmes anti-insurrectionnels et d’autres politiques répressives. Il s’agit d’un effort orchestré et systématique en vue de discréditer les DDH et tout cela est fait méthodiquement pour nous enlever nos voix », a déclaré Tinay Palabay, Karapatan.

 

Loi anti-terroriste
En juillet 2020, alors que le pays luttait contre la pandémie de COVID-19 et que les violations des droits augmentaient en raison de la réponse militarisée du gouvernement à la crise sanitaire, le président Duterte a signé la loi anti-terrorisme. Les groupes de défense craignaient que le gouvernement n’utilise cette loi pour poursuivre les opposants et museler la contestation. Tandis qu’ils continuent à revendiquer le passage de la loi DDH, les défenseur.e.s des droits sont devenus plus vulnérables suite au passage de la loi anti-terrorisme, particulièrement dans le climat d’impunité qui règne actuellement dans le pays.

 

Impact sur les défenseur.e.s des droits
Jigs Clamor, secrétaire général adjoint de Karapatan, a expliqué en détails la façon dont cette loi impacterait les défenseur.e.s des droits humains et leurs revendications :

  • Sous la définition très large et vague du terrorisme, le gouvernement peut tout simplement ignorer les droits garantis par la loi DDH et ses obligations de protéger les défenseur.e.s des droits dès qu’un.e militant.e ou une organisation est qualifié de terroriste.
  • Une fois qualifié de terroriste, un.e militant.e des droits humains peut être soumis à de la surveillance, victime d’arrestation non fondée et de détention sans accusation pour une durée de plus de 14 jours.
  • Le gouvernement peut geler les comptes bancaires d’individus ou d’organisations qu’il qualifie de terroristes et bloquer les sources de leurs fonds, tant de l’étranger que locales.

 

A cet égard, la loi anti-terrorisme rendra plus facile les atteintes du gouvernement aux revendications des droits humains et à la protestation. Même avant l’introduction de cette loi, Karapatan et d’autres organisations progressistes ont eu à faire face à différentes accusations du gouvernement, alors que la Cour continue à ignorer leur demande d’introduire des recours contre le harcèlement incessant des militant.e.s des droits humains par les forces de la sécurité d’état.

 

Opposition croissante
S’il y a quelque chose que le gouvernement n’a pas anticipé, c’est à quel point la loi anti-terrorisme a soulevé l’indignation de la population et rassemblé différents secteurs de la société dans l’opposition et la critique de cette loi : depuis les grands groupes industriels jusqu’aux petits fermiers et pêcheurs, étudiants, ecclésiastiques, populations indigènes, communautés urbaines pauvres, communautés musulmanes, avocats, enseignants, employés, des personnalités connues et beaucoup d’autres encore. Dans l’histoire récente, aucune autre mesure législative n’a rencontré une opposition publique aussi forte.

 

Des pétitions ont afflué à la Cour Suprême pour que l’on stoppe la mise en œuvre de la loi. Les plateformes des médias sociaux sont pleines de posts détaillant les impacts de la loi et les dangers qu’elle représente pour les droits humains et la liberté. Des activistes ont défié les restrictions dues au COVID-19 quant aux rassemblements sociaux pour organiser des protestations de masse contre la loi.

 

“Malgré les efforts du pouvoir pour diaboliser les défenseur.e.s des droits, finalement, nous sommes des Philippins ordinaires – enseignant.e.s, prêtres, syndicalistes, artistes, travailleuses et travailleurs de la santé, leaders indigènes, fermières et fermiers, entre autres. Nous ne sommes pas des ennemis mais nous sommes des acteurs d’un développement constant en faveur d’une vie digne pour tou.te.s. Nous rendons publiques les violations des droits humains et exigeons que les porteu.se.rs de devoirs assument leur responsabilité. Nous sommes témoins de violations plus nombreuses des droits humains, de politiques répressives et du rétrécissement de ce qu’on appelle l’espace civique, et ce sont là des signes révélateurs de la nécessité de lutter pour les droits de base et les libertés fondamentales de la population, dans toutes les tribunes possibles, y compris sur la scène législative », déclare Palabay.

 

Philippines : l’art dans la lutte pour les droits humains
Aux Philippines, Viva Salud soutient des mouvements sociaux qui défendent les droits humains. Karapatan, l’organisation des droits humains la plus importante du pays, est un de ces partenaires. Dans cette vidéo, la directrice Cristina Palabay explique le rôle de la culture et de toutes sortes de formes d’art dans leur lutte pour les droits de l’homme aux Philippines.

La plateforme sur la protection de l’enfance crée sa propre base de données pour faire le plaidoyer d’une approche droit

Pour pouvoir faire un plaidoyer basé sur des preuves et des faits probants, la Plateforme Convention Droits de l’Enfant Maroc (PCDE) a créé sa propre base de données sur la situation de l’enfance au Maroc.  

La Plateforme Convention Droits de l’Enfant Maroc (PCDE) est un réseau d’organisations de la société civile œuvrant au Maroc dans le domaine de la protection de l’enfance. Amane, partenaire de KIYO est un membre très actif de cette plateforme. Ses membres se sont également réunis pour suivre et appuyer la mise en œuvre de la Politique Publique Intégrée de Protection de l’Enfance au Maroc, en accord avec les principes énoncés dans la Convention internationale des droits de l’enfant. La plateforme et ses membres visent à améliorer les conditions des enfants en situation de vulnérabilité (enfants sans protection familiale, en situation de handicap, en détresse, exploités, sans papier, migrants, victimes de violence, et tout autre type de vulnérabilité) et de leurs éventuelles familles.

 

Des données fiables, cohérentes et actualisées sur la situation des enfants sont très peu disponibles au Maroc. Pour combler ce vide, la PCDE a construit une base de données « Atal Data » pour pouvoir ressortir des données sur la situation de l’enfance au Maroc. Les membres de la Plateforme fournissent des données dans les différentes thématiques (libertés et droits civils, violences à l’égard des enfants, milieu familial et protection de remplacement, mesures spéciales de protection, santé et handicap et éducation, loisirs et activités culturelles). Ces informations se trouvent dans la réalité de leurs interventions.

 

L’analyse des données récoltées sert de base pour la rédaction d’un Rapport Alternatif pour le rapportage périodique du Maroc au Comité de droits de l’enfant à Genève. Chaque association peut également utiliser les données qu’elle aura saisies pour son propre plaidoyer afin de rendre celui-ci plus solide et plus efficace. Amane, en concertation avec ses partenaires, a aussi élaboré un guide plaidoyer, y inclus un cahier pour les jeunes, afin de faciliter ce travail de plaidoyer.

 

Cette base de données permet à la plateforme et aux organisations de la société civile de faire un plaidoyer sur la base de données qui reflètent la réalité et qui aide à analyser les causes structurelles des injustices et des violations des droits. Les droits des enfants sont la base de leur analyse de l’inégalité et de l’injustice. Ce modèle permet d’identifier des détenteurs de droits dont les droits sont violés et des titulaires d’obligations responsables et de ce qui est nécessaire pour initier un changement. Le cadre normatif de la Convention internationale des droits de l’enfant leur permet d’analyser la situation de l’enfance d’un point de vue des droits non respectés plutôt que d’un point de vue de besoins à satisfaire. 

Inès, actrice de changement au sein de la jeunesse palestinienne

Voici le témoignage d’Inès qui démontre combien devenir acteur de changement, s’investir au sein d’un mouvement et être reconnue au sein du mouvement social est important pour la jeunesse palestinienne.

Je m’appelle Inès et j’ai 19 ans. Je suis étudiante à l’université de Birzeit en économie et je suis également membre d’un mouvement d’étudiants de mon université.

 

Je viens d’une famille engagée, ma grande sœur Lama par exemple est animatrice de « Radio No Frequency » qui fait des satyres politiques radiophonique sur la Palestine. Elle a déjà voyagé plusieurs fois en Europe dont en Belgique pour sensibiliser le public européen aux réalités de l’occupation. Avec elle comme exemple, j’ai décidé de m’engager et d’œuvrer pour la libération nationale.

 

J’ai suivi plusieurs formations et participé à plusieurs activités de volontariat organisées par l’ONG Bisan. J’ai ainsi appris à mieux m’exprimer en public, à tenir des réunions, à faire une cartographie des problèmes auxquels les jeunes sont confrontés dans mon environnement proche et à les mobiliser pour trouver des solutions.

 

En novembre 2018, Yasmine de Bisan m’a proposé de participer à l’Assemblée générale du Mouvement Populaire pour la Santé à Dakha, au Bangladesh. C’est une formidable opportunité pour une jeune étudiante comme moi mais cela m’a aussi rendu fière de moi.

 

Yasmine m’a demandé de présenter un atelier sur les conditions de santé des prisonniers politiques palestiniens. Ce thème est important pour moi car je connais beaucoup de jeunes qui sont détenus en prison administrative, certains depuis plusieurs années. Pendant l’atelier, je me suis rendue compte que beaucoup de personnes sont solidaires avec la Palestine et qu’ils veulent savoir comment soutenir notre droit à l’auto-détermination depuis chez eux.

 

Au final, mon engagement dans mon mouvement et ma présentation à Dakha m’ont fait réaliser qu’en tant que jeunes, nous avons un énorme potentiel pour amener le changement en Palestine. Pour ma part, je me sens prête !

La Loi d’Orientation Agricole au Mali, connaitre les responsables pour mieux les interpeller

Au Mali, les partenaires de Solidagro ont fait connaitre la loi qui régit le travail des organisations communautaires de base, la Loi d’Orientation Agricole. Cela a permis aux membres de ces organisations de dialoguer avec les responsables des obstacles qu’ils rencontrent et à trouver ensemble des solutions.

La Loi d’Orientation Agricole

Au Mali, le droit à l’alimentation est loin d’être réalisé. Pour bien adresser les raisons fondamentales de cette non-réalisation et de sa violation, les partenaires de Solidagro (GAAS/Mali et ARAFD) ont organisé des ateliers pour d’une part faire connaitre aux membres des organisations communautaires de base (OCB) la Loi d’Orientation Agricole (LOA) et d’autre part identifier les obstacles qui empêchent sa bonne mise en œuvre.

La LOA constitue le document de référence des politiques et stratégies à long terme du pays dans le domaine de l’agriculture. Parmi ses objectifs, il y a la promotion économique et sociale des populations en milieu rural, la souveraineté alimentaire du pays et la réduction de la pauvreté rurale.  Les membres des OCB, à travers l’appropriation de cette loi, se sont rendus compte que ce cadre leur permet d’être reconnus comme des interlocuteurs légitimes de l’Etat ainsi que dans le dispositif de suivi-évaluation des politiques agricoles. Mais cette responsabilisation n’a pas suffisamment été accompagnée par l’Etat.

 

Titulaires d’obligation responsables

Les ateliers d’échange autour de cette Loi ont été le tremplin pour analyser les raisons de sa non-application. La responsabilité des titulaires d’obligations par rapport au non-respect de l’implication des OCB paysannes et au droit à l’alimentation des communautés a été mise en exergue. Des actions de plaidoyer ont ensuite été organisées par les détenteurs de droits en direction des responsables communaux et des services techniques locaux qui ont été identifiés comme les premiers titulaires d’obligations, responsables de la non-application de la LOA.

 

Cadres de concertation

Suite à ce plaidoyer, des cadres de concertation entre les autorités communales, les services techniques déconcentrés et les OCB ont été organisés. Ces cadres ont permis aux OCB de montrer leur travail actuel, de faire le point sur les difficultés rencontrées et de préciser ce qui est attendu de l’Etat et des collectivités dans la résolution de ces problèmes. Les acteurs même ont poussé à mettre en place les instruments de la LOA, ce que l’Etat n’a pas fait.

 

OCB et réseautage

Pour contribuer à améliorer les capacités des détenteurs de droits à connaitre leurs droits, à être à même de les exiger et de les voir se réaliser, les partenaires maliens ont organisé des rencontres entre les OCB sur le travail en réseau. Des OCB avec lesquelles Solidagro travaille ont ainsi rejoint divers réseaux existants et/ou se sont regroupées en unions.

Lutter contre l’insécurité alimentaire, mais également pour ses droits

Au Burkina Faso, revendiquer ses droits n’est pas habituel. Les partenaires de Solidagro échangent avec les membres des organisations communautaires de base pour que celles-ci prennent connaissance des politiques locales et nationales qui les concernent et puissent revendiquer leurs droits quand celles-ci ne sont pas appliquées.

La non-évidence du droit à l’alimentation

Au Burkina Faso, pays où Solidagro est actif avec ses partenaires, autant les bénéficiaires s’accordent sur l’importance des pratiques agro-écologiques pour lutter contre l’insécurité alimentaire et les effets du changement climatique, autant le fait de parler de droit à l’alimentation n’est évident pour personne.

C‘est pourquoi les partenaires de Solidagro ne s’arrêtent pas à donner des formations sur les techniques de production agro-écologique aux membres des organisations communautaires de base (OCB) avec lesquelles ils travaillent. Ils veulent également leur faire comprendre les causes profondes du non-respect de leur droit à l’alimentation.

 

Des politiques communales qui les concernent

Pour aborder cela, les partenaires de Solidagro ont voulu informer les membres des OCB sur les politiques communales qui les concernent. Les partenaires ont ainsi partagé les documents des politiques sectorielles des ministères en charge du développement rural. Ils ont également organisé des ateliers lors desquels les responsables communaux et les services techniques étatiques chargés de développement rural présentent leurs structures, les différentes missions qui leur sont assignées, les projets mis en œuvre ainsi que les politiques nationales qui sous-tendent ces projets.

Ces informations ont permis aux membres des OCB de comprendre qu’il y a des dispositions prévues par l’Etat et les collectivités pour assurer leur sécurité alimentaire mais que ces dispositions ne sont pas toujours mises en œuvre.

D’autres ateliers ont porté plus spécifiquement sur l’analyse de la mise en œuvre des plans communaux de développement.  Cela a permis aux membres des OCB d’identifier les porteurs de devoirs, responsables de la non-réalisation de plusieurs de leurs droits, et plus spécifiquement de leur droit à l’alimentation. Cela a également permis de se rendre compte qu’en général, les niveaux d’exécution de ces plans en matière d’actions agro-écologiques sont très faibles.

Les membres des OCB ont depuis interpellé leurs autorités sur le fait que ces informations ne sont pas diffusées et aussi sur le fait que leurs droits ne sont pas respectés en matière de sécurité alimentaire.