Lutter contre l’insécurité alimentaire, mais également pour ses droits

Au Burkina Faso, revendiquer ses droits n’est pas habituel. Les partenaires de Solidagro échangent avec les membres des organisations communautaires de base pour que celles-ci prennent connaissance des politiques locales et nationales qui les concernent et puissent revendiquer leurs droits quand celles-ci ne sont pas appliquées.

La non-évidence du droit à l’alimentation

Au Burkina Faso, pays où Solidagro est actif avec ses partenaires, autant les bénéficiaires s’accordent sur l’importance des pratiques agro-écologiques pour lutter contre l’insécurité alimentaire et les effets du changement climatique, autant le fait de parler de droit à l’alimentation n’est évident pour personne.

C‘est pourquoi les partenaires de Solidagro ne s’arrêtent pas à donner des formations sur les techniques de production agro-écologique aux membres des organisations communautaires de base (OCB) avec lesquelles ils travaillent. Ils veulent également leur faire comprendre les causes profondes du non-respect de leur droit à l’alimentation.

 

Des politiques communales qui les concernent

Pour aborder cela, les partenaires de Solidagro ont voulu informer les membres des OCB sur les politiques communales qui les concernent. Les partenaires ont ainsi partagé les documents des politiques sectorielles des ministères en charge du développement rural. Ils ont également organisé des ateliers lors desquels les responsables communaux et les services techniques étatiques chargés de développement rural présentent leurs structures, les différentes missions qui leur sont assignées, les projets mis en œuvre ainsi que les politiques nationales qui sous-tendent ces projets.

Ces informations ont permis aux membres des OCB de comprendre qu’il y a des dispositions prévues par l’Etat et les collectivités pour assurer leur sécurité alimentaire mais que ces dispositions ne sont pas toujours mises en œuvre.

D’autres ateliers ont porté plus spécifiquement sur l’analyse de la mise en œuvre des plans communaux de développement.  Cela a permis aux membres des OCB d’identifier les porteurs de devoirs, responsables de la non-réalisation de plusieurs de leurs droits, et plus spécifiquement de leur droit à l’alimentation. Cela a également permis de se rendre compte qu’en général, les niveaux d’exécution de ces plans en matière d’actions agro-écologiques sont très faibles.

Les membres des OCB ont depuis interpellé leurs autorités sur le fait que ces informations ne sont pas diffusées et aussi sur le fait que leurs droits ne sont pas respectés en matière de sécurité alimentaire.

Une évolution vers le respect du droit à la participation des enfants au Burundi

Le monde connaît la plus importante génération de jeunes de son histoire et  l’Afrique compte la plus grande part de jeunes au sein de sa population avec 40% de citoyen.ne.s de moins de 15 ans[1]. Si cette jeunesse constitue un formidable potentiel de développement, qu’en est-il de sa participation aux initiatives mises en place par les autorités ?


 

Depuis l’adoption de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant, la ‘participation de l’enfant’ a fait l’objet de nombreuses initiatives et projets. En effet cette convention (CIDE) – qui pour la première fois dans l’histoire du droit international a reconnu que les enfants sont des sujets de droits et non de simples bénéficiaires de la protection des adultes – a spécifié que ces droits réclament légitimement que les enfants eux-mêmes soient entendus et soient associés aux prises de décisions sur les questions les concernant.

Cependant, le respect de ce droit à la participation des enfants requiert d’importants changements des comportements culturels à l’égard des enfants. Au Burundi, le combat demeure : la culture se montre parfois réfractaire à ce principe, en mettant en exergue les devoir de l’enfant au-devant de ses droits, en particulier le droit à la participation et à l’expression.

Pour renverser la balance, KIYO en collaboration avec les associations locales partenaires,  encadre et forme les enfants sur un large éventail de thématiques relatives aux compétences à la vie ainsi qu’aux techniques de sensibilisation et plaidoyer. Grâce à ces formations, les enfants connaissent leurs droits, ils les réalisent et les revendiquent. Cela se matérialise à travers la mise en place des clubs de jeunes dans les écoles et dans les communautés. Ces clubs sont des cadres de rencontre pour les enfants et jeunes où ils apprennent à s’exprimer en public, à analyser leur environnement, à proposer des solutions face aux problèmes identifiés, etc.

Au-delà de ces clubs, le programme favorise la mise en place des cadres de rencontres entre enfants/jeunes et adultes (parents, autorités scolaires / locales, etc…). Pour cela, les enfants sont intégrés dans les structures communautaires telles que les Comités de protection de l’enfance (CPE) ou les comités mixtes au sein des écoles (composés d’enfants et d’enseignants). Ces cadres de rencontre deviennent des forces motrices dans les communautés, favorisant l’initiation d’actions qui contribuent au respect des droits tels qu’apporter de l’aider aux enfants victimes de violences dans les écoles et dans les ménages. 

Tous ces espaces favorables à la participation active des enfants mis en place par les associations locales partenaires au programme, dans les différentes zones d’interventions, permettent de renforcer les liens de collaboration entre les jeunes et les figures d’autorité (adultes, représentants des autorités locales) pour garantir le droit de participation de l’enfant.

 

[1] https://www.plan-international.fr/info/actualites/news/2017-01-24-le-role-des-jeunes-dans-latteinte-des-objectifs-du-developpement

Action for Rights, les jeunes en action pour leurs droits

A4R promeut activement la citoyenneté mondiale auprès des élèves et les guide afin qu’ils puissent mettre en place des actions sociales et durables qui apportent des changements positifs à l’école et/ou dans la société. Cela se fait via un outil en ligne qui guide les jeunes dans la mise en place de ces actions.

Beaucoup de jeunes veulent s’engager pour une société meilleure, mais ils ne savent pas vraiment comment changer les choses, ils ne sont pas conscients de leurs droits ou pensent que personne ne croit en leur potentiel. En conséquence, beaucoup de talents sont perdus ainsi que les opportunités de faire les choses différemment. KIYO change cela en donnant aux jeunes les outils et les compétences pour agir sur les défis sociaux tels que les inégalités, le développement durable, la super-diversité, etc. KIYO met les jeunes en contact avec des jeunes ailleurs dans le monde. Un outil en ligne a été développé à cet effet (www.action4rights.be) qui permet un échange virtuel entre les jeunes, quelle que soit leur distance de séparation. Deux groupes de jeunes ou plus suivent un processus parallèle et échangent entre eux sur un défi, des solutions (possibles) et des actions sur la base de vidéos qu’ils enregistrent eux-mêmes et téléchargent dans l’outil. De cette manière, ils en apprennent davantage sur le contexte d’un autre pays, sur la manière dont les jeunes ailleurs dans le monde défendent leurs droits et ils peuvent fournir des commentaires et s’inspirer mutuellement pour agir. Ces différentes sessions sont données aux jeunes à partir d’une vision sur l’empowerment développée par KIYO. Les jeunes sont sensibilisés à leurs droits et découvrent leur potentiel et leurs talents. Les jeunes ont leur mot à dire au cours des activités et peuvent donner leur avis. Tout cela se passe également dans un environnement sûr où les jeunes se sentent à l’aise de donner leur avis. Enfin, ils développent également différentes compétences au cours de ce processus (communication, organisation, collaboration, …).

 

En 2019, un groupe d’étudiants à Anvers a lancé le processus Action4Rights simultanément avec un groupe de jeunes à Rio de Janeiro. Dans une première phase, ils ont identifié certains défis et ont ensuite échangé des vidéos sur leurs solutions/actions. Les jeunes d’Anvers et de Rio de Janeiro ont également échangé sur leurs impressions à travers des vidéos qu’ils avaient réalisées eux-mêmes. Il était intéressant de voir que 5 des 6 problèmes choisis par les jeunes étaient similaires à Anvers et à Rio de Janeiro (environnement, accès à la culture, discrimination, …). Cela rend l’universalité du cadre juridique claire pour les jeunes (par opposition aux besoins locaux), et aussi le fait qu’ils puissent y faire quelque chose. Les jeunes ont partagé les actions suivantes: enregistrer une vidéo sur la violence à l’école; concevoir un panneau à l’école sur la non-discrimination; organiser un petit-déjeuner pour lutter contre la solitude à l’école, emmener les jeunes découvrir la culture et offrir des loisirs, nettoyer les plages de Rio et réutiliser les déchets; à travers des performances artistiques, discuter du problème du sexisme au sein des familles, organiser des séances de débat sur le racisme, lancer une campagne en ligne sur la violence envers les jeunes. La crise du corona a mis un terme à la mise en œuvre effective des actions, mais ce processus se poursuivra à l’avenir, également avec d’autres groupes de jeunes. De cette manière, KIYO veut encourager autant de jeunes que possible à endosser une citoyenneté mondiale active.

 

Tous ensemble pour réaliser les droits des enfants!

KIYO soutient les organisations qui travaillent pour ou avec les enfants et les jeunes dans la coopération au développement, le monde du voyage et le secteur de l’enseignement ou de la jeunesse pour que ceux-ci contribuent encore plus à la réalisation des droits de l’enfant à travers leurs activités.

De nombreuses organisations de coopération au développement, du monde du voyage et du secteur de l’enseignement ou de la jeunesse travaillent pour ou avec les enfants et les jeunes. Il n’est pas rare qu’ils entrent en contact direct avec ce groupe, ce qui comporte à la fois des opportunités et des risques pour leur bien-être et la réalisation de leurs droits.

KIYO aide ces organisations à voir leur fonctionnement actuel d’un nouveau point de vue et à initier une réflexion à ce sujet. Le cadre des droits de l’enfant est utilisé pour cela. Ensemble, nous travaillons pour créer une culture des droits de l’enfant au sein de leur organisation et de leurs activités. Nous considérons l’impact direct et indirect de leur effet sur le bien-être des enfants et des jeunes. KIYO agit en tant que facilitateur en offrant un soutien échelonné et intensif afin de parvenir à un ancrage permanent des droits de l’enfant dans l’organisation.

Les intérêts des enfants et des jeunes sont au cœur de cela : comment éviter de porter atteinte aux droits des enfants et des jeunes, et comment les acteurs peuvent-ils contribuer à la réalisation de leurs droits ? Par exemple, sous le prisme des droits de l’enfant, nous analysons si la culture et les activités d’une organisation contribuent à la participation effective des enfants et des jeunes et si une réflexion suffisante a été accordée à leur protection. Ensemble, nous cherchons des solutions pour surmonter certains obstacles ou défis et contribuer ainsi à la réalisation des droits des enfants.

 

Citations:

« KIYO nous a appris à toujours faire l’exercice de partir des droits de l’enfant dans toutes les décisions ou actions que nous avons prises ou mises en place avec les équipes au Sénégal. Ce que nous voulions était-il vraiment dans l’intérêt supérieur de l’enfant? Leur avons-nous demandé? Qu’en ont-ils pensé eux-mêmes? Que voulaient-ils eux-mêmes? S’il y a une chose que nous avons apprise dans ce processus, c’est: demandez-vous toujours ce que veut l’enfant et ce qu’il en ressent. » – Afractie, organisation du 4e pilier (initiative populaire de solidarité internationale)

 

« L’analyse de nos projets du point de vue des droits de l’enfant m’a fait réaliser que la participation des enfants et des jeunes représente plus que leur présence et qu’il faut écouter ce qu’ils ont à dire. Nous devons en tenir compte – toujours. C’est pourquoi nous devons continuer à sensibiliser nos partenaires locaux à l’importance des droits de l’enfant. » –  Représentant pays Solidagro – Sénégal

 

« KIYO a contribué au cadre d’inspiration sur « les droits des enfants et les stages dans le Sud » que nous avons développé avec VLOHRA chez UCOS. L’expertise de KIYO dans le travail à partir d’une approche des droits de l’enfant avec des partenaires du Sud a apporté une énorme valeur ajoutée à ce texte. Nous sommes impatients de poursuivre cette collaboration dans les années à venir pour rendre la mobilité internationale des étudiants de l’enseignement supérieur respectueuse des droits de l’enfant. » – UCOS (Centre universitaire de coopération au développement)

Du voyage de solidarité aux actions solidaires

Voir de ses propres yeux des injustices et des violations des droits humains fait naître une volonté profonde d’agir en solidarité avec les peuples qui les subissent, notamment à travers des campagnes internationales portées par les mouvements sociaux de ces pays. C’est ce que Viva Salud a constaté après de nombreux voyages de solidarité dans ses pays partenaires, notamment en Palestine. 

Les voyages de solidarité : être témoin d’injustices

Depuis plusieurs années, Viva Salud organise des voyages de solidarité en Palestine à destination de membres déjà engagé.e.s dans des mouvements sociaux, comme Comac, RedFox, Intal et Médecine pour le Peuple (MPLP).

Pendant ces voyages, les participant.e.s sont des témoins direct.e.s des violations de droits humains commises par l’occupation israélienne à l’encontre du peuple palestinien. Ils ont l’occasion de mieux comprendre le contexte de la résistance palestinienne contre les politiques de colonisation israélienne, les différentes formes de répression à l’encontre du mouvement social palestinien, d’aller à la rencontre d’acteurs et actrices de terrain qui luttent pour la libération de leur peuple et de leurs terres.  

> Regarder le témoignage de Comac

 

Échanger de bonnes pratiques et se renforcer mutuellement

C’est aussi un bon moyen d’échanger de bonnes pratiques sur les luttes menées en Palestine et en Belgique ainsi que de se renforcer les un.e.s et les autres : Comment mieux s’organiser et mobiliser le plus de monde possible ? Quelles techniques mettre en place pour être visible ? Comment forcer les décideur.e.s politiques à écouter nos revendications ? Comment rester ancré dans les luttes locales tout en faisant des connections avec des luttes plus globales? Comment avoir un impact clair et concret ? Comment maintenir l’engagement des membres du mouvement ?

Et comment mieux mener des campagnes de solidarité ici en Belgique avec le peuple palestinien ?

 

La solidarité internationale avec le peuple palestinien

Plusieurs des mouvements avec lesquels Viva Salud collabore sont très actifs sur des campagnes internationales de solidarité avec le peuple palestinien et défendent le principe simple selon lequel les Palestinien.ne.s ont les mêmes droits que le reste de l’humanité. Aux côtés du mouvement social palestinien, ils appellent à imposer une pression non violente sur Israël, jusqu’à ce que celui-ci respecte le droit international et mette fin à l’apartheid et à l’occupation. 

 

La campagne contre l’Eurovision en Israël

En 2018, la chanteuse israélienne Netta remportait le concours Eurovision de la chanson. « L’année prochaine, nous fêterons ensemble la diversité à Jérusalem ! » a-t-elle déclaré fièrement. Cette déclaration choquante pour qui connaît le contexte de colonisation israélienne en cours à Jérusalem, s’inscrit dans la volonté d’Israël de redorer son image et d’être considéré comme un État « comme les autres ». Mais Israël n’est pas un État comme les autres. Depuis plus de 70 ans, Israël colonise la Palestine, oppresse son peuple et a mis en place un système d’apartheid.

Pour le mouvement social palestinien et ses allié.e.s, il était moralement et politiquement inacceptable que le concours Eurovision de la chanson se déroulerait en Israël. Une campagne internationale de boycott a donc été lancée.

De nombreuses actions ont été organisées dans plusieurs pays européens dont une grande action en Belgique le 14 mai 2019. Les militant.es ont installé des checkpoints symboliques à la VRT et la RTBF pour protester contre la diffusion du concours de l’Eurovision de la chanson en Israël. Pendant l’action, les activistes se sont déguisés en soldats israéliens et prisonniers palestiniens pour dénoncer les politiques d’Aapartheid et d’occupation menées par l’Etat israélien. « L’image positive qu’Israël montre est incompatible avec la réalité, celle où Israël occupe et réprime militairement les Palestiniens depuis des décennies. Une chaîne publique a le devoir de ne pas se rendre complice de cela. Ne pas participer est un message puissant » – Véronique Coteur, Intal.

Parmi les militant.e.s de l’action, plusieurs mouvements sociaux étaient présents, dont certains avaient participé aux voyages de solidarité organisé par Viva Salud en Palestine. Pour beaucoup, la participation à cette campagne prenait racine dans la volonté d’aider les Palestinien.ne.s à renverser le rapport de force et obliger Israël à respect le droit humanitaire et international. Il est également important en tant que mouvements sociaux belges et européens que nos États et entreprises ne soient pas complices de ces violations commises par Israël.

Approche basée sur les droits de l’enfant

KIYO utilise un cadre de référence basé sur des principes et des domaines d’actions, ancré dans la Convention Internationale relative aux droits de l’enfant (CIDE) des Nations Unies  pour travailler avec et pour les enfants. Ce cadre est le noyau de nos activités programmatiques et intègre les droits des enfants dans toutes nos politiques, processus et pratiques. KIYO travaille selon cette approche afin que les enfants et les jeunes deviennent des acteurs dans la réalisation et la jouissance de leurs droits.

Powerpoint – Approche basée sur les droits de l’enfant

Charte – Approche basée sur les droits de l’enfant

Les jeunes célèbrent le 30e anniversaire de la Convention relative aux droits de l’enfant

Nous avons posé une question aux jeunes de Belgique, du Burundi, du Brésil, des Philippines et du Maroc : « Comment être le changement que vous voulez voir dans le monde ». Leurs réponses varient de l’éducation à la non-discrimination à l’égard des filles, de l’incitation des jeunes à faire plus pour leur communauté à respecter les autres tels qu’ils sont, …

Solidagro et l’agroécologie

Solidagro œuvre pour le droit à l’alimentation de par le monde. Vous découvrirez dans le texte ci-dessous comment nous nous y prenons et quel rôle y jouent des concepts comme la sécurité alimentaire et l’agroécologie. Ne manquez pas non plus de visionner la vidéo qui donne également la parole à nos partenaires !

Solidagro et l’agroécologie selon les principes de l’approche basée sur les droits

Avec des organisations partenaires locales en Belgique, en Bolivie, au Burkina Faso, aux Philippines, au Mali et au Sénégal, Solidagro œuvre pour le droit à l’alimentation de par le monde, en soutenant et en renforçant la transition vers l’agroécologie. Solidagro et ses partenaires le font en renforçant les organisations paysannes, les communautés et les autorités dans le développement et la diffusion de l’agroécologie via des programmes agricoles, l’éducation, la sensibilisation et en influençant la politique. Le droit à l’alimentation implique que Solidagro utilise l’approche par les droits comme fil conducteur de sa stratégie et de ses interventions. La suite de ce texte explique les quelques concepts que Solidagro utilise comme outils dans son travail. Et pour finir, vous trouverez une vidéo dans laquelle des partenaires de Solidagro parlent de leur collaboration avec cette organisation.

 

Sécurité alimentaire

Le droit à une nourriture appropriée est un droit humain fondamental et universel qui s’applique à tout individu et tout groupe au sein de la population. Ce droit, reconnu par différents traités internationaux, est basé sur la Déclaration Universelle des Droits Humains (DUDH) et sur le Traité international relatif aux Droits économiques, sociaux et culturels.

Le droit à une nourriture appropriée implique la sécurité alimentaire, ce qui signifie que tous les êtres humains, à tout moment, aient accès à de la nourriture suffisante, sûre et nourrissante, acceptable au sein d’une culture donnée pour satisfaire les besoins quotidiens pour pouvoir mener une vie active et saine. En outre, un environnement pacifique et stable sur les plans politique, social et économique est essentiel afin que les états puissent donner la priorité nécessaire à la sécurité alimentaire et à l’élimination de la pauvreté. La démocratie, le développement et la protection de tous les droits humains et des libertés fondamentales sont nécessaires pour procurer à tous une sécurité alimentaire durable. De là est né le concept de la souveraineté alimentaire.

 

Définition de la souveraineté alimentaire

Via Campesina, une organisation paysanne internationale, décrit la souveraineté alimentaire en ces termes : « C’est le droit pour les personnes, les communautés et les pays à déterminer de manière indépendante leur propre politique sur le plan de l’agriculture, du travail, de la pêche, de l’alimentation et de la terre, qui soit conforme à leurs propres conditions écologiques, sociales, économiques, culturelles et uniques. »[1]

 

Sécurité alimentaire ou souveraineté alimentaire ?

La plus grande différence entre sécurité et souveraineté alimentaire concerne la donnée de la concentration de pouvoir. La sécurité alimentaire est un concept assez neutre sur le plan des relations de pouvoir. Elle ne condamne ni les relations de pouvoir économiques présentes au sein des marques alimentaires et du commerce alimentaire mondial, ni la propriété des sources essentielles nécessaires pour la production alimentaire, comme la terre et l’accès à l’information. La souveraineté alimentaire, par contre, se base sur la protection des moyens de production propres et l’implication des product.rice.eur.s et des consommat.rice.eur.s dans la politique agricole et alimentaire d’un pays ou d’une région. Cela conduit à des relations de pouvoir plus équilibrées au sein des marques alimentaires, tant sur le plan intérieur que dans le commerce international de produits agricoles. Aujourd’hui, Solidagro fait le choix du concept de la souveraineté alimentaire parce que les objectifs, les stratégies et les engagements vis-à-vis du droit à l’alimentation dépassent largement la définition limitée de la sécurité alimentaire. Ce concept est perçu comme un cadre politique qui assure la sécurité alimentaire en s’attaquant aux raisons profondes de la faim et de la pauvreté. La souveraineté alimentaire recouvre donc le vrai droit à l’alimentation.

 

Agroécologie

Pour Solidagro, l’agroécologie constitue la meilleure façon de garantir à chacun le droit à l’alimentation.

La CIDSE (Coopération Internationale pour le Développement et la Solidarité) décrit ainsi l’agroécologie: 

  • une approche d’analyse scientifique, 
  • une série de principes améliorant la résistance et la durabilité des systèmes alimentaire et agricole
  • et un mouvement socio-politique.

On peut voir l’agroécologie comme l’effet d’une mise en œuvre commune de quatre dimensions, écologique, socio-culturelle, économique et politique.

Pour plus d’informations à ce sujet, on peut consulter le document que la CIDSE a publié en 2018[2].

 

En résumé

Pour Solidagro, la crise sociale, écologique et économique actuelle demande un changement radical de nos systèmes agricole et alimentaire. C’est pourquoi il est important de s’attaquer en même temps aux quatre dimensions de l’agroécologie. L’agroécologie doit donc être considérée comme un tout indivisible, comme une approche holistique.

L’agroécologie contribue à résoudre les causes profondes des défis auxquels notre société est confrontée aujourd’hui, elle remet en question les structures de pouvoir existantes. Solidagro fait dès lors le choix de travailler à partir de l’agroécologie prise comme un tout, parce qu’il est possible ainsi d’arriver à des effets colossaux et positifs sur les droits humains, et en particulier sur la réalisation du droit à l’alimentation.

 

Illustration : Solidagro et l’agroécologie

Cette vidéo montre une journée « food & fun » organisée par Solidagro pour ses partenaires, bénévoles et sympathisants. Plusieurs de nos partenaires parlent de l’importance de l’agriculture durable, d’une alimentation saine, de l’agroécologie et de la collaboration internationale.


[1] Définition de La Via Campesina. Cette définition a été confirmée dans le document “Food Sovereignty Framework: concept and historical context “ qui a été présenté lors du premier Forum international de la souveraineté alimentaire à Nyéléni en 2007.

La coopération au développement durable : une question de droits

Lorsque nous parlons de coopération au développement ou de solidarité internationale, le mot « droits » apparait tout de suite. Pourtant, dans la pratique, nous voyons encore trop souvent des projets qui veulent résoudre certains problèmes sans s’attaquer aux causes. C’est pourquoi Viva Salud, KIYO et Solidagro ont réalisé une vidéo avec Docwerkers pour expliquer pourquoi l’approche basée sur les droits est si importante pour la coopération au développement durable.

Les 4 piliers de l’approche basée sur les droits

Cette vidéo est basé sur un texte de vision rédigé par Viva Salud, KIYO et Solidagro. Nous y décrivons les 4 piliers de notre approche basée sur les droits, piliers qui se retrouvent dans les rubriques de ce site web consacré à l’approche basée sur les droits. Il s’agit des piliers suivants :

  • Parler de droits plutôt que de besoins
  • Le rôle des autorités
  • L’importance de l’analyse
  • L’empowerment comme stratégie de mobilisation

 

5 stratégies pour revendiquer ses droits

Dans ce texte de vision, nous présentons également les 5 stratégies qui nous semblent essentielles pour l’appliquer dans le secteur de la coopération au développement :

  • Le renforcement des capacités
  • L’empowerment
  • Les services directs
  • Le plaidoyer
  • Le renforcement de l’assise sociétale

 

L’approche basée sur les droits appliquée à la crise du corona

La pandémie de corona est une histoire de droits humains. Pour faire face à la crise, ces droits ont été mis sous pression à différents niveaux et endroits dans le monde, et en particulier pour les groupes les plus fragiles. C’est pourquoi l’approche basée sur les droits nous inspire également dans la lutte contre le coronavirus et ses conséquences sociales, économiques et politiques.

Cette approche basée sur les droits est aussi pertinente dans le contexte de la pandémie. Les conséquences de cette pandémie pour les droits humains sont énormes.

 

Si nous voulons faire de la lutte contre le coronavirus une réussite, nous devons donc envisager les choses du point de vue des droits humains. Ce point de vue nous aide à voir les racines de l’inégalité. Au lieu de parler des besoins de la population, l’approche basée sur les droits dévoile les injustices structurelles de la crise du corona. Comment pouvez-vous, par exemple, respecter les mesures de quarantaine et d’hygiène si vous vivez à sept dans une pièce ? Et si vous devez partager les toilettes avec des dizaines d’autres personnes dans un camp de réfugiés ?

 

En regardant la situation à travers l’approche basée sur les droits, nous identifions les acteurs qui portent la responsabilité de défendre, protéger et réaliser nos droits. Si nous reconnaissons que quelqu’un dispose d’un droit, les détenteurs de droits, nous reconnaissons de fait que quelqu’un d’autre a un devoir, les porteurs de devoirs. La crise du corona a montré que les principaux porteurs de devoirs sont les autorités. Elles sont garantes des droits de la population et peuvent décider de limiter temporairement les droits et libertés fondamentales en période de crise.

 

Enfin, l’approche basée sur les droits met la population au centre. C’est une approche qui part du potentiel des gens à se renforcer afin de réaliser leurs droits et de surmonter leur dépendance éventuelle d’une aide en s’organisant. Les citoyens deviennent des acteurs de changement plutôt que des victimes passives. Dans différents pays comme au Brésil, en Palestine ou Congo par exemple, les jeunes font du porte-à-porte pour distribuer des kits de matériel hygiénique pour lutter contre la propagation du virus.

 

Dans de nombreux endroits du monde, nous voyons des citoyens agir et descendre dans la rue pour exiger du gouvernement qu’il modifie sa politique afin que leurs droits soient respectés. Ce n’est que lorsque les gens s’unissent et défendent leurs droits qu’ils peuvent les faire valoir et que des changements structurels sont possibles.

 

> Découvrez notre texte de vision sur l’approche basée sur les droits

Empowerment : Tous ensemble pour la santé

Empowerment. Vous trouverez les définitions les plus divergentes. Certains l’associent à la confiance en soi ou à l’autonomie, d’autres à la participation ou à la mobilisation, d’autres encore à la libération. Mais savez-vous ce qui est le plus étonnant ? On rencontre très rarement dans ces définitions une allusion au « power », à la question du pouvoir. Suffisamment de matière à analyser. 

Ce constat a intrigué Viva Salud. Il y a quelques années, cette ONG avait décrit l’essence de son travail comme « empowerment pour le droit à la santé ». Il s’avère, dès lors, que cette terminologie est fort susceptible d’être interprétée de diverses manières.

 

Le concept d’« empowerment » apparaît dans divers exemples historiques de lutte sociale et collective contre l’injustice. Aujourd’hui, le terme est de plus en plus utilisé dans un contexte de changement individuel. On n’y trouve plus la notion de changement politique qui occupait une place si centrale dans l’origine du concept.

 

Certains ont des doutes quant à savoir si cela a du sens de revendiquer à nouveau, pour ce terme, sa signification d’origine. Viva Salud pense que oui. Primo, nous avons besoin d’un mot qui porte en lui le terme « pouvoir ». Secundo, c’est aussi une façon de maintenir vivant et animé le débat sur la manière dont se passe réellement le changement.

 

Les années d’expérience de Viva Salud avec des partenaires qui utilisent l’empowerment comme stratégie dans leur lutte pour le droit à la santé étaient et sont toujours une source très riche d’inspiration dans le développement de la vision sur l’empowerment et le changement social de Viva Salud. C’est sur base de cette expérience que Viva Salud entend décrire sa propre vision de l’empowerment.

 

Dans la présente brochure, vous trouverez une synthèse de ces idées, illustrée d’exemples tirés de la pratique des partenaires de Viva Salud au Congo, aux Philippines, en Palestine, en Amérique latine, à Cuba, mais aussi des exemples captivants de lutte sociale ailleurs dans le monde.

 

L’empowerment concerne pour l’essentiel les rapports de force et l’élaboration de stratégies pour transformer ces rapports et formuler des alternatives en vue d’une société plus juste sur le plan social. La brochure présente des expériences concrètes de la façon dont nos partenaires abordent la chose mais le contexte dans lequel se situe la lutte pour la justice sociale est très important et peut fortement différer. Il n’existe donc pas de livre de recettes pour l’empowerment. Nous citons quelques ingrédients de base, mais chacun devra assaisonner la sauce à son goût, en fonction des circonstances locales.

 

> Téléchargez la brochure