Des campagnes plus fortes grâce au Comité de coordination des campagnes aux Philippines

Le Comité de coordination des campagnes (CCC) est composé des membres des 3 organisations belges Viva Salud, KIYO et Solidagro, qui sont actives au sein d’un même programme aux Philippines. Le CCC a pour objectif d’assurer le succès de campagnes basées sur la défense des droits. Il se compose de membres des partenaires et de deux représentant.e.s par organisation belge. Il fonctionne comme un groupe libre qui prend en charge le défi de coordonner les plans communs et les activités des campagnes des partenaires. La tâche principale du CCC est de faciliter l’implémentation de campagnes communes sur le droit à la santé, le droit à l’alimentation et les droits des enfants.

Les partenaires ont chacun leur propre expertise et des niveaux différents de capacités et d’aptitudes en ce qui concerne les campagnes de défense des droits et la gestion de ces campagnes. Certains parmi eux travaillent déjà ensemble, plus particulièrement pour mettre sur pied les campagnes et la mobilisation des masses. Mais cela ne se passe pas de façon systématique et ne concerne pas toujours tou.te.s les act.rice.eur.s pertinent.e.s. Pourtant, maximaliser et rendre complémentaires les capacités des partenaires, avec leur objectif commun en ligne de mire, augmenterait fortement les résultats et l’impact de leur travail.

 

Le CCC a permis une bonne collaboration tout au long des campagnes. La collaboration entre certains partenaires existait déjà avant la création du CCC, mais grâce à ce dernier, la systématisation et l’institutionnalisation des liens mutuels et la collaboration sont devenues possibles. La communication entre les partenaires a également pu s’intensifier pour ce qui est de sujets sensibles sur le plan des droits et des priorités politico-sociales. Cela a amélioré les possibilités de réaction aux changements de contexte ou à des menaces inattendues ou des violations des droits. Le CCC est un groupe au sein duquel tous les partenaires occupent une même position. Le but du groupe est de discuter des priorités et des stratégies de défense et d’améliorer la mise sur pied des campagnes menées par les partenaires. A l’intérieur de ce programme, le CCC fournit un forum pour la discussion, orienté vers l’échange d’informations, d’idées et d’analyses du contexte, tout en faisant abstraction des budgets des partenaires et du suivi de certains sujets.

 

Le CCC peut améliorer la communication et la compréhension mutuelle entre des partenaires dont le contexte diffère, qui ont une approche différente des choses, surtout entre des organisations nationales et régionales/locales. Le CCC demande un engagement actif de tous les partenaires par rapport à des défis et sujets spécifiques et/ou partagés. La coordination des partenaires est d’une importance cruciale pour le succès du travail des partenaires de Viva Salud, KIYO et Solidagro aux Philippines, et le CCC a un rôle à y jouer.

 

Certains sujets ou études peuvent être traitées par le CCC ou être confiés à des instances ou experts externes. Cela concerne principalement l’analyse institutionnelle de certaines affaires sociales ou de leur caractère légal, la mise en place d’une certaine façon d’agir et la défense de certaines opportunités ou défis. Ceux-ci peuvent contribuer à améliorer la compréhension mutuelle entre organisations de la société civile et les autorités locales ou nationales. De cette façon, il y a plus de chances d’échanger les informations et de mener à bien les négociations. Une meilleure analyse des possibilités institutionnelles et légales contribuerait également à approcher les instances gouvernementales de façon plus directe, tout particulièrement les instances qui ne sont pas comprises actuellement dans les organisations sociales.

Les militant.e.s des droits humains aux Philippines s’opposent à la loi anti-terrorisme

Le vote d’une loi anti-terrorisme en juillet 2020 a rendu encore plus vulnérables les militant.e.s des droits humains qui se battent justement pour une loi qui les protège, particulièrement dans le climat d’impunité qui règne aujourd’hui aux Philippines.

En 2019, avec d’autres organisations de la société civile, Karapatan a remporté une victoire importante lorsqu’un projet de loi protégeant les défenseur.e.s des droits humains a été approuvé à l’unanimité par les membres de la Chambre des Représentants. Ce projet de loi des Défenseur .e.s des Droits Humains (DDH) a pour objectif d’obliger l’État à protéger ces personnes et à constituer des recours légaux en cas de violation de leurs droits.

 

Ce projet de loi cherche aussi à proposer des mesures de réparation pour les femmes militantes des droits humains et les activistes de la communauté LGBTQIA++, victimes d’attaques sexuelles basées sur le genre. Cette loi est passée dans une ambiance de harcèlement croissant et de campagnes de dénigrement du gouvernement philippin contre les défenseur.e.s des droits humains.

 

L’assassinat récent de Zara Alvarez, membre de Karapatan et personnalité connue pour la défense des droits humains, a mis en lumière la situation difficile des défenseur.e.s des droits humains sous le gouvernement actuel. Alvarez est la 13e collaboratrice de Karapatan tuée sous l’administration Duterte.

 

Obstacle au projet de loi
Le projet de loi homologue au Sénat reste cependant en attente depuis son introduction en 2018 par la sénatrice Leila De Lima, elle-même militante des droits humains et voix critique contre le président Duterte. De Lima est en détention depuis trois ans déjà sur base d’accusations montées de toutes pièces selon les défenseur.e.s des droits. Aux Philippines, les projets de loi deviennent des lois après approbation de la Chambre des Représentants comme du Sénat.

 

Malgré cet obstacle, Karapatan a poursuivi ses efforts de lobbying auprès des législateurs pour faire passer cette loi et a porté cette cause dans la rue pour attirer l’attention du public sur la situation difficile des défenseur.e.s des droits humains. Dans le cadre de son engagement au sein des mécanismes des droits humains des Nations Unies, comme l’Examen Périodique Universel, Karapatan a constamment souligné l’urgence à faire pression sur le gouvernement philippin pour qu’il acte la loi DDH, étant donné la dégradation des droits humains dans le pays.

 

« Cette loi met en évidence de façon globale les besoins et les menaces qui pèsent sur le travail de défense des droits face à des attaques menées par l’État, et elle représente une mesure vitale pour la population, les communautés et les défenseur.e.s des droits pour pouvoir poursuivre notre travail. Nous sommes criminalisés et stigmatisés comme « ennemis de l’État », « terroristes », « déstabilisateurs » et autres étiquettes pour justifier les attaques contre nous, menées sous couvert de programmes anti-insurrectionnels et d’autres politiques répressives. Il s’agit d’un effort orchestré et systématique en vue de discréditer les DDH et tout cela est fait méthodiquement pour nous enlever nos voix », a déclaré Tinay Palabay, Karapatan.

 

Loi anti-terroriste
En juillet 2020, alors que le pays luttait contre la pandémie de COVID-19 et que les violations des droits augmentaient en raison de la réponse militarisée du gouvernement à la crise sanitaire, le président Duterte a signé la loi anti-terrorisme. Les groupes de défense craignaient que le gouvernement n’utilise cette loi pour poursuivre les opposants et museler la contestation. Tandis qu’ils continuent à revendiquer le passage de la loi DDH, les défenseur.e.s des droits sont devenus plus vulnérables suite au passage de la loi anti-terrorisme, particulièrement dans le climat d’impunité qui règne actuellement dans le pays.

 

Impact sur les défenseur.e.s des droits
Jigs Clamor, secrétaire général adjoint de Karapatan, a expliqué en détails la façon dont cette loi impacterait les défenseur.e.s des droits humains et leurs revendications :

  • Sous la définition très large et vague du terrorisme, le gouvernement peut tout simplement ignorer les droits garantis par la loi DDH et ses obligations de protéger les défenseur.e.s des droits dès qu’un.e militant.e ou une organisation est qualifié de terroriste.
  • Une fois qualifié de terroriste, un.e militant.e des droits humains peut être soumis à de la surveillance, victime d’arrestation non fondée et de détention sans accusation pour une durée de plus de 14 jours.
  • Le gouvernement peut geler les comptes bancaires d’individus ou d’organisations qu’il qualifie de terroristes et bloquer les sources de leurs fonds, tant de l’étranger que locales.

 

A cet égard, la loi anti-terrorisme rendra plus facile les atteintes du gouvernement aux revendications des droits humains et à la protestation. Même avant l’introduction de cette loi, Karapatan et d’autres organisations progressistes ont eu à faire face à différentes accusations du gouvernement, alors que la Cour continue à ignorer leur demande d’introduire des recours contre le harcèlement incessant des militant.e.s des droits humains par les forces de la sécurité d’état.

 

Opposition croissante
S’il y a quelque chose que le gouvernement n’a pas anticipé, c’est à quel point la loi anti-terrorisme a soulevé l’indignation de la population et rassemblé différents secteurs de la société dans l’opposition et la critique de cette loi : depuis les grands groupes industriels jusqu’aux petits fermiers et pêcheurs, étudiants, ecclésiastiques, populations indigènes, communautés urbaines pauvres, communautés musulmanes, avocats, enseignants, employés, des personnalités connues et beaucoup d’autres encore. Dans l’histoire récente, aucune autre mesure législative n’a rencontré une opposition publique aussi forte.

 

Des pétitions ont afflué à la Cour Suprême pour que l’on stoppe la mise en œuvre de la loi. Les plateformes des médias sociaux sont pleines de posts détaillant les impacts de la loi et les dangers qu’elle représente pour les droits humains et la liberté. Des activistes ont défié les restrictions dues au COVID-19 quant aux rassemblements sociaux pour organiser des protestations de masse contre la loi.

 

“Malgré les efforts du pouvoir pour diaboliser les défenseur.e.s des droits, finalement, nous sommes des Philippins ordinaires – enseignant.e.s, prêtres, syndicalistes, artistes, travailleuses et travailleurs de la santé, leaders indigènes, fermières et fermiers, entre autres. Nous ne sommes pas des ennemis mais nous sommes des acteurs d’un développement constant en faveur d’une vie digne pour tou.te.s. Nous rendons publiques les violations des droits humains et exigeons que les porteu.se.rs de devoirs assument leur responsabilité. Nous sommes témoins de violations plus nombreuses des droits humains, de politiques répressives et du rétrécissement de ce qu’on appelle l’espace civique, et ce sont là des signes révélateurs de la nécessité de lutter pour les droits de base et les libertés fondamentales de la population, dans toutes les tribunes possibles, y compris sur la scène législative », déclare Palabay.

 

Philippines : l’art dans la lutte pour les droits humains
Aux Philippines, Viva Salud soutient des mouvements sociaux qui défendent les droits humains. Karapatan, l’organisation des droits humains la plus importante du pays, est un de ces partenaires. Dans cette vidéo, la directrice Cristina Palabay explique le rôle de la culture et de toutes sortes de formes d’art dans leur lutte pour les droits de l’homme aux Philippines.

La plateforme sur la protection de l’enfance crée sa propre base de données pour faire le plaidoyer d’une approche droit

Pour pouvoir faire un plaidoyer basé sur des preuves et des faits probants, la Plateforme Convention Droits de l’Enfant Maroc (PCDE) a créé sa propre base de données sur la situation de l’enfance au Maroc.  

La Plateforme Convention Droits de l’Enfant Maroc (PCDE) est un réseau d’organisations de la société civile œuvrant au Maroc dans le domaine de la protection de l’enfance. Amane, partenaire de KIYO est un membre très actif de cette plateforme. Ses membres se sont également réunis pour suivre et appuyer la mise en œuvre de la Politique Publique Intégrée de Protection de l’Enfance au Maroc, en accord avec les principes énoncés dans la Convention internationale des droits de l’enfant. La plateforme et ses membres visent à améliorer les conditions des enfants en situation de vulnérabilité (enfants sans protection familiale, en situation de handicap, en détresse, exploités, sans papier, migrants, victimes de violence, et tout autre type de vulnérabilité) et de leurs éventuelles familles.

 

Des données fiables, cohérentes et actualisées sur la situation des enfants sont très peu disponibles au Maroc. Pour combler ce vide, la PCDE a construit une base de données « Atal Data » pour pouvoir ressortir des données sur la situation de l’enfance au Maroc. Les membres de la Plateforme fournissent des données dans les différentes thématiques (libertés et droits civils, violences à l’égard des enfants, milieu familial et protection de remplacement, mesures spéciales de protection, santé et handicap et éducation, loisirs et activités culturelles). Ces informations se trouvent dans la réalité de leurs interventions.

 

L’analyse des données récoltées sert de base pour la rédaction d’un Rapport Alternatif pour le rapportage périodique du Maroc au Comité de droits de l’enfant à Genève. Chaque association peut également utiliser les données qu’elle aura saisies pour son propre plaidoyer afin de rendre celui-ci plus solide et plus efficace. Amane, en concertation avec ses partenaires, a aussi élaboré un guide plaidoyer, y inclus un cahier pour les jeunes, afin de faciliter ce travail de plaidoyer.

 

Cette base de données permet à la plateforme et aux organisations de la société civile de faire un plaidoyer sur la base de données qui reflètent la réalité et qui aide à analyser les causes structurelles des injustices et des violations des droits. Les droits des enfants sont la base de leur analyse de l’inégalité et de l’injustice. Ce modèle permet d’identifier des détenteurs de droits dont les droits sont violés et des titulaires d’obligations responsables et de ce qui est nécessaire pour initier un changement. Le cadre normatif de la Convention internationale des droits de l’enfant leur permet d’analyser la situation de l’enfance d’un point de vue des droits non respectés plutôt que d’un point de vue de besoins à satisfaire. 

Inès, actrice de changement au sein de la jeunesse palestinienne

Voici le témoignage d’Inès qui démontre combien devenir acteur de changement, s’investir au sein d’un mouvement et être reconnue au sein du mouvement social est important pour la jeunesse palestinienne.

Je m’appelle Inès et j’ai 19 ans. Je suis étudiante à l’université de Birzeit en économie et je suis également membre d’un mouvement d’étudiants de mon université.

 

Je viens d’une famille engagée, ma grande sœur Lama par exemple est animatrice de « Radio No Frequency » qui fait des satyres politiques radiophonique sur la Palestine. Elle a déjà voyagé plusieurs fois en Europe dont en Belgique pour sensibiliser le public européen aux réalités de l’occupation. Avec elle comme exemple, j’ai décidé de m’engager et d’œuvrer pour la libération nationale.

 

J’ai suivi plusieurs formations et participé à plusieurs activités de volontariat organisées par l’ONG Bisan. J’ai ainsi appris à mieux m’exprimer en public, à tenir des réunions, à faire une cartographie des problèmes auxquels les jeunes sont confrontés dans mon environnement proche et à les mobiliser pour trouver des solutions.

 

En novembre 2018, Yasmine de Bisan m’a proposé de participer à l’Assemblée générale du Mouvement Populaire pour la Santé à Dakha, au Bangladesh. C’est une formidable opportunité pour une jeune étudiante comme moi mais cela m’a aussi rendu fière de moi.

 

Yasmine m’a demandé de présenter un atelier sur les conditions de santé des prisonniers politiques palestiniens. Ce thème est important pour moi car je connais beaucoup de jeunes qui sont détenus en prison administrative, certains depuis plusieurs années. Pendant l’atelier, je me suis rendue compte que beaucoup de personnes sont solidaires avec la Palestine et qu’ils veulent savoir comment soutenir notre droit à l’auto-détermination depuis chez eux.

 

Au final, mon engagement dans mon mouvement et ma présentation à Dakha m’ont fait réaliser qu’en tant que jeunes, nous avons un énorme potentiel pour amener le changement en Palestine. Pour ma part, je me sens prête !

Palestine : lutte pour une assurance santé pour tous

La situation sanitaire des Palestiniens est fortement impactée par l’occupation militaire israélienne. Il existe cependant des choix que l’Autorité Palestinienne peut faire pour améliorer le système sanitaire.

Dépendant des soins de santé israéliens

L’accès aux services de santé est limité à cause de problèmes aux checkpoints, ou parce qu’il est interdit de construire des hôpitaux dans certaines régions. L’accès aux médicaments de base et à l’équipement médical est limité parce qu’Israël en complique ou en retient l’importation.

De ce fait, de nombreux Palestiniens dépendent des soins de santé israéliens pour certains traitements mais ne reçoivent pas toujours les autorisations de déplacement nécessaires (à Gaza, 39% des demandes ont été refusées en 2018, 18% l’ont été en Cisjordanie).

 

Enquêtes nationales

Il existe cependant des choix que l’Autorité Palestinienne peut faire pour améliorer le système sanitaire. C’est pour cela que les partenaires palestiniens de Viva Salud ont organisé en 2019 une vaste enquête sur l’assurance santé nationale pour déterminer si celle-ci répond aux standards internationaux et dans quelle mesure les Palestiniens en bénéficient et sont satisfaits des soins de santé publics.

Bisan, qui soutient les mouvements de jeunes, a participé à l’enquête. Ils ont organisé des discussions en groupes avec des jeunes dans cinq villes.

 

Travailler à des soins de santé publics accessibles et de qualité

Les résultats de l’enquête ont montré que plus de 60% des Palestiniens ont une assurance santé nationale mais que la moitié d’entre eux ne veulent pas la prolonger en raison de son coût. Plus de la moitié des Palestiniens bénéficiant de ce genre d’assurance vont dans des hôpitaux privés et trois quarts chez des médecins privés, même si ceux-ci sont plus chers. Cela montre qu’il y a encore du pain sur la planche pour ce qui est d’améliorer l’accessibilité et la qualité des soins de santé publics.

Des droits pour les enfants sans identité au Maroc

La société civile et le gouvernement marocain en dialogue pour assurer les droits des enfants nés de mères célibataires.

Au Maroc, les enfants nés de mères célibataires, sont souvent des enfants issus de grossesses non désirées et qui subissent une discrimination sociale grave, spécifique au statut de leur mère célibataire dans un environnement de prescription religieuse (dans laquelle la sexualité s’exerce exclusivement dans le cadre recommandé du mariage en dehors duquel la chasteté s’impose) et d’ordre social et culturel bien spécifique.  

 

Les mères célibataires et leurs enfants sont les proies de toutes les formes de violence et de discrimination. Les enfants sont voués à l’abandon social, par leurs familles et parfois leurs mères, et en tous les cas, n’échappent pas au bruit infernal de son origine « hrami », sur le chemin les destinant à la révolte, la violence et la délinquance. En outre, nombreux de ses enfants ne seront pas en ordre d’actes de naissance et ou de nom de familles et n’accèdent pas aux services de base comme les soins de santé ou l’éducation. Cette discrimination constitue une atteinte manifeste aux droits de l’enfant, portant notamment préjudice à leur droit d’exister, d’être protégé et de porter un nom.

 

De la base, l’organisation partenaire de KIYO, KARAMA pour le Développement de la Femme (KPDF), répond aux besoins de base des mères célibataires et de leurs enfants à travers un service d’accueil intégral (renforcement de capacités, accompagnement social, juridique, etc).  Egalement, à travers une approche davantage holistique de droits avec des activités de plaidoyer et de sensibilisation, l’organisation plaide en faveur des droits de la filiation parentale des enfants nés de mères célibataires. 

 

Ainsi, en réponse au récent procès susceptible de faire jurisprudence en matière de droits d’un enfant né de mère célibataire, KPDF a organisé un séminaire consacré à la discussion du droit de l’enfant né d’une mère célibataire à avoir une identité et bénéficier de tous ses droits fondamentaux.  Afin de catalyser la réflexion participative et la prise de décision, les titulaires d’obligation du Ministère de la Justice et du Ministère de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement Social et des acteurs de la société civile ont également activement participé.

Protéger les enfants sans identité et leur garantir tous leurs droits est une responsabilité que nous devons tous assumer. Dans ce sens, l’Etat, les organisations gouvernementales et non gouvernementales, les acteurs de la société civile sont tous chargés de veiller à rendre justice à cette catégorie d’enfant.

Des enfants malentendants au Maroc qui s’expriment sur leurs droits

Une approche interactive qui permet en même temps l’empowerment des enfants malentendants et la sensibilisation de leur pairs entendants.

Les enfants victimes de handicaps sont davantage vulnérables que les autre aux risques de non-respect de leurs droits. Parmi eux, les enfants malentendants au Maroc, ne bénéficient pas des mêmes « chances » pour se développer que les autres enfants. Cette discrimination constitue une atteinte manifeste aux droits de l’enfant, portant notamment préjudice à leur développement socioéconomique.

 

Les enfants sourds et muets éprouvent des difficultés de perception de soi notamment en raison de leurs grandes difficultés à communiquer, à faire valoir leurs qualités, à se faire accepter, à assumer leur différence et à occuper un rôle actif dans la société. Ils restent très dépendants de leurs proches. Ils sont également victimes de préjugés sociaux. La surdité est un handicap invisible sur lequel très peu d’informations sont disponibles. En outre, il existe encore très peu de services adaptés aux enfants malentendants.

 

L’association ATTAWASOL pour les enfants malentendants, partenaire de KIYO, organise des séances de sensibilisation d’autres enfants entendants au sein de leurs écoles par des enfants malentendants. Des outils interactifs sont utilisés pour favoriser l’échange entre les enfants. L’objectif est de sensibiliser les élèves entendants à la surdité (partielle et totale) pour d’une part lutter contre les stéréotypes et la discrimination et, d’autre part leur faire intégrer implicitement la notion de la cohésion sociale et le respect de la dignité humaine de tous les individus quel que soit leur statut, leur état ou leur niveau scolaire.

 

La notion de handicap et de différence sont discutés à travers un dessin animé sur un enfant sourd qui se trouve dans une situation reconnaissable et les enfants en discutent ensemble. Après, ils échangent sur leurs aspirations et souhaits pour le futur et découvrent qu’ils ont parfois les mêmes rêves, qu’ils veulent exercer la même profession. Ensuite, un enfant sourd et un enfant entendant essaie de dialoguer pour comprendre qu’il est important de connaître la langue des signes pour pouvoir vraiment communiquer. Ensuite, ils sont initiés à la langue des signes pour permettre un petit échange. Les enfants malentendants animent en partie la séance. Ils sont amenés à s’exprimer et à témoigner auprès des enfants n’ayant pas ce handicap, ce qui leur permet de renforcer leur confiance en leurs capacités. 

Ces échanges rapprochent les enfants les uns des autres dissipant les différences et les a priori et renforcent leur confiance et leur ouverture d’esprit tout en développant une prise de conscience sur le notions d’égalité créant un terreau favorable au développement basé sur les droits.

La prise en compte du genre : Un défi à relever au Burundi

De nos jours les femmes et filles sont encouragées à se battre pour prendre leurs places dans les sociétés où la culture, coutumes et religion sont placés sur un piédestal. Mais quels sont les leviers permettant de booster leurs initiatives ? 

Au Burundi, l’égalité de genre est mitigée car on rencontre une association d’opportunités et de défis tant au niveau du cadre légal qu’au niveau du cadre culturel et socio-normatif.

Au niveau des droits des femmes en général, le Burundi abrite un arsenal juridique diversifié, en l’occurrence la Constitution et les conventions internationales. Toutefois, au cœur des défis du moment, se trouve la méconnaissance de la loi, probablement du fait des lacunes en ce qui concerne sa diffusion et sa vulgarisation, elles-mêmes inhérentes à une carence des ressources nécessaires, aussi bien humaines que financières conformément à la taille de l’enjeu[1].

 

Au niveau de la culture, les mentalités sont relativement réfractaires sur les questions de genre. Dans la société, la place de l’homme, chef de ménage et de celle de la femme, davantage au service de son ménage, sont ancrées dans toutes les sphères de la société.  Dans ce contexte aux normes sociales rigides, les partenaires opérationnels de KIYO s’attèlent à réfléchir sur la question, sur leur position et cela permet de faire évoluer les points de vue, les mœurs et les mentalités de manière durable.

 

En collaboration avec les associations locales partenaires, KIYO met en place des stratégies pour inverser la balance et promouvoir l’égalité homme-femme dans les zones d’intervention. Au niveau des activités, l’attention est portée sur les besoins spécifiques des jeunes filles – parties prenantes au programme.  L’attention est mise aussi sur la promotion de l’égalité homme-femme dans les structures communautaires avec lesquelles le programme collabore notamment en assurant la parité dans les groupes de solidarité, les clubs de jeunes, les comités de protections de l’enfance, etc.

 

Parlant des groupes de solidarité (GS) d’épargne et de crédits, ils constituent un moyen favorisant le respect des femmes dans le contexte rural au Burundi. En effet, le projet qui met en place ces groupes de solidarité revêt une dimension inclusive en matière de genre car grâce à lui, les femmes rurales qui étaient exclues du système économique par la tradition ont pu trouver une place de choix en adhérant aux groupes de solidarité : maintenant ces femmes sont le moteur de développement des ménages et leur contribution est énorme dans la prise en charge communautaire des Orphelins et autres enfants vulnérables (OEV).

 

De plus, KIYO offre aux enfants et jeunes l’occasion de parler à haute voix des comportements d’inégalité de genre qu’ont manifesté leurs parents et leurs ainés et qui est même la cause des violences basées sur le genre observé dans certains ménages.

Ce changement de mentalité – à travers des actions de conscientisation et diverses autres stratégies – est donc le levier utilisé par le travail de KIYO au Burundi pour que les filles et femmes burundaises jouissent pleinement de leurs droits et aient accès aux mêmes opportunités que les garçons et les hommes.

[1] http://french.xinhuanet.com/2017-05/22/c_136305252.htm

Les groupements communautaires d’épargne et de crédit, source de relèvement économique et de solidarité

Au Burundi, les personnes défavorisées n’ont pas de garanties et souvent ne sont pas suffisamment informées sur les produits financiers qui peuvent améliorer leur vie. Les groupes d’épargne que KIYO organise avec ses partenaires locaux peuvent remédier à ces lacunes en rendant l’accès au système financier plus facile et moins intimidant.  

En effet, les institutions financières classiques ne sont pas toujours en mesure de répondre aux besoins de services financiers des personnes les plus démunies. Néanmoins, ces personnes ont besoin d’accéder à de petits montants d’épargne et de crédit afin de lisser leurs revenus irréguliers, d’assurer les dépenses prévues, d’investir en temps voulu et de faire face aux situations d’urgence. En créant des groupements d’entraide au sein des communautés où ils sont présents, KIYO et son partenaire local FVS-Amade crée du lien social, un ancrage de la communauté et un peu d’espoir.

 

Les groupes de solidarité sont composés d’une trentaine de membres, généralement issus du même quartier. Ils se réunissent une fois par semaine et économisent de l’argent via trois caisses différentes pendant une année. La première caisse est appelée la caisse des capitaux. Les fonds épargnés sont gardés dans une institution de microfinance (non accessible pour de petits montants) et sont divisés entre les membres qui en profitent pour effectuer une dépense extraordinaire (lié à leur vie agricole bien souvent). La deuxième caisse est un fonds de solidarité qui permet de venir en aide à l’un des membres ou à quelqu’un de sa famille (une hospitalisation, par exemple). La troisième caisse est destinée aux Orphelins et autres enfants vulnérables (OEV) de la commune et permet par exemple de leur fournir du matériel à la rentrée scolaire. La liste des OEV qui devrait en bénéficier est établie avec l’aide du CPE (Comité de protection de l’enfance) de la commune et ne concerne, a priori, pas les enfants des membres du groupement. Et quand le groupe fonctionne bien, les services d’une mutuelle de santé peuvent également y être associés.

 

« Glorieuse n’a pas fait d’étude, mais le fait qu’elle soit membre du groupement la place au même niveau que les autres. Grâce au groupement, elle est plus épanouie. Ses enfants vont à l’école et mangent à leur faim. Le fait qu’elle ait reçu une éducation financière fait qu’elle pense différemment maintenant. Elle subvient à ses besoins ».

 

Au départ, le groupe de solidarité offre une approche individuelle nécessaire pour gagner la confiance d’une population assez déstabilisée par les années de conflit. Mais, au fur et à mesure que le groupe fonctionne et prend confiance, les démarches deviennent plus collectives : de l’aménagement d’un lieu de stockage commun, jusqu’à la création d’une coopérative formée par plusieurs groupes de solidarité d’une même commune afin d’acheter une machine pour la transformation du riz. Ce groupement est également garant d’une certaine paix dans la communauté dans la mesure où les ménages bénéficiaires de ces groupements sont à l’abri de toute forme de manipulation auxquels succombent les personnes dans le besoin prêt à tout pour survivre.

La participation des enfants dans leurs communautés

Le Burundi fait partie des pays qui ont souscrit à la Convention Internationale relative au droit de l’enfant. Cette convention mentionne spécifiquement le droit des enfants à la participation dans la prise de décision les concernant.  Mais comment cette participation se manifeste-t-elle concrètement ? 

KIYO en partenariat avec L’association Jumelage Jeunesse pour le Bien Etre des enfants et des jeunes met en place des ‘clubs d’enfants et des jeunes’. Après une formation sur les droits de l’enfant, les membres des clubs d’enfants et des jeunes mettent en place des plateformes communales pour agir sur les questions problématiques relatives aux droits de l’enfant et influencer les décisions relatives aux droits de l’enfant.

 

Quelles sont ces plateformes ?

Les plateformes sont des cadres de rencontres des représentants des clubs d’enfants et des jeunes au niveau communal pour rassembler les cas de violation de droits de l’enfant dans leurs communautés en vue de les soumettre aux décideurs pour une amélioration des conditions.

 

Que font-elles ?

Ces plateformes communales analysent les actions appropriées à mener et coordonnent les activités communautaires des enfants.

Ensuite, ces plateformes communales mettent en place les plateformes zonales pour faciliter la communication sur toute l’étendue de la commune et enfin, elles choisissent un jour par mois de réunion pour échanger sur les cas déjà identifiés visant à nourrir leurs actions de plaidoyer communales.

 

Quelles actions de plaidoyer sont faites par les membres des plateformes ?

  • Après la collecte des cas de violation des droits de l’enfants dans leurs communautés, les membres des plateformes définissent les actions de plaidoyer ;
  • Ils consignent dans des lettres à adresser aux décideurs/ autorités concernés les cas de violations des droits de l’enfant constatés ;
  • Ils demandent des audiences auprès des autorités/ décideurs concernés pour présenter ces cas. Les autorités concernées étudient les cas présentés et identifient les solutions à y apporter.

A travers les clubs des enfants et des jeunes, les enfants renforcent leurs connaissances par la restitution des thématiques liées aux droits de l’enfant auprès des membres de leurs communautés après les formations qu’ils ont suivies. Ils sensibilisent également leurs pairs et les membres de leurs communautés grâce à des petites pièces de théâtre.