Au Burundi, les personnes défavorisées n’ont pas de garanties et souvent ne sont pas suffisamment informées sur les produits financiers qui peuvent améliorer leur vie. Les groupes d’épargne que KIYO organise avec ses partenaires locaux peuvent remédier à ces lacunes en rendant l’accès au système financier plus facile et moins intimidant.
En effet, les institutions financières classiques ne sont pas toujours en mesure de répondre aux besoins de services financiers des personnes les plus démunies. Néanmoins, ces personnes ont besoin d’accéder à de petits montants d’épargne et de crédit afin de lisser leurs revenus irréguliers, d’assurer les dépenses prévues, d’investir en temps voulu et de faire face aux situations d’urgence. En créant des groupements d’entraide au sein des communautés où ils sont présents, KIYO et son partenaire local FVS-Amade crée du lien social, un ancrage de la communauté et un peu d’espoir.
Les groupes de solidarité sont composés d’une trentaine de membres, généralement issus du même quartier. Ils se réunissent une fois par semaine et économisent de l’argent via trois caisses différentes pendant une année. La première caisse est appelée la caisse des capitaux. Les fonds épargnés sont gardés dans une institution de microfinance (non accessible pour de petits montants) et sont divisés entre les membres qui en profitent pour effectuer une dépense extraordinaire (lié à leur vie agricole bien souvent). La deuxième caisse est un fonds de solidarité qui permet de venir en aide à l’un des membres ou à quelqu’un de sa famille (une hospitalisation, par exemple). La troisième caisse est destinée aux Orphelins et autres enfants vulnérables (OEV) de la commune et permet par exemple de leur fournir du matériel à la rentrée scolaire. La liste des OEV qui devrait en bénéficier est établie avec l’aide du CPE (Comité de protection de l’enfance) de la commune et ne concerne, a priori, pas les enfants des membres du groupement. Et quand le groupe fonctionne bien, les services d’une mutuelle de santé peuvent également y être associés.
« Glorieuse n’a pas fait d’étude, mais le fait qu’elle soit membre du groupement la place au même niveau que les autres. Grâce au groupement, elle est plus épanouie. Ses enfants vont à l’école et mangent à leur faim. Le fait qu’elle ait reçu une éducation financière fait qu’elle pense différemment maintenant. Elle subvient à ses besoins ».
Au départ, le groupe de solidarité offre une approche individuelle nécessaire pour gagner la confiance d’une population assez déstabilisée par les années de conflit. Mais, au fur et à mesure que le groupe fonctionne et prend confiance, les démarches deviennent plus collectives : de l’aménagement d’un lieu de stockage commun, jusqu’à la création d’une coopérative formée par plusieurs groupes de solidarité d’une même commune afin d’acheter une machine pour la transformation du riz. Ce groupement est également garant d’une certaine paix dans la communauté dans la mesure où les ménages bénéficiaires de ces groupements sont à l’abri de toute forme de manipulation auxquels succombent les personnes dans le besoin prêt à tout pour survivre.