Le combat de Gabriela pour les droits des femmes aux Philippines

Cela fait plus de trente ans déjà que le mouvement de femmes Gabriela se bat pour les droits des femmes aux Philippines, en organisant et mobilisant les femmes à travers tout le pays. Dans cette vidéo, Obeth Montes, secrétaire adjointe de Gabriela, explique quel impact l’action du mouvement a eu au cours des dernières années sur les femmes de deux communautés indigènes dans le Sud-Cotabato.

Gabriela mène campagne autour de la violence à l’encontre des femmes ainsi que sur d’autres domaines qui impactent la vie des femmes et de leur communauté ; qu’il s’agisse de l’accès aux soins de santé, à un travail digne, un logement décent ou des conséquences de la militarisation.

 

Privés de soins de santé 

Les T’boli et Dulangan Manobo sont deux peuples indigènes du Sud-Cotabato, privés depuis longtemps de services sociaux. Les communautés indigènes vivent souvent dans des régions éloignées, qui ne disposent que très rarement de structures sanitaires. La plupart n’ont pas l’argent nécessaire pour se rendre chez un médecin ou un centre médical des environs. Et cela mène souvent à des situations critiques. Par manque de soins, l’état de santé s’aggrave. Dans cette vidéo, Lita Danvan raconte comment elle a perdu son enfant en raison de cette situation.

 

Des femmes en action pour leur communauté

C’est pourquoi Gabriela a élaboré un programme pour renforcer la capacité des femmes à revendiquer leurs droits. Il comprend des formations, des programmes de santé mais aussi des services comme une clinique spécialisée en gynécologie. Grâce au travail d’organisation de Gabriela, les femmes peuvent agir lorsqu’un problème se présente. Par exemple, lorsqu’une entreprise de volaille dégageant de fortes odeurs s’est installée à proximité de la communauté, les femmes sont allées parler aux dirigeants de l’entreprise et leur pétition pour la fermeture de l’usine a obtenu gain de cause.

 

Militarisation

La région subit également les effets de la militarisation. L’armée veille à ce que les grands propriétaires terriens et les entreprises étrangères puissent agir sans entraves. En 2017, au Lake Sebu, un chef de tribu et sept autres membres de celle-ci ont été assassinés en raison de la résistance de leur communauté contre l’implantation d’une plantation de café sur leurs terres ancestrales. Les autorités ne s’arrêtent devant rien mais les communautés organisées ne se laissent pas intimider.

Les militant.e.s des droits humains aux Philippines s’opposent à la loi anti-terrorisme

Le vote d’une loi anti-terrorisme en juillet 2020 a rendu encore plus vulnérables les militant.e.s des droits humains qui se battent justement pour une loi qui les protège, particulièrement dans le climat d’impunité qui règne aujourd’hui aux Philippines.

En 2019, avec d’autres organisations de la société civile, Karapatan a remporté une victoire importante lorsqu’un projet de loi protégeant les défenseur.e.s des droits humains a été approuvé à l’unanimité par les membres de la Chambre des Représentants. Ce projet de loi des Défenseur .e.s des Droits Humains (DDH) a pour objectif d’obliger l’État à protéger ces personnes et à constituer des recours légaux en cas de violation de leurs droits.

 

Ce projet de loi cherche aussi à proposer des mesures de réparation pour les femmes militantes des droits humains et les activistes de la communauté LGBTQIA++, victimes d’attaques sexuelles basées sur le genre. Cette loi est passée dans une ambiance de harcèlement croissant et de campagnes de dénigrement du gouvernement philippin contre les défenseur.e.s des droits humains.

 

L’assassinat récent de Zara Alvarez, membre de Karapatan et personnalité connue pour la défense des droits humains, a mis en lumière la situation difficile des défenseur.e.s des droits humains sous le gouvernement actuel. Alvarez est la 13e collaboratrice de Karapatan tuée sous l’administration Duterte.

 

Obstacle au projet de loi
Le projet de loi homologue au Sénat reste cependant en attente depuis son introduction en 2018 par la sénatrice Leila De Lima, elle-même militante des droits humains et voix critique contre le président Duterte. De Lima est en détention depuis trois ans déjà sur base d’accusations montées de toutes pièces selon les défenseur.e.s des droits. Aux Philippines, les projets de loi deviennent des lois après approbation de la Chambre des Représentants comme du Sénat.

 

Malgré cet obstacle, Karapatan a poursuivi ses efforts de lobbying auprès des législateurs pour faire passer cette loi et a porté cette cause dans la rue pour attirer l’attention du public sur la situation difficile des défenseur.e.s des droits humains. Dans le cadre de son engagement au sein des mécanismes des droits humains des Nations Unies, comme l’Examen Périodique Universel, Karapatan a constamment souligné l’urgence à faire pression sur le gouvernement philippin pour qu’il acte la loi DDH, étant donné la dégradation des droits humains dans le pays.

 

« Cette loi met en évidence de façon globale les besoins et les menaces qui pèsent sur le travail de défense des droits face à des attaques menées par l’État, et elle représente une mesure vitale pour la population, les communautés et les défenseur.e.s des droits pour pouvoir poursuivre notre travail. Nous sommes criminalisés et stigmatisés comme « ennemis de l’État », « terroristes », « déstabilisateurs » et autres étiquettes pour justifier les attaques contre nous, menées sous couvert de programmes anti-insurrectionnels et d’autres politiques répressives. Il s’agit d’un effort orchestré et systématique en vue de discréditer les DDH et tout cela est fait méthodiquement pour nous enlever nos voix », a déclaré Tinay Palabay, Karapatan.

 

Loi anti-terroriste
En juillet 2020, alors que le pays luttait contre la pandémie de COVID-19 et que les violations des droits augmentaient en raison de la réponse militarisée du gouvernement à la crise sanitaire, le président Duterte a signé la loi anti-terrorisme. Les groupes de défense craignaient que le gouvernement n’utilise cette loi pour poursuivre les opposants et museler la contestation. Tandis qu’ils continuent à revendiquer le passage de la loi DDH, les défenseur.e.s des droits sont devenus plus vulnérables suite au passage de la loi anti-terrorisme, particulièrement dans le climat d’impunité qui règne actuellement dans le pays.

 

Impact sur les défenseur.e.s des droits
Jigs Clamor, secrétaire général adjoint de Karapatan, a expliqué en détails la façon dont cette loi impacterait les défenseur.e.s des droits humains et leurs revendications :

  • Sous la définition très large et vague du terrorisme, le gouvernement peut tout simplement ignorer les droits garantis par la loi DDH et ses obligations de protéger les défenseur.e.s des droits dès qu’un.e militant.e ou une organisation est qualifié de terroriste.
  • Une fois qualifié de terroriste, un.e militant.e des droits humains peut être soumis à de la surveillance, victime d’arrestation non fondée et de détention sans accusation pour une durée de plus de 14 jours.
  • Le gouvernement peut geler les comptes bancaires d’individus ou d’organisations qu’il qualifie de terroristes et bloquer les sources de leurs fonds, tant de l’étranger que locales.

 

A cet égard, la loi anti-terrorisme rendra plus facile les atteintes du gouvernement aux revendications des droits humains et à la protestation. Même avant l’introduction de cette loi, Karapatan et d’autres organisations progressistes ont eu à faire face à différentes accusations du gouvernement, alors que la Cour continue à ignorer leur demande d’introduire des recours contre le harcèlement incessant des militant.e.s des droits humains par les forces de la sécurité d’état.

 

Opposition croissante
S’il y a quelque chose que le gouvernement n’a pas anticipé, c’est à quel point la loi anti-terrorisme a soulevé l’indignation de la population et rassemblé différents secteurs de la société dans l’opposition et la critique de cette loi : depuis les grands groupes industriels jusqu’aux petits fermiers et pêcheurs, étudiants, ecclésiastiques, populations indigènes, communautés urbaines pauvres, communautés musulmanes, avocats, enseignants, employés, des personnalités connues et beaucoup d’autres encore. Dans l’histoire récente, aucune autre mesure législative n’a rencontré une opposition publique aussi forte.

 

Des pétitions ont afflué à la Cour Suprême pour que l’on stoppe la mise en œuvre de la loi. Les plateformes des médias sociaux sont pleines de posts détaillant les impacts de la loi et les dangers qu’elle représente pour les droits humains et la liberté. Des activistes ont défié les restrictions dues au COVID-19 quant aux rassemblements sociaux pour organiser des protestations de masse contre la loi.

 

“Malgré les efforts du pouvoir pour diaboliser les défenseur.e.s des droits, finalement, nous sommes des Philippins ordinaires – enseignant.e.s, prêtres, syndicalistes, artistes, travailleuses et travailleurs de la santé, leaders indigènes, fermières et fermiers, entre autres. Nous ne sommes pas des ennemis mais nous sommes des acteurs d’un développement constant en faveur d’une vie digne pour tou.te.s. Nous rendons publiques les violations des droits humains et exigeons que les porteu.se.rs de devoirs assument leur responsabilité. Nous sommes témoins de violations plus nombreuses des droits humains, de politiques répressives et du rétrécissement de ce qu’on appelle l’espace civique, et ce sont là des signes révélateurs de la nécessité de lutter pour les droits de base et les libertés fondamentales de la population, dans toutes les tribunes possibles, y compris sur la scène législative », déclare Palabay.

 

Philippines : l’art dans la lutte pour les droits humains
Aux Philippines, Viva Salud soutient des mouvements sociaux qui défendent les droits humains. Karapatan, l’organisation des droits humains la plus importante du pays, est un de ces partenaires. Dans cette vidéo, la directrice Cristina Palabay explique le rôle de la culture et de toutes sortes de formes d’art dans leur lutte pour les droits de l’homme aux Philippines.

Des campagnes plus fortes grâce au Comité de coordination des campagnes aux Philippines

Le Comité de coordination des campagnes (CCC) est composé des membres des 3 organisations belges Viva Salud, KIYO et Solidagro, qui sont actives au sein d’un même programme aux Philippines. Le CCC a pour objectif d’assurer le succès de campagnes basées sur la défense des droits. Il se compose de membres des partenaires et de deux représentant.e.s par organisation belge. Il fonctionne comme un groupe libre qui prend en charge le défi de coordonner les plans communs et les activités des campagnes des partenaires. La tâche principale du CCC est de faciliter l’implémentation de campagnes communes sur le droit à la santé, le droit à l’alimentation et les droits des enfants.

Les partenaires ont chacun leur propre expertise et des niveaux différents de capacités et d’aptitudes en ce qui concerne les campagnes de défense des droits et la gestion de ces campagnes. Certains parmi eux travaillent déjà ensemble, plus particulièrement pour mettre sur pied les campagnes et la mobilisation des masses. Mais cela ne se passe pas de façon systématique et ne concerne pas toujours tou.te.s les act.rice.eur.s pertinent.e.s. Pourtant, maximaliser et rendre complémentaires les capacités des partenaires, avec leur objectif commun en ligne de mire, augmenterait fortement les résultats et l’impact de leur travail.

 

Le CCC a permis une bonne collaboration tout au long des campagnes. La collaboration entre certains partenaires existait déjà avant la création du CCC, mais grâce à ce dernier, la systématisation et l’institutionnalisation des liens mutuels et la collaboration sont devenues possibles. La communication entre les partenaires a également pu s’intensifier pour ce qui est de sujets sensibles sur le plan des droits et des priorités politico-sociales. Cela a amélioré les possibilités de réaction aux changements de contexte ou à des menaces inattendues ou des violations des droits. Le CCC est un groupe au sein duquel tous les partenaires occupent une même position. Le but du groupe est de discuter des priorités et des stratégies de défense et d’améliorer la mise sur pied des campagnes menées par les partenaires. A l’intérieur de ce programme, le CCC fournit un forum pour la discussion, orienté vers l’échange d’informations, d’idées et d’analyses du contexte, tout en faisant abstraction des budgets des partenaires et du suivi de certains sujets.

 

Le CCC peut améliorer la communication et la compréhension mutuelle entre des partenaires dont le contexte diffère, qui ont une approche différente des choses, surtout entre des organisations nationales et régionales/locales. Le CCC demande un engagement actif de tous les partenaires par rapport à des défis et sujets spécifiques et/ou partagés. La coordination des partenaires est d’une importance cruciale pour le succès du travail des partenaires de Viva Salud, KIYO et Solidagro aux Philippines, et le CCC a un rôle à y jouer.

 

Certains sujets ou études peuvent être traitées par le CCC ou être confiés à des instances ou experts externes. Cela concerne principalement l’analyse institutionnelle de certaines affaires sociales ou de leur caractère légal, la mise en place d’une certaine façon d’agir et la défense de certaines opportunités ou défis. Ceux-ci peuvent contribuer à améliorer la compréhension mutuelle entre organisations de la société civile et les autorités locales ou nationales. De cette façon, il y a plus de chances d’échanger les informations et de mener à bien les négociations. Une meilleure analyse des possibilités institutionnelles et légales contribuerait également à approcher les instances gouvernementales de façon plus directe, tout particulièrement les instances qui ne sont pas comprises actuellement dans les organisations sociales.

Gaza : Des jeunes en action pour de l’eau propre dans leur communauté

La combinaison des inondations hivernales et des pénuries chroniques d’eau potable tout au long de l’année pousse les jeunes de Gaza en action. Ils ne se laissent pas décourager et se mobilisent aux côtés de la population de leur quartier.

En hiver, il y a souvent de fortes précipitations dans la bande de Gaza ce qui conduit souvent à des inondations dans les rues de certains quartiers. A cela s’ajoute une pénurie d’eau potable en raison de la haute pollution des eaux souterraines et du manque d’infrastructures fonctionnelles pour produire de l’eau potable. Dans les deux cas, le blocus qu’Israël impose à la bande de Gaza (avec la complicité de l’Egypte) depuis 12 ans est en grande partie responsable.

 

Des jeunes de Gaza mènent une campagne dans leur quartier avec la devise « Une citerne propre pour une eau propre »

 

Après les fortes pluies de 2018, des jeunes engagés auprès du partenaire de Viva Salud Union of Health Work Committees se sont mobilisés afin de demander aux autorités de nettoyer les rues et mettre en place des solutions durables et ainsi éviter de futures inondations. Grâce à leur motivation et les dialogues qu’ils ont mené avec les autorités compétentes, les jeunes ont réussi à faire bouger les choses ! Les autorités ont drainé l’eau avec le soutien des jeunes et des habitants du quartier. Ils ont ensuite mis en place un système de récupération de l’eau de pluie afin que celle-ci soit redirigée vers les terres agricoles et puissent servir aux fermiers en période de sécheresse.

Ce n’est pas tout. Les jeunes ont mené une campagne de sensibilisation « Une citerne propre pour une eau propre » qui avait pour but de pousser les familles à bien nettoyer leurs citernes pour que l’eau qui y est stockée ne devienne pas sale et dangereuse pour la santé. Pour s’assurer du suivi de la campagne et de la qualité de l’eau dans le quartier, les jeunes ont créé une page Facebook avec les habitants des communautés. Cette page est très active et leur permet d’échanger sur les problèmes rencontrés dans le quartier et de trouver des solutions tous ensemble.

Des droits pour les enfants sans identité au Maroc

La société civile et le gouvernement marocain en dialogue pour assurer les droits des enfants nés de mères célibataires.

Au Maroc, les enfants nés de mères célibataires, sont souvent des enfants issus de grossesses non désirées et qui subissent une discrimination sociale grave, spécifique au statut de leur mère célibataire dans un environnement de prescription religieuse (dans laquelle la sexualité s’exerce exclusivement dans le cadre recommandé du mariage en dehors duquel la chasteté s’impose) et d’ordre social et culturel bien spécifique.  

 

Les mères célibataires et leurs enfants sont les proies de toutes les formes de violence et de discrimination. Les enfants sont voués à l’abandon social, par leurs familles et parfois leurs mères, et en tous les cas, n’échappent pas au bruit infernal de son origine « hrami », sur le chemin les destinant à la révolte, la violence et la délinquance. En outre, nombreux de ses enfants ne seront pas en ordre d’actes de naissance et ou de nom de familles et n’accèdent pas aux services de base comme les soins de santé ou l’éducation. Cette discrimination constitue une atteinte manifeste aux droits de l’enfant, portant notamment préjudice à leur droit d’exister, d’être protégé et de porter un nom.

 

De la base, l’organisation partenaire de KIYO, KARAMA pour le Développement de la Femme (KPDF), répond aux besoins de base des mères célibataires et de leurs enfants à travers un service d’accueil intégral (renforcement de capacités, accompagnement social, juridique, etc).  Egalement, à travers une approche davantage holistique de droits avec des activités de plaidoyer et de sensibilisation, l’organisation plaide en faveur des droits de la filiation parentale des enfants nés de mères célibataires. 

 

Ainsi, en réponse au récent procès susceptible de faire jurisprudence en matière de droits d’un enfant né de mère célibataire, KPDF a organisé un séminaire consacré à la discussion du droit de l’enfant né d’une mère célibataire à avoir une identité et bénéficier de tous ses droits fondamentaux.  Afin de catalyser la réflexion participative et la prise de décision, les titulaires d’obligation du Ministère de la Justice et du Ministère de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement Social et des acteurs de la société civile ont également activement participé.

Protéger les enfants sans identité et leur garantir tous leurs droits est une responsabilité que nous devons tous assumer. Dans ce sens, l’Etat, les organisations gouvernementales et non gouvernementales, les acteurs de la société civile sont tous chargés de veiller à rendre justice à cette catégorie d’enfant.

La Loi d’Orientation Agricole au Mali, connaitre les responsables pour mieux les interpeller

Au Mali, les partenaires de Solidagro ont fait connaitre la loi qui régit le travail des organisations communautaires de base, la Loi d’Orientation Agricole. Cela a permis aux membres de ces organisations de dialoguer avec les responsables des obstacles qu’ils rencontrent et à trouver ensemble des solutions.

La Loi d’Orientation Agricole

Au Mali, le droit à l’alimentation est loin d’être réalisé. Pour bien adresser les raisons fondamentales de cette non-réalisation et de sa violation, les partenaires de Solidagro (GAAS/Mali et ARAFD) ont organisé des ateliers pour d’une part faire connaitre aux membres des organisations communautaires de base (OCB) la Loi d’Orientation Agricole (LOA) et d’autre part identifier les obstacles qui empêchent sa bonne mise en œuvre.

La LOA constitue le document de référence des politiques et stratégies à long terme du pays dans le domaine de l’agriculture. Parmi ses objectifs, il y a la promotion économique et sociale des populations en milieu rural, la souveraineté alimentaire du pays et la réduction de la pauvreté rurale.  Les membres des OCB, à travers l’appropriation de cette loi, se sont rendus compte que ce cadre leur permet d’être reconnus comme des interlocuteurs légitimes de l’Etat ainsi que dans le dispositif de suivi-évaluation des politiques agricoles. Mais cette responsabilisation n’a pas suffisamment été accompagnée par l’Etat.

 

Titulaires d’obligation responsables

Les ateliers d’échange autour de cette Loi ont été le tremplin pour analyser les raisons de sa non-application. La responsabilité des titulaires d’obligations par rapport au non-respect de l’implication des OCB paysannes et au droit à l’alimentation des communautés a été mise en exergue. Des actions de plaidoyer ont ensuite été organisées par les détenteurs de droits en direction des responsables communaux et des services techniques locaux qui ont été identifiés comme les premiers titulaires d’obligations, responsables de la non-application de la LOA.

 

Cadres de concertation

Suite à ce plaidoyer, des cadres de concertation entre les autorités communales, les services techniques déconcentrés et les OCB ont été organisés. Ces cadres ont permis aux OCB de montrer leur travail actuel, de faire le point sur les difficultés rencontrées et de préciser ce qui est attendu de l’Etat et des collectivités dans la résolution de ces problèmes. Les acteurs même ont poussé à mettre en place les instruments de la LOA, ce que l’Etat n’a pas fait.

 

OCB et réseautage

Pour contribuer à améliorer les capacités des détenteurs de droits à connaitre leurs droits, à être à même de les exiger et de les voir se réaliser, les partenaires maliens ont organisé des rencontres entre les OCB sur le travail en réseau. Des OCB avec lesquelles Solidagro travaille ont ainsi rejoint divers réseaux existants et/ou se sont regroupées en unions.

La participation des enfants dans leurs communautés

Le Burundi fait partie des pays qui ont souscrit à la Convention Internationale relative au droit de l’enfant. Cette convention mentionne spécifiquement le droit des enfants à la participation dans la prise de décision les concernant.  Mais comment cette participation se manifeste-t-elle concrètement ? 

KIYO en partenariat avec L’association Jumelage Jeunesse pour le Bien Etre des enfants et des jeunes met en place des ‘clubs d’enfants et des jeunes’. Après une formation sur les droits de l’enfant, les membres des clubs d’enfants et des jeunes mettent en place des plateformes communales pour agir sur les questions problématiques relatives aux droits de l’enfant et influencer les décisions relatives aux droits de l’enfant.

 

Quelles sont ces plateformes ?

Les plateformes sont des cadres de rencontres des représentants des clubs d’enfants et des jeunes au niveau communal pour rassembler les cas de violation de droits de l’enfant dans leurs communautés en vue de les soumettre aux décideurs pour une amélioration des conditions.

 

Que font-elles ?

Ces plateformes communales analysent les actions appropriées à mener et coordonnent les activités communautaires des enfants.

Ensuite, ces plateformes communales mettent en place les plateformes zonales pour faciliter la communication sur toute l’étendue de la commune et enfin, elles choisissent un jour par mois de réunion pour échanger sur les cas déjà identifiés visant à nourrir leurs actions de plaidoyer communales.

 

Quelles actions de plaidoyer sont faites par les membres des plateformes ?

  • Après la collecte des cas de violation des droits de l’enfants dans leurs communautés, les membres des plateformes définissent les actions de plaidoyer ;
  • Ils consignent dans des lettres à adresser aux décideurs/ autorités concernés les cas de violations des droits de l’enfant constatés ;
  • Ils demandent des audiences auprès des autorités/ décideurs concernés pour présenter ces cas. Les autorités concernées étudient les cas présentés et identifient les solutions à y apporter.

A travers les clubs des enfants et des jeunes, les enfants renforcent leurs connaissances par la restitution des thématiques liées aux droits de l’enfant auprès des membres de leurs communautés après les formations qu’ils ont suivies. Ils sensibilisent également leurs pairs et les membres de leurs communautés grâce à des petites pièces de théâtre.

Les groupements communautaires d’épargne et de crédit, source de relèvement économique et de solidarité

Au Burundi, les personnes défavorisées n’ont pas de garanties et souvent ne sont pas suffisamment informées sur les produits financiers qui peuvent améliorer leur vie. Les groupes d’épargne que KIYO organise avec ses partenaires locaux peuvent remédier à ces lacunes en rendant l’accès au système financier plus facile et moins intimidant.  

En effet, les institutions financières classiques ne sont pas toujours en mesure de répondre aux besoins de services financiers des personnes les plus démunies. Néanmoins, ces personnes ont besoin d’accéder à de petits montants d’épargne et de crédit afin de lisser leurs revenus irréguliers, d’assurer les dépenses prévues, d’investir en temps voulu et de faire face aux situations d’urgence. En créant des groupements d’entraide au sein des communautés où ils sont présents, KIYO et son partenaire local FVS-Amade crée du lien social, un ancrage de la communauté et un peu d’espoir.

 

Les groupes de solidarité sont composés d’une trentaine de membres, généralement issus du même quartier. Ils se réunissent une fois par semaine et économisent de l’argent via trois caisses différentes pendant une année. La première caisse est appelée la caisse des capitaux. Les fonds épargnés sont gardés dans une institution de microfinance (non accessible pour de petits montants) et sont divisés entre les membres qui en profitent pour effectuer une dépense extraordinaire (lié à leur vie agricole bien souvent). La deuxième caisse est un fonds de solidarité qui permet de venir en aide à l’un des membres ou à quelqu’un de sa famille (une hospitalisation, par exemple). La troisième caisse est destinée aux Orphelins et autres enfants vulnérables (OEV) de la commune et permet par exemple de leur fournir du matériel à la rentrée scolaire. La liste des OEV qui devrait en bénéficier est établie avec l’aide du CPE (Comité de protection de l’enfance) de la commune et ne concerne, a priori, pas les enfants des membres du groupement. Et quand le groupe fonctionne bien, les services d’une mutuelle de santé peuvent également y être associés.

 

« Glorieuse n’a pas fait d’étude, mais le fait qu’elle soit membre du groupement la place au même niveau que les autres. Grâce au groupement, elle est plus épanouie. Ses enfants vont à l’école et mangent à leur faim. Le fait qu’elle ait reçu une éducation financière fait qu’elle pense différemment maintenant. Elle subvient à ses besoins ».

 

Au départ, le groupe de solidarité offre une approche individuelle nécessaire pour gagner la confiance d’une population assez déstabilisée par les années de conflit. Mais, au fur et à mesure que le groupe fonctionne et prend confiance, les démarches deviennent plus collectives : de l’aménagement d’un lieu de stockage commun, jusqu’à la création d’une coopérative formée par plusieurs groupes de solidarité d’une même commune afin d’acheter une machine pour la transformation du riz. Ce groupement est également garant d’une certaine paix dans la communauté dans la mesure où les ménages bénéficiaires de ces groupements sont à l’abri de toute forme de manipulation auxquels succombent les personnes dans le besoin prêt à tout pour survivre.

La prise en compte du genre : Un défi à relever au Burundi

De nos jours les femmes et filles sont encouragées à se battre pour prendre leurs places dans les sociétés où la culture, coutumes et religion sont placés sur un piédestal. Mais quels sont les leviers permettant de booster leurs initiatives ? 

Au Burundi, l’égalité de genre est mitigée car on rencontre une association d’opportunités et de défis tant au niveau du cadre légal qu’au niveau du cadre culturel et socio-normatif.

Au niveau des droits des femmes en général, le Burundi abrite un arsenal juridique diversifié, en l’occurrence la Constitution et les conventions internationales. Toutefois, au cœur des défis du moment, se trouve la méconnaissance de la loi, probablement du fait des lacunes en ce qui concerne sa diffusion et sa vulgarisation, elles-mêmes inhérentes à une carence des ressources nécessaires, aussi bien humaines que financières conformément à la taille de l’enjeu[1].

 

Au niveau de la culture, les mentalités sont relativement réfractaires sur les questions de genre. Dans la société, la place de l’homme, chef de ménage et de celle de la femme, davantage au service de son ménage, sont ancrées dans toutes les sphères de la société.  Dans ce contexte aux normes sociales rigides, les partenaires opérationnels de KIYO s’attèlent à réfléchir sur la question, sur leur position et cela permet de faire évoluer les points de vue, les mœurs et les mentalités de manière durable.

 

En collaboration avec les associations locales partenaires, KIYO met en place des stratégies pour inverser la balance et promouvoir l’égalité homme-femme dans les zones d’intervention. Au niveau des activités, l’attention est portée sur les besoins spécifiques des jeunes filles – parties prenantes au programme.  L’attention est mise aussi sur la promotion de l’égalité homme-femme dans les structures communautaires avec lesquelles le programme collabore notamment en assurant la parité dans les groupes de solidarité, les clubs de jeunes, les comités de protections de l’enfance, etc.

 

Parlant des groupes de solidarité (GS) d’épargne et de crédits, ils constituent un moyen favorisant le respect des femmes dans le contexte rural au Burundi. En effet, le projet qui met en place ces groupes de solidarité revêt une dimension inclusive en matière de genre car grâce à lui, les femmes rurales qui étaient exclues du système économique par la tradition ont pu trouver une place de choix en adhérant aux groupes de solidarité : maintenant ces femmes sont le moteur de développement des ménages et leur contribution est énorme dans la prise en charge communautaire des Orphelins et autres enfants vulnérables (OEV).

 

De plus, KIYO offre aux enfants et jeunes l’occasion de parler à haute voix des comportements d’inégalité de genre qu’ont manifesté leurs parents et leurs ainés et qui est même la cause des violences basées sur le genre observé dans certains ménages.

Ce changement de mentalité – à travers des actions de conscientisation et diverses autres stratégies – est donc le levier utilisé par le travail de KIYO au Burundi pour que les filles et femmes burundaises jouissent pleinement de leurs droits et aient accès aux mêmes opportunités que les garçons et les hommes.

[1] http://french.xinhuanet.com/2017-05/22/c_136305252.htm

Une évolution vers le respect du droit à la participation des enfants au Burundi

Le monde connaît la plus importante génération de jeunes de son histoire et  l’Afrique compte la plus grande part de jeunes au sein de sa population avec 40% de citoyen.ne.s de moins de 15 ans[1]. Si cette jeunesse constitue un formidable potentiel de développement, qu’en est-il de sa participation aux initiatives mises en place par les autorités ?


 

Depuis l’adoption de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant, la ‘participation de l’enfant’ a fait l’objet de nombreuses initiatives et projets. En effet cette convention (CIDE) – qui pour la première fois dans l’histoire du droit international a reconnu que les enfants sont des sujets de droits et non de simples bénéficiaires de la protection des adultes – a spécifié que ces droits réclament légitimement que les enfants eux-mêmes soient entendus et soient associés aux prises de décisions sur les questions les concernant.

Cependant, le respect de ce droit à la participation des enfants requiert d’importants changements des comportements culturels à l’égard des enfants. Au Burundi, le combat demeure : la culture se montre parfois réfractaire à ce principe, en mettant en exergue les devoir de l’enfant au-devant de ses droits, en particulier le droit à la participation et à l’expression.

Pour renverser la balance, KIYO en collaboration avec les associations locales partenaires,  encadre et forme les enfants sur un large éventail de thématiques relatives aux compétences à la vie ainsi qu’aux techniques de sensibilisation et plaidoyer. Grâce à ces formations, les enfants connaissent leurs droits, ils les réalisent et les revendiquent. Cela se matérialise à travers la mise en place des clubs de jeunes dans les écoles et dans les communautés. Ces clubs sont des cadres de rencontre pour les enfants et jeunes où ils apprennent à s’exprimer en public, à analyser leur environnement, à proposer des solutions face aux problèmes identifiés, etc.

Au-delà de ces clubs, le programme favorise la mise en place des cadres de rencontres entre enfants/jeunes et adultes (parents, autorités scolaires / locales, etc…). Pour cela, les enfants sont intégrés dans les structures communautaires telles que les Comités de protection de l’enfance (CPE) ou les comités mixtes au sein des écoles (composés d’enfants et d’enseignants). Ces cadres de rencontre deviennent des forces motrices dans les communautés, favorisant l’initiation d’actions qui contribuent au respect des droits tels qu’apporter de l’aider aux enfants victimes de violences dans les écoles et dans les ménages. 

Tous ces espaces favorables à la participation active des enfants mis en place par les associations locales partenaires au programme, dans les différentes zones d’interventions, permettent de renforcer les liens de collaboration entre les jeunes et les figures d’autorité (adultes, représentants des autorités locales) pour garantir le droit de participation de l’enfant.

 

[1] https://www.plan-international.fr/info/actualites/news/2017-01-24-le-role-des-jeunes-dans-latteinte-des-objectifs-du-developpement