Législation communale pour la protection de l’eau en Bolivie

L’eau, c’est la vie, mais que faire quand il y en a de moins en moins ? La vie s’arrêtera-t-elle aussi ? C’est la raison pour laquelle Solidagro insiste de plus en plus sur la protection des sources d’eau et des zones d’infiltration !

« L’eau, c’est la vie », ces mots, on les entend souvent dans la région du Cono Sur en Bolivie. Et inversement, on dit que sans eau, il n’y a pas de vie. Voilà qui est de plus en plus la réalité pour de nombreu.ses.x paysan.ne.s à Cochabamba, où Solidagro et ses partenaires Agrecol, Aynisuyu et INCCA (Instituto de Capacitación Campesina) sont actifs. La migration forcée vers la ville suite à la pénurie d’eau est ici d’actualité.

 « Avant, il y avait ici une source », voilà ce que Solidagro entend de plus en plus souvent lors de visites dans des villages agricoles.

 

Une matière à réflexion pour Solidagro et ses partenaires, après plus de 10 ans de mise sur pied de projets ruraux autour de la sécurité alimentaire. L’irrigation a toujours été au centre de ces projets, avec succès. De nombreu.ses.x paysan.ne.s ont pu doubler leurs récoltes grâce à l’accès à de l’eau d’irrigation. Mais pour combien de temps encore ?

Entretemps, et depuis 2018, Solidagro travaille avec ses partenaires dans la région du Cono Sur, composée de 12 communes rurales, avec le développement participatif de la législation communale pour la protection des sources d’eau et des zones d’irrigation. Ce processus commence à porter ses fruits. En septembre 2019, la commune de Vila Vila a approuvé sa loi et les travaux sont en cours dans d’autres communes de la région de Cono Sur.  A Pasorapa, Solidagro a assisté à un premier sommet de l’eau, avec une très forte représentation des organisations de base et des autorités communales, et qui a jeté les bases pour une nouvelle législation pour une politique de l’eau intégrale.

Au total, outre Vila Vila, 8 communes boliviennes ont une législation pour la protection de leurs sources d’eau et zones d’infiltration. Les communes qui s’y investissent comptent donc parmi les pionnières (source : Normativa municipal de protección de zonas de recarga hídrica, Helvetas/ MMAyA, novembre 2018).

 

Zones d’infiltration ?

La protection des sources d’eau et des zones d’infiltration est rarement présentée comme une priorité des organisations de base ou des autorités communales. L’accès à l’eau est très mobilisateur pour les act.rice.eur.s loca.les.ux mais on n’a pas encore suffisamment conscience de l’importance de la protection de l’eau en altitude. Convaincre ces act.rice.eur.s loca.les.ux d’agir afin de garantir leur eau pour l’avenir est donc un défi. L’eau de la saison des pluies vient s’ajouter aux eaux souterraines, ce qui fait qu’il y a toujours de l’eau dans les sources, même pendant la saison sèche.

Le niveau d’infiltration dépend de divers facteurs, comme le degré de la pente, la nature du sol, la végétation, les précipitations dans une région donnée… Si les villageois de ces régions abattent les arbres de façon incontrôlée, brûlent la végétation et étendent les zones de pâturage, les zones d’infiltration ne peuvent plus assurer leur rôle d’éponge et l’eau dévale de la montagne, souvent en provoquant de l’érosion. Les pesticides chimiques utilisés et les déjections du bétail polluent les sources d’eau. Protéger ces zones est donc d’une importance capitale !

Pour en persuader les communes et les organisations de base, le programme de Solidagro a organisé notamment des échanges avec d’autres communes, plus avancées par rapport à la protection de leur eau. Solidagro a fait une large promotion de la législation autour de la protection des sources d’eau en la présentant comme un exemple, dans la région du Cono Sur et ailleurs.

Le renforcement des capacités quant aux aspects de fond et légaux, la sensibilisation via des folders et les radios régionales, le lobbying vers les communes, la participation à des réunions de paysans et des organisations paysannes, voilà des éléments du développement commun de la législation locale. Pour ce faire, les partenaires mettent en commun les capacités locales avec celles d’autres ONG, d’universités, et pour des questions légales spécifiques, les partenaires de Solidagro engagent des consultants.

 

Législation et effets

Concrètement, la législation prévoit un sommet sur l’eau annuel avec tou.te.s les act.rice.eur.s loca.les.ux impliqué.e.s et une participation égale des hommes et des femmes. Un tel sommet est l’occasion de déterminer les priorités, identifier les zones d’infiltration à protéger en priorité et établir ensuite un plan pour la protection de ces zones. Il s’agit notamment de clôturer les sources et les zones d’infiltration, de planter des espèces d’arbres indigènes, de creuser des tranchées de filtration…

La loi fixe un pourcentage de 0,5% du budget communal total qui doit être consacré à la mise en œuvre de ce plan. Une organisation d’act.rice.eur.s loca.les.ux est également mise sur pied pour la gestion des micro bassins hydrographiques. Le non-respect des règles dans les zones protégées est punissable.

Développer une législation locale n’a pas beaucoup de sens si les act.rice.eur.s loca.les.ux, les paysan.ne.s et les organisations paysannes, les ouvri.ère.er.s de l’irrigation, ne sont pas impliqués dès le départ dans ce processus. Les organisations de base doivent exercer un contrôle social de sorte que la commune mette réellement les choses en pratique. Ce n’est que si la proposition est suffisamment légitime et portée par les organisations de base que les communes continueront à mettre la législation en œuvre.

L’approche de Solidagro suscite dès à présent l’intérêt de nombreuses autres organisations, dont des ONG, des réseaux, des universités et d’autres communes. Le Ministère de l’Eau et de l’Environnement soutient de telles législations locales en ligne avec le Plan National pour les bassins hydrographiques. En mettant toutes les forces en commun, le programme de Solidagro pour la Bolivie espère un effet boule de neige, afin que les communes en Bolivie soient de plus en plus nombreuses à protéger leur eau.

Où en est l’agroécologie en Bolivie?

Si vous avez le choix entre une salade cultivée avec des produits chimiques (pesticides, herbicides ou insecticides) et une autre, sans chimie, cultivée de façon biologique : laquelle achèterez-vous ? 

Sur un marché en Bolivie, on demande rarement comment les légumes sont cultivés, et pourtant il y a des paysans qui choisissent la manière biologique alors que d’autres utilisent des produits chimiques.

L’industrie agricole dans la plaine bolivienne a exercé au cours de ces dernières années un intense lobbying auprès des autorités à La Paz, ce qui a ouvert largement la voie aux pesticides chimiques et aux cultures génétiquement modifiées. Les gigantesques incendies de forêt dans la région de Chiquitania, autour de septembre 2019, ont été la conséquence de la décision gouvernementale de libérer les terres agricoles pour des monocultures, comme le soja. Dans ce contexte, beaucoup d’acteurs dans le pays qui défendent l’agroécologie ont pris conscience de l’urgence d’unir les forces et d’offrir ainsi un contrepoids.

 

MAB – Mouvement agro-écologique bolivien

Début 2020, plusieurs institutions, plateformes, ONG et product.rice.eur.s agro-écologiques se sont réuni.e.s à La Paz pour évaluer l’état de la situation pour ces formes alternatives de production alimentaire et développer une stratégie politique pour les promouvoir jusqu’au niveau national. Ils.elles se sont donné le nom de « MAB – Movimiento Agroecológico Boliviano ». En mars 2020, un nouveau pas a été franchi vers une consolidation de ce nouveau mouvement agro-écologique.

Solidagro soutient le mouvement par un développement participatif d’une stratégie de sensibilisation et d’influence politique. Trois priorités s’en dégagent :

  1. Davantage d’investissement et de soutien aux product.rice.eur.s agro-écologiques à un niveau national.
  2. Sensibilisation des consommat.rice.eur.s à l’importance d’une alimentation saine. 
  3. Promotion de la chaîne courte : vente directe des product.rice.eur.s écologiques aux consommat.rice.eur.s d’aliments sains.

 

Produire de façon agro-écologique, une approche systémique

« Produire de façon conventionnelle est beaucoup plus facile. Dès qu’il y a infestation, on met de l’insecticide ; il pousse des mauvaises herbes, on met de l’herbicide ; le sol n’est pas bon, on y met du fertilisant. La production agro-écologique va plus loin, on régénère le sol par une série de pratiques, comme une rotation des cultures et des parcelles, des intrants préparés, etc. La production est donc vraiment complexe mais elle est aussi vraiment durable parce qu’elle n’endommage pas l’environnement et respecte la biodiversité puisque nous travaillons avec des fertilisants locaux pour ne pas dépendre d’intrants externes », explique Lourdes Vargas, directrice technique de l’Union des Organisations des Product.rice.eur.s écologiques de Bolivie, une entité regroupant 70.000 product.rice.eur.s agro-écologiques à travers tout le pays.

 

En ce qui concerne la production, les organisations qui forment le MAB ont identifié le changement climatique comme l’un des principaux dangers qu’intensifie le système conventionnel de production alimentaire. Et qui agit doublement sur la production agro-écologique, en affaiblissant le sol et l’éco-système.

« Si notre sol est de bonne qualité, nos légumes seront bons, nous aurons une nourriture de qualité ; et si les gens se nourrissent bien, ils seront en bonne santé. Nous devons penser aussi à toutes les générations qui viendront après nous », a déclaré Germán Vargas, de l’Agroecology and Faith Association of Cochabamba.

 

« Ceux qui se considèrent comme des partisan.ne.s de l’agroécologie doivent avoir une approche systématique : je ne peux pas être tantôt agro-écologique, tantôt pas, je ne peux pas me comporter chez moi de façon agro-écologique et être un consommateur ignorant à l’extérieur. Je ne peux pas travailler dans une institution agro-écologique et puis, en rentrant chez moi, être un consommateur « junkie ». Il est important de stimuler la prise de conscience par rapport à cela chez chaque individu, chaque famille et finalement au sein de toute institution », estime Maria Julia Jimenez, coordinatrice du mouvement Slow Food en Bolivie, qui travaille à la production de nourriture saine, équitable et bonne, et ce en opposition au fastfood.

 

Soutien des autorités ?

Pour finir, on constate que l’absence d’une politique gouvernementale aux niveaux communal, départemental et national freine la croissance et la promotion de l’agroécologie. L’agro-industrie du soja, de l’huile et d’autres produits que l’on trouve essentiellement dans la partie orientale de la Bolivie, tire d’évidence le plus grand profit des choix politiques du gouvernement.

 

« Nous avons parlé du manque de clarté de la gestion de l’Etat. Nous voyons que tou.te.s les ministres et vice-ministres responsables d’une partie des problèmes que nous devons affronter, ne disposent que d’un budget très limité et que l’Etat privilégie de façon générale les cultivat.rice.eur.s de soja, les éleveu.se.r.s de bétail, les grand.es. product.rice.eur.s qui utilisent des pesticides, etc. Ceci pour une politique de facilité économique. Nous avons le sentiment qu’il y a une sorte de double discours, nous voulons donc une clarification. Voulez-vous vraiment que l’on privilégie une alimentation saine ou n’est-ce qu’un leurre pour nous faire taire ? C’est ce que nous appelons une politique de la facilité. », dénonce Pierre Van Oost, président de l’Association des Chefs-Coqs boliviens.

« Via ces réunions, en ligne avec la stratégie d’influence politique, le MAB essaie d’impliquer davantage d’institutions pour atteindre un plus fort impact politique. En premier lieu, à un niveau local, puis national. », explique Enrique Torrejón, coordinateur du Sustainable Food Systems Program, de l’Union Nationale des Institutions pour une Action sociale (UNITAS).

La campagne Candelária contre les exécutions extrajudiciaires d’enfants

La campagne Candelária des droits de l’enfant qui a lieu chaque année au Brésil entre mai et août, est devenue une plateforme de promotion de la Convention des droits de l’enfant et de la loi nationale sur la jeunesse au Brésil (l’ECA).

Le thème annuel de la Candelária en 2019 était la fin des violences contre les jeunes et l’application constitutionnelle de la loi nationale sur la jeunesse comme moyen de lutte contre celles-ci. Chaque année, plus de 2000 enfants et jeunes gens participent à une marche dans le centre de Rio de Janeiro. De jeunes artistes issus du cirque SER, partenaire local de KIYO, y jouent une pièce de théâtre en plein air. Cette manifestation a été relayée par les médias locaux ainsi qu’à des audiences publiques durant lesquelles les représentants du gouvernement avaient débattu de l’ECA avec la société civile.

La campagne Candelária a donné naissance en 2019 à une plateforme concrète de recommandation pour les décideurs politiques. Le « Comité de prévention et de lutte contre les exécutions des jeunes à Rio de Janeiro » est une initiative qui encadre les débats et les décisions gouvernementales liées à la prévention des meurtres infantiles. Le comité est composé de jeunes leaders, acteurs de la société civile, et de nombreux représentants des autorités judiciaires et gouvernementales. Dans un contexte actuel où 35.500 jeunes sont tués chaque année, dont 30% par les forces de police, les partenaires de KYIO ont renforcé le nouveau comité en y intégrant des acteurs gouvernementaux et non-gouvernementaux.

http://www.ipea.gov.br/atlasviolencia/download/19/atlas-da-violencia-2019

Voedsel Anders (« L’alimentation autrement ») et l’approche basée sur les droits

Voedsel Anders est un mouvement en expansion en faveur de l’agroécologie. Cette organisation comprend 25 organisations membres, chacune apportant sa propre expertise. Solidagro soutient ce réseau principalement en co-organisant des activités pour pouvoir élargir ainsi le mouvement agro-écologique.

Un mouvement en expansion en faveur de l’agroécologie

Notre approvisionnement alimentaire doit faire face à différents problèmes. Notre façon intensive d’organiser notre agriculture a souvent un impact négatif. Voedsel Anders est convaincu qu’un système agricole et alimentaire durable est possible et constitue une alternative positive au modèle agricole destructif actuel.

 

Voedsel Anders soutient et défend la transition vers une agriculture et une alimentation durables d’une façon positive et connectée.

 

Voedsel Anders veut diminuer fortement et de façon responsable l’impact de notre production alimentaire sur l’environnement. Le réseau propose des alternatives scientifiquement fondées et éprouvées par la pratique. Il aborde les problèmes d’un point de vue constructif et critique et propose des solutions réalisables.

 

Agroécologie

Afin de pouvoir garantir un changement radical au sein de notre système agricole et alimentaire, Voedsel Anders aborde simultanément toutes les dimensions de l’agroécologie : écologique, socio-culturelle, économique et politique.

L’agroécologie est donc considérée comme un tout holistique, indivisible. De cette manière, elle contribue à résoudre les causes profondes des défis auxquels notre société est confrontée aujourd’hui.

 

Les principes de l’agroécologie sont de plus en plus reconnus à travers le monde et mis en pratique par des agriculteurs en collaboration avec des citoyens et des scientifiques.

 

Les principes de base de l’approche basée sur les droits

Voedsel Anders travaille fondamentalement selon les principes de l’approche basée sur les droits :

 

  • Les droits et non les besoins

Voedsel Anders remet en question le contexte actuel de la politique internationale de commerce et d’agriculture. Il vise une transition à l’intérieur du système alimentaire et agricole et implique les détenteurs de droits comme les paysan.ne.s et les citoyen.ne.s dans leur prise de position. Ce faisant, Voedsel Anders milite pour les droits des paysan.ne.s et de la population.

 

  • Le rôle des autorités 

Voedsel Anders voit les autorités comme titulaires d’obligations quant à la mise en pratique de l’agroécologie. Les autorités doivent veiller par leur politique à assurer aux paysan.ne.s, aux transformat.rice.eur.s, et aux consommat.rice.eur.s  les incitations et les outils financiers nécessaires (comme un meilleur accès à la terre), afin qu’ils puissent produire et consommer une alimentation durable. Cela vaut autant pour les décideu.se.r.s européen.ne.s que pour ceux et celles des pays membres.

 

  • Les détenteurs de droits comme actrices et acteurs du changement

Tout un chacun peut adhérer à Voedsel Anders : citoyen.ne.s, entreprises (transformat.rice.eur.s) comme organisations. Tout détenteurs de droits est ainsi vu comme un actrice ou acteur important du changement. De cette façon, les gens peuvent se renforcer pour réaliser leurs droits et s’organiser au sein d’un réseau plus large.

 

  • Une bonne analyse avant tout

Voedsel Anders accorde une grande importance à une analyse en profondeur des problèmes structurels au sein de notre système agricole et alimentaire. Un groupe de travail avec des participant.e.s de différentes organisations membres accorde toute son attention aux violations des droits des paysan.ne.s et des citoyen.ne.s et analyse ce qui est nécessaire pour y apporter du changement.

 

Les stratégies de l’approche par les droits au sein de Voedsel Anders

Voedsel Anders utilise différentes stratégies pour réaliser des changements auprès des détenteurs de droits et des titulaires d’obligations. Il se concentre principalement sur le travail politique et la prise de conscience et le renforcement des capacités des product.rice.eur.s et des consommat.rice.eur.s afin de renforcer ainsi le soutien à l’agroécologie.

 

Influencer la politique

Différents problèmes et défis au sein du système agricole et alimentaire sont la conséquence de choix politiques. Un aspect important de la politique est la création de mécanismes financiers justes pour soutenir les paysans qui travaillent selon les principes agro-écologiques. Un autre aspect essentiel est l’investissement dans des moyens pour la recherche dans l’agroécologie. Voedsel Anders exerce une influence sur la politique tant à travers un dialogue direct qu’en mettant sur pied des initiatives citoyennes en collaboration avec les paysan.ne.s.

 

Renforcement des capacités

Voedsel Anders renforce les 25 organisations membres qui font partie de ce mouvement. Les citoyen.ne.s, entreprises et autres organisations qui adhèrent à Voedsel Anders sont renforcés par l’organisation de moments en réseau, au cours desquels les organisations participantes apprennent les unes des autres, par la facilitation d’échanges entre les organisations membres sur différents sujets, par la mise en place de débats et d’ateliers pour un large public et l’échange d’articles de fond et de tribunes d’opinion.

 

Renforcement de la base

Voedsel Anders vise la création d’un mouvement autour de l’agroécologie afin d’en élargir et renforcer la base. Il le fait en organisant différents événements et en proposant son expertise.

Ce faisant, Voedsel Anders veut contribuer à élargir le mouvement de transition et à inspirer des citoyen.ne.s, entreprises et organisations sur le thème de l’agroécologie en tant que système alimentaire alternatif et durable.


Pour en savoir plus, lisez ici le Manifeste de Voedsel Anders (en néerlandais) signé par toutes les organisations partenaires.

Tous héros de la santé

A travers la campagne « Only Fighters Win » (Ceux qui luttent gagnent), Viva Salud met en lumière le rôle important des mouvements sociaux. Les héros et héroïnes du secteur des soins de santé ne sont pas seuls. Ils reçoivent le soutien des mouvements sociaux provenant d’autres secteurs. Ensemble, ce sont tous des héros et héroïnes de la santé.

> Téléchargez le dossier « Tous héros de la santé » 

 

La crise du coronavirus touche tout le monde. Mais elle n’a pas le même impact pour tous. Elle a mis à nu et approfondi les inégalités existantes au sein de la société.

 

Travailleurs de santé, ouvriers et groupes marginalisés ont plus de risques d’être contaminés par le virus et de le payer de leur vie. Il est devenu évident que nos systèmes de soins ne peuvent pas assurer le droit à la santé de façon égale pour tous.

 

Pour diminuer la pression sur les hôpitaux et le personnel soignant, et endiguer la pandémie, les gouvernements prennent des mesures contraignantes. Sans distanciation physique, hygiène des mains et port de masques buccaux, encore plus de vies seraient en danger et l’impact de la pandémie serait plus important encore.

 

Cependant, dans certains pays, ces mêmes mesures mettent sous pression les droits humains. En leurs noms, des gouvernements restreignent les libertés démocratiques pour une durée illimitée et font appel aux grands moyens pour faire respecter les mesures de quarantaine.

 

Les mouvements sociaux sont nécessaires alors que le droit à la santé de milliards d’individus est en danger.

 

Et il y a des gouvernements qui se servent de la crise du coronavirus contre les mouvements sociaux et les défenseurs des droits humains. Ils excluent les organisations sociales de la prise de décision, criminalisent les protestations, contrecarrent le travail humanitaire indispensable, et des militants sont victimes de violences policières.

 

Or, plus que jamais, les mouvements sociaux sont nécessaires alors que le droit à la santé de milliards d’individus est en danger. Les effets de la crise se feront sentir pendant de nombreuses années, mais de façon très inégale au sein de la société. Le rôle des mouvements sociaux est donc crucial pour veiller à ce que les conséquences soient socialement équitables.

 

Si nous voulons assurer le droit à la santé pour tous et vivre dans une société post-corona qui soit plus saine, plus écologique et plus juste, nous devons permettre aux mouvements sociaux d’avoir tout l’espace nécessaire pour assumer leur rôle. Ils doivent pouvoir informer et mobiliser les citoyens, protester et stimuler la solidarité, formuler des exigences politiques, contrôler et critiquer librement la politique gouvernementale.

 

De plus, une crise sanitaire globale ne peut être résolue que grâce à une collaboration internationale. C’est pourquoi, par cette campagne, nous demandons aux autorités belges qu’elles continuent à investir dans la solidarité internationale. Ainsi, les mouvements sociaux du monde entier pourront continuer leur lutte pour le droit à la santé de tous, pour des soins de santé publics forts et plus de justice sociale. Seuls ceux qui luttent peuvent espérer gagner. Tous sont des héros de la santé. Only fighters win !

La coopération au développement durable : une question de droits

Lorsque nous parlons de coopération au développement ou de solidarité internationale, le mot « droits » apparait tout de suite. Pourtant, dans la pratique, nous voyons encore trop souvent des projets qui veulent résoudre certains problèmes sans s’attaquer aux causes. C’est pourquoi Viva Salud, KIYO et Solidagro ont réalisé une vidéo avec Docwerkers pour expliquer pourquoi l’approche basée sur les droits est si importante pour la coopération au développement durable.

Les 4 piliers de l’approche basée sur les droits

Cette vidéo est basé sur un texte de vision rédigé par Viva Salud, KIYO et Solidagro. Nous y décrivons les 4 piliers de notre approche basée sur les droits, piliers qui se retrouvent dans les rubriques de ce site web consacré à l’approche basée sur les droits. Il s’agit des piliers suivants :

  • Parler de droits plutôt que de besoins
  • Le rôle des autorités
  • L’importance de l’analyse
  • L’empowerment comme stratégie de mobilisation

 

5 stratégies pour revendiquer ses droits

Dans ce texte de vision, nous présentons également les 5 stratégies qui nous semblent essentielles pour l’appliquer dans le secteur de la coopération au développement :

  • Le renforcement des capacités
  • L’empowerment
  • Les services directs
  • Le plaidoyer
  • Le renforcement de l’assise sociétale

 

L’approche basée sur les droits appliquée à la crise du corona

La pandémie de corona est une histoire de droits humains. Pour faire face à la crise, ces droits ont été mis sous pression à différents niveaux et endroits dans le monde, et en particulier pour les groupes les plus fragiles. C’est pourquoi l’approche basée sur les droits nous inspire également dans la lutte contre le coronavirus et ses conséquences sociales, économiques et politiques.

Cette approche basée sur les droits est aussi pertinente dans le contexte de la pandémie. Les conséquences de cette pandémie pour les droits humains sont énormes.

 

Si nous voulons faire de la lutte contre le coronavirus une réussite, nous devons donc envisager les choses du point de vue des droits humains. Ce point de vue nous aide à voir les racines de l’inégalité. Au lieu de parler des besoins de la population, l’approche basée sur les droits dévoile les injustices structurelles de la crise du corona. Comment pouvez-vous, par exemple, respecter les mesures de quarantaine et d’hygiène si vous vivez à sept dans une pièce ? Et si vous devez partager les toilettes avec des dizaines d’autres personnes dans un camp de réfugiés ?

 

En regardant la situation à travers l’approche basée sur les droits, nous identifions les acteurs qui portent la responsabilité de défendre, protéger et réaliser nos droits. Si nous reconnaissons que quelqu’un dispose d’un droit, les détenteurs de droits, nous reconnaissons de fait que quelqu’un d’autre a un devoir, les porteurs de devoirs. La crise du corona a montré que les principaux porteurs de devoirs sont les autorités. Elles sont garantes des droits de la population et peuvent décider de limiter temporairement les droits et libertés fondamentales en période de crise.

 

Enfin, l’approche basée sur les droits met la population au centre. C’est une approche qui part du potentiel des gens à se renforcer afin de réaliser leurs droits et de surmonter leur dépendance éventuelle d’une aide en s’organisant. Les citoyens deviennent des acteurs de changement plutôt que des victimes passives. Dans différents pays comme au Brésil, en Palestine ou Congo par exemple, les jeunes font du porte-à-porte pour distribuer des kits de matériel hygiénique pour lutter contre la propagation du virus.

 

Dans de nombreux endroits du monde, nous voyons des citoyens agir et descendre dans la rue pour exiger du gouvernement qu’il modifie sa politique afin que leurs droits soient respectés. Ce n’est que lorsque les gens s’unissent et défendent leurs droits qu’ils peuvent les faire valoir et que des changements structurels sont possibles.

 

> Découvrez notre texte de vision sur l’approche basée sur les droits